Un projet jugé «
délétère et mortifère » pour les praticiens, les patients mais aussi toute la filière dentaire, préviennent les représentants de la profession et des étudiants. Avec ce règlement arbitral, les patients «
auront toujours plus de difficultés d’accès à des soins de qualité », les assistants dentaires « s
eront inévitablement sous la menace de licenciements économiques »,
les prothésistes dentaires « verront leur activité chuter par l’incitation à chercher des prothèses moins chères hors de nos frontières », les industriels «
verront leurs carnets de commandes revus à la baisse par manque d’investissement » et les étudiants et les internes sont «
inquiets pour leur avenir ».
Dans les jours qui viennent, l’arbitre
Bertrand Fragonard aura pour tâche de définir la revalorisation de certains soins ainsi que les tarifs maximum de certaines prothèses. Marisol Touraine, ministre de la Santé a laissé entendre la semaine dernière que l’arbitrage sera moins favorable qu’un accord négocié. Dans la dernière proposition de l’UNCAM, refusée par les syndicats, le plafonnement des actes prothétiques (550 euros maximum pour une couronne céramo-céramique) a pour contrepartie une revalorisation de certains actes, pour un total de 800 millions d’euros.
Les prothésistes dans le cortège
Les prothésistes dentaires se sentent directement menacés par le plafonnement. «
La profession est en grand danger ; on imagine mal que les chirurgiens-dentistes puissent continuer à travailler avec des laboratoires français. Pour maintenir leur compétitivité, continuer d’investir dans leur cabinet, maintenir leur personnel, il leur faudra trouver des moyens de réduire leurs coûts », s’inquiète Thomas Masiewicz, prothésiste à Paris, qui manifestera. «
Les tarifs de plafonnements proposés ont été référencés avec une grille tarifaire de prothésistes turcs, s’insurge-t -il,
ce sont évidemment des tarifs imbattables ! »
Pourtant, le ralliement au cortège de l’UNPPD, défenseur de la dissociation de l’acte, interpelle. Son président Laurent Munerot est d’ailleurs mitigé : «
le plafonnement des prothèses peut être notre combat, par contre le combat des dentistes n’est peut-être pas le même que le nôtre. »
Mais voilà que le danger fait émerger un nouveau syndicat de prothésistes, la Fédération des prothésistes artisans du dentaire (FPAD), qui veut se démarquer de l’Union patronale. «
Ce n’est pas dans la confrontation avec les chirurgiens-dentistes, qui dure depuis 30 ans, que l’on trouvera une solution, mais dans une collaboration étroite », affirme son fondateur, Lionel Marsien. «
Avec ce plafonnement, nous allons vers une prothèse économique pour tout le monde. La FPAD se bat pour que le patient puisse avoir le choix de la qualité. Il n’est pas normal que l’on ne puisse pas vendre un produit haute-couture sans avoir le même remboursement qu’un produit fabriqué en Chine ou industriellement en France ! »
Les étudiants maintiennent la pression
Pour maintenir la pression, les étudiants mènent des actions dans de nombreuses villes : opérations sit-in devant ou dans les CPAM, blocage de cortège officiel, de rues, de routes, opérations de prévention… Le mouvement de grève à nouveau reconduit dans les centres de soins impacte fortement l’organisation depuis un mois. À Nantes où la grève est suivie à 100 %, l’impact est «
extrêmement important », rapporte Yves Amouriq, doyen de la faculté. Seuls 15 fauteuils sur les 75 disponibles, sont occupés par des internes ou des praticiens hospitaliers qui gèrent les urgences et prennent quelques patients.