La journée mondiale bucco-dentaire aux oubliettes en France ?

En matière de sensibilisation et d’information autour de l’hygiène bucco-dentaire, les années passent et ne se ressemblent pas. En 2016, la journée mondiale de la santé bucco-dentaire (prévue ce dimanche 20 mars) ne sera manifestement pas sur toutes les lèvres. Pour preuve, l’absence d’actions de terrain, d’activités, d’animations ou de manifestations autour de cet événement international.

2015 avait été en France l’occasion de dépistages, d’animations gratuites : la mise en place d’un cabinet dentaire éphémère sur le Parvis de la Villette, un cabinet dans une dent géante installée gare Saint-Lazare qui proposait des check-up dentaires gratuits.

Mais cette édition 2016, qui tombe donc cette année un dimanche, risque de s’illustrer par sa discrétion et ses milliers de bouches définitivement closes sur le sujet.

Prise de conscience

Pourtant, et bien que les avancées soient réelles - 6 Français sur 10 se sont rendus chez le dentiste en 2015, la moitié des moins de 12 ans n’ont pas de caries soit 4 fois plus qu’il y a 20 ans - le chemin reste encore long et les Français consultent encore trop tardivement, le plus souvent en urgence lorsqu’il s’agit d’une intervention lourde. Mieux, si dans les 25 prochaines années les campagnes de prévention était réellement suivies d’effets, il n’y aurait tout simplement plus besoin de soins dentaires ! D’où la nécessité de sensibiliser et de familiariser la population à des bilans dentaires réguliers.

Alors pourquoi la journée mondiale bucco-dentaire passe-t-elle aux oubliettes cette année dans l’Hexagone ?

L’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) a misé cette année sur une prise de conscience des pouvoir publics et sur son souhait de voir les produits d’hygiène bucco-dentaire considérés comme produits de première nécessité pour qu’ils fassent ainsi l’objet d’une baisse de TVA. Mesure ambitieuse et, telle la taxe tampon, légitime, annoncée lors de la conférence de presse, tenue mercredi 16 mars, en l’honneur des 50 ans de l’association. Par ailleurs, l’UFSBD estime que les actions de sensibilisation et d’information ne doivent pas se limiter à une seule journée dans l’année, aussi internationale soit-elle.

Les grands groupes industriels quant à eux, généralement présents concrètement pour l’événement, auraient décidé cette année de ne pas mener d’actions sur le terrain au profit d’informations écrites, de campagnes de sensibilisation, de publications d’études plus larges ou de relance de programmes d’éducation dans les écoles.

L'Ordre national des chirurgiens-dentistes pour sa part continue de mener la lutte contre les centres dentaires « low-cost ». Totalement accaparé par le cas Dentexia et ses patients, victimes collatérales de la liquidation récente de ces centres dentaires, l'Ordre a cette année fait l'impasse sur l'événement de dimanche.

• Lire notre article : Retour sur la liquidation judiciaire des centres Dentexia
  

Enfin, autre problème, la multiplication des journées d’informations autour de la santé bucco-dentaire : la journée européenne de la santé bucco-dentaire (12 septembre), la journée internationale de la santé bucco-dentaire (19 mai) et donc la journée mondiale de la santé bucco-dentaire (20 mars).

Changement de méthode de sensibilisation

Cette année 2016 marque ainsi un changement de méthode de sensibilisation. La FDI a par exemple créé pour l’occasion un jeu smartphone Mad Mouths (disponible sur Apple Store et Google Play), et un clip vidéo sur le temps de brossage des dents (vidéo ci-dessous).

D’après le communiqué du World oral health day, l’événement du 20 mars doit contribuer à « une prise de conscience de l’importance de la santé bucco-dentaire sur la santé physique et sur le bien-être en général ». À défaut d’une sortie familiale et d’activités ludiques et pédagogiques sur le thème de l’hygiène dentaire, espérons simplement que cette année, la prise de conscience passe outre les frontières du repos dominical.

MF