Interview de Jimmy Dufrenoy
 
Interview_JD

21/12/2018

Interview de Jimmy Dufrenoy

Urgence médicale au cabinet dentaire

Les urgences médicales survenant dans un cabinet dentaire ne peuvent pas être négligées. Le docteur Jimmy Dufrénoy, chirurgien-dentiste et sapeur-pompier, revient sur les possibilités d’action pour le praticien qui doit prendre en charge ses patients dans ces situations particulières.

Les urgences médicales survenant au cabinet dentaire sont-elles fréquentes ?

Jimmy Dufrénoy : Les urgences médicales sont peu fréquentes au sein du cabinet dentaire. Néanmoins une étude de CALON en 2007 a montré que 5 % des confrères devront pratiquer au moins une fois au cours de leur carrière une réanimation cardio-pulmonaire.

Lors des formations que j’ai pu réaliser, l’incidence des urgences médicales auxquelles les chirurgiens-dentistes avaient été confrontés reste rare. Celles-ci étaient décrites comme bénignes ; la plupart du temps de type : lipothymie ou hyperventilation psychogène. Par contre, le caractère anxiogène pour le praticien était à noter compte-tenu de la faible expérience face à ces situations.

La plupart des chirurgiens-dentistes hésitent à intervenir, faute d’information. Ne sont-ils pas formés lors de leur cursus ?

JD : Effectivement, les étudiants en odontologie devront, durant leurs études, acquérir l’attestation de formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 1 et 2 (AFGSU). Cette attestation est valable quatre ans. Par conséquent, il faudra, en formation continue, participer à une journée de réactualisation pour conserver la validité de l’attestation mais surtout maintenir ses compétences. Passé le délai des quatre ans, une formation complète sera exigée soit vingt et une heures.

De plus, lors de la formation initiale, les étudiants doivent théoriquement recevoir des cours magistraux d’oxyologie, spécialité médicale traitant des secours d’urgence.

Comment avez-vous présenté les possibilités d’action du chirurgien-dentiste dans ce mémento ?

JD : J’ai voulu regrouper les actions possibles au travers d’arbres décisionnels. C’est une méthode couramment utilisée dans tous les domaines d’aide à la décision. Ils permettent de mettre en place une stratégie afin d’établir un diagnostic et de réaliser la prise en charge de la victime le plus rapidement possible. En fonction de la pathologie, la réponse à certaines questions détermine l’action simple à mener.

Dans la dernière partie du mémento, vous retrouverez huit algorithmes décisionnels. Ils exposent les conduites à tenir simples, allant du malaise vagal jusqu’à l’arrêt cardio-respiratoire en passant par l’hypoglycémie, les accidents allergiques, etc…

À votre avis, quand pourra-t-on espérer une généralisation des formations aux premiers secours ?

JD : Depuis 2006, la généralisation de formation aux professions médicales, paramédicales et personnels hospitaliers est mise en place grâce à l’AFGSU sous la responsabilité des Centres d’Enseignement de Soins d’Urgence (CESU).

En ce qui concerne le grand public, certains établissements scolaires, collectivités ou encore entreprises permettent d’acquérir le certificat Prévention et Secours Civiques de niveau 1 (PSC1). Ce sont des initiatives locales. Les événements tragiques que subit la population française depuis quelles années ont fait prendre conscience que chacun peut être le premier maillon de la chaîne de secours. Les associations agrées de sécurité civile pourront guider les citoyens à se former. Or, l’idéal serait d’en parler dès l’école primaire et tout au long de la scolarité mais les moyens humains, logistiques et financiers manquent

Je voudrais terminer en rappelant que tous mes confrères soignent forcément des professionnels de l’urgence : n’hésitez pas à leur demander des conseils et d’aller pousser les portes des centres de secours et d’incendie !


Propos recueillis par Maud Thévenin


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