Et si nous parlions vraiment de prévention ? - Clinic n° 01 du 01/01/2019
 

Clinic n° 01 du 01/01/2019

 

DE BOUCHE À OREILLE

Frédéric BESSE  

frbesse@hotmail.fr

Imaginons ce que pourrait être une dentisterie tournée vers la prévention, garantie d'une vie sans problème dentaire...

La médecine bucco-dentaire est la spécialité pour laquelle la prévention est la plus efficace. Lorsqu'elle est organisée par les professionnels et suivie par les patients, elle est d'une efficacité proche de 100 %, comme cela se vérifie dans les pays qui ont mis en place des programmes suivis par la majorité de la population.

À l'heure où nous allons devoir nous plier à une nouvelle convention qui, n'en déplaise à certains, passe à côté de ses objectifs sur ce plan-là, imaginons ce que pourrait être une dentisterie tournée vers la prévention du risque carieux et parodontal, garantie d'une vie sans problème dentaire.

Cette politique devrait s'appuyer sur deux axes principaux : l'éducation de la population et le contrôle des bouches accompagné d'actes de prévention. La première reviendrait aux autorités de la santé, qui pourraient agir par le biais de l'école, de messages audio, de vidéos publicitaires sur internet et à la télévision. Des informations courtes, claires et percutantes répétées souvent et pendant des décennies auraient un impact certain sur le comportement des enfants puis des adultes (alimentation, hygiène, compliance aux contrôles...).

De notre côté, une prévention de qualité est indissociable d'un certain nombre d'explorations : analyse au microscope de la plaque dentaire, sondes génétiques permettant de déterminer la susceptibilité des individus, analyses au laboratoire du biofilm. Ensuite, il serait indispensable de pratiquer des contrôles réguliers, dont la fréquence serait ajustée en fonction du risque carieux/parodontal décelé grâce à la première approche : de 2 mois à 2 ans, avec un minimum obligatoire à l'adolescence. Et, à chaque visite, selon le risque individuel avéré (et constamment réévalué) : motivation, nettoyage, examen minutieux, vernis fluorés, aéro-polissage ou brossage à l'aide d'une pâte nettoyante, laser sur les gencives..., tout l'arsenal préventif disponible et à venir.

Ennuyeux, avons-nous fait 6 ans d'études pour nettoyer des dents et motiver des négligents ? C'est pourquoi toute cette phase pourrait être laissée à nos hygiénistes, salarié(e)s du cabinet et formé(e)s à toutes ces manipulations simples et répétitives.

Quant à nous, médecins de la bouche, nous serions à même de soigner les patients négligents, les accidentés, ceux qui, pour une raison ou l'autre, n'auraient pas pu suivre ces programmes de prévention, en pratiquant des soins ultra-techniques à lourde responsabilité et forte valeur ajoutée, ce pour quoi nous avons été formés.

Et de manière à assurer aux structures médicales ainsi organisées une trésorerie saine et indépendante des actes techniques, nous pourrions être honorés selon une formule d'abonnement dont le montant correspondrait à ce que les patients paient à des mutuelles dentaires qui remboursent très peu. À la manière des médecins chinois, nous serions alors honorés pour que nos patients n'aient pas de problèmes au lieu de gagner notre vie en réparant ce qui aurait pu être évité. Pour le montant de cet abonnement, le patient compliant aurait droit à tout : prothèses ultra-modernes, implants, chirurgie parodontale..., charge à nous de les éviter !