Éditorial : Biomatériaux d'aujourd'hui et de demain

En choisissant de mettre à l’honneur les biomatériaux utilisés en chirurgie buccale, les Éditions CdP et les rédacteurs en chef des quatre principales publications francophones destinées à notre profession (Clinic, Implant, Les cahiers de prothèse, Journal de parodontologie et d’implantologie orale) montrent combien recherche et clinique sont indissociables dans notre pratique actuelle. En effet, c’est aux chercheurs que nous devons aussi bien la connaissance des mécanismes de la cicatrisation osseuse que la mise au point de biomatériaux aux propriétés variées et adaptées aux nombreuses situations cliniques. Pour concevoir ce hors-série, nous avons donc fait appel à des équipes hospitalo-universitaires intéressées autant par le développement de nouveaux biomatériaux que par leur mise en œuvre.

Ce numéro débute avec une équipe dirigée par Olivier Huck (associé à Céline Gatti et Kevimy Agossa) qui nous présente les différents biomatériaux à notre disposition et leurs principales indications en paro-implantologie. Nous accueillons ensuite les héritiers actuels de la recherche nantaise que Guy Daculsi avait mise à l’honneur en posant les bases de la cinétique de résorption contrôlée avec les matériaux biphasiques ; Xavier Struillou (associé à Pierre Weiss) nous permet ainsi de mieux comprendre l’intérêt clinique des associations matériaux non résorbables-matériaux à forte bioactivité

Au-delà d’une simple trame destinée à héberger les cellules chargées de la cicatrisation osseuse, les biomatériaux de nouvelle génération peuvent induire la régénération des tissus : en s’appuyant sur des résultats cliniques et radiographiques à moyen terme, Aurore Blanc (associée à Pierre Barthet et à Virginie Monnet-Corti) nous décrit les intéressantes perspectives offertes par les amélogénines, protéines dérivées de la matrice amélaire.
Bien que n’apparaissant qu’en quatrième place dans ce numéro, le tissu osseux reste le gold standard, matériau par excellence destiné à pallier les pertes de substance osseuse. Philippe Bousquet (associé à Olivier Fesquet, Jean-Nicolas Hasson et Laure Gabarini) montre les services rendus par ce matériau qui associe potentialités ostéo-inductrices et propriétés mécaniques en l’absence de risque de contamination (hormis ceux liés au risque septique du plateau chirurgical). Seul bémol à cette origine, la création d’un second site opératoire pose les délicates questions de la limitation de la disponibilité du greffon et de la morbidité liée à cet acte.

Premiers intéressés puisqu’ils en sont les destinataires, les patients interrogés montrent d’importantes différences dans le choix du biomatériau qu’ils privilégient. Une étude conduite à la faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg permet d’en mieux comprendre les raisons, de voir le rôle essentiel du chirurgien-dentiste dans l’information apportée et le coût que sont prêts à supporter les patients selon leur catégorie socio-professionnelle (Yves Reingewirtz, Henri Tenenbaum et Malika Nezal).

Last but not least, l’équipe genevoise conduite par Stéphane Durual nous fait découvrir les apports de l’imprimante 3D à la conception du biomatériau idéal, « la porosité étant régulière […] et la géométrie pouvant être adaptée au lit osseux et au volume osseux à reconstruire ».
Un grand merci à l’ensemble des auteurs pour leur contribution à l’élaboration de ce numéro spécial. Nous espérons que sa lecture sera une source d’inspiration pour une meilleure prise en charge de vos patients.

Yves REINGEWIRTZ

Rédacteur en chef du hors-série spécial Biomatériaux