MANIFESTATION DU 15 MARS
 

16/03/2015

MANIFESTATION DU 15 MARS

Pari gagné

La manifestation des professionnels de santé a rassemblé largement le 15 mars. Ils étaient 50 000 selon les organisateurs, 20 000 selon la police, à défiler dans les rues de Paris contre le projet de loi de santé dont l’examen doit être entamé le 17 mars à l’Assemblée nationale.

Les efforts de la ministre de la Santé la semaine dernière n’ont pas calmé les esprits. À l’appel de plus de 60 syndicats et organisations professionnels, des médecins, des internes, des étudiants, des chirurgiens-dentistes, des infirmières et une grande diversité de professionnels, souvent venus de loin, de Bretagne, de Lorraine, de la Drôme…, se sont retrouvés pour battre le pavé. Paroles de chirurgiens-dentistes glanées sur le parcours de la manifestation.

Didier Samin (Sevran - 93)

Je manifeste contre l’étatisation de la médecine. Avec le tiers payant, c’est l’État qui va payer les médecins et leur dicter ce qu’ils doivent faire. Si on laisse passer cette loi, il n’y aura plus de médecine libérale. En plus, la dispense d’avance de frais est une utopie au moment où on cherche des économies pour la Sécurité sociale. Si les gens ne paient pas, ils viendront pour n’importe quoi. Et puis, le gouvernement veut dissocier l’acte prothétique. Laisser le patient choisir son prothésiste est une aberration. Il faut un seul responsable de l’acte prothétique.

Une praticienne de la Sarthe (72)

Je suis opposée au tiers payant généralisé. Comment une petite structure libérale peut-elle supporter cette généralisation avec ses retards de paiement ? Et puis, le tiers payant déresponsabilise les patients. Ce qui est gratuit n’a pas de valeur. On observe un laxisme de la part de certains patients bénéficiaires de la CMU. L’absentéisme est hélas très important. On imagine ce que ce serait avec la généralisation. Et puis, je ne veux pas que des financiers puissent s’emparer de notre exercice et créer des centres low cost dans lesquels on propose des prothèses à bas coût mais où on ne fait pas de soins. On réclame depuis des années une revalorisation des soins qui sont ridiculement bas.

Sydney Sarfaty (Paris - 75)

Le tiers payant va générer l’irresponsabilité des patients et une administration que les petits cabinets ne pourront jamais assurer. Et puis, le fait que l’État s’interpose dans la relation spécifique que nous avons avec nos patients et que le patient a avec son thérapeute est totalement intolérable. L’autre grand souci des libéraux, c’est la création de réseaux, ce maillage dans lequel vont se fourguer tous les affairistes. Le libéralisme sera très mal en point car on ne peut pas assumer une mission de santé publique avec des objectifs économiques. Mais le plus grand perdant de tout cela sera toujours le patient !

Didier Panchot (Palaiseau - 91)

J’exerce depuis 35 ans, j’ai des fonctions ordinales depuis 30 ans, je pense que la situation est dramatique pour les patients. Dans certains territoires, ils ne peuvent plus se faire soigner car il n’y a pas assez de praticiens et ceux qui restent ne peuvent plus prendre de nouveaux patients. On crée des maisons de santé, mais il faut des praticiens ! Le tiers payant, si c’est pour faire plus d’administratif que de pratique au fauteuil, je n’en veux pas. J’ai investi dans mon cabinet, j’ai des assistantes, je ne suis pas malheureux, mais avec le niveau de rémunération des soins, je n’ai pas l’impression d’être considéré, respecté. Il faut vraiment de l’énergie, de la conviction et aimer ses patients pour aller travailler chaque jour. Beaucoup de praticiens sont dans des situations très difficiles à cause de cela.

Une praticienne (Tours - 37)

Je manifeste parce que ce que propose la ministre n’est pas acceptable. Le tiers payant n’est pas ce qu’elle croit. Elle ne va pas sur le terrain et ne sait pas ce qui se passe dans un cabinet dentaire de base. C’est une déresponsabilisation des patients, c’est la porte ouverte à des tricheries. On est abasourdi par la manière de faire de la ministre. On est de sa ville. Elle ne veut pas négocier ni nous recevoir ! Je ne suis pas pour la grève, les patients n’ont pas à pâtir de cela, mais c’est notre système de santé qui est en jeu.

Des étudiants de Montrouge (92)

Nous sommes contre cette réforme, contre le tiers payant qui rajoute des tâches administratives, qui conduit à des retards de paiement. C’est un problème qui vient en plus. Au niveau éthique aussi, nous sommes contre le fait que les assureurs aient la main sur la base de données des patients. Sur les autres questions, nous faisons confiance à nos élus qui nous ont demandé de manifester aujourd’hui.

Cécile Dancourt (Saint-Omer - 62)

Je suis contre le tiers payant et tout ce qui va en découler. Le projet de loi de santé n’est que le début de tout ce que la ministre veut mettre en place : désolidariser la Sécurité sociale au profit des mutuelles et donner les clés de la santé aux mutuelles qui sont des organismes à but lucratif et aux assureurs dont le seul objectif est de gagner de l’argent. Ce sont les finances qui vont diriger la santé. C’est la fin de la santé pour tous.

François-Xavier Jochem (Drôme - 26)

Je suis convaincu que ce qui se trame en ce moment est la fin du libéralisme et que demain je ne pourrai plus décider de ce que je dois faire à mes patients. L’État, les mutuelles et la Sécu décideront en fonction de paramètres financiers. Pour moi, deux aspects de la loi ne sont pas négociables. Le tiers payant généralisé déresponsabilise et entraîne des frais de structure. La partie de la loi qui touche au respect du secret médical et à la centralisation de toutes les données n’est pas non plus acceptable. C’est la fin de certaines libertés individuelles. C’est grave.


ACD


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