Tous embarqués ! - Clinic n° 04 du 01/04/2019
 

Clinic n° 04 du 01/04/2019

 

L'événement

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a répondu point par point aux critiques sur son projet de loi « Ma Santé 2022 », lors de la présentation devant la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, première étape du parcours législatif.

Un texte trop médico-centré ? « Je ne le crois pas ». L'objectif est d'« embarquer la totalité des professionnels de santé » dans des exercices coordonnés.

Un projet...


La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a répondu point par point aux critiques sur son projet de loi « Ma Santé 2022 », lors de la présentation devant la Commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, première étape du parcours législatif.

Un texte trop médico-centré ? « Je ne le crois pas ». L'objectif est d'« embarquer la totalité des professionnels de santé » dans des exercices coordonnés.

Un projet « précipité » et « flou »  ? La ministre ne voulait pas d'une grande loi de santé. Le texte est « léger, resserré et nécessaire » à la transformation du système. Il n'aborde « volontairement » pas tous les sujets.

Trop de mesures par ordonnances ? La loi doit être votée rapidement pour que la réforme des études s'applique dès la rentrée 2020. Les ordonnances prises donnent du temps pour approfondir plusieurs réformes par la concertation.

Rien sur la prévention ? Les tarifications au forfait et au parcours permettent de cibler la prévention. Et puis le financement des CPTS intègrera la mission d'éducation à la santé. L'idée générale est « d'intégrer la prévention aux pratiques professionnelles ».

Les pratiques avancées ne concernent que les infirmiers ? Oui, mais elles vont se déployer vers d'autres professions.

Il n'est pas prévu de tronc commun pour les formations médicales et paramédicales ? La ministre souhaite ce tronc commun mais les maquettes de formation doivent être revues...

Plus de 2 000 amendements devaient être examinés dans l'hémicycle à partir du 18 mars. Parmi les lignes qui ont bougé, un amendement gouvernemental embarque les chirurgiens-dentistes et toutes les professions de santé dotées d'un ordre dans le dispositif de re-certification alors que le projet de loi ne concernait jusqu'à présent que les médecins. À l'heure où nous mettons sous presse, des amendements qui fâchent – comme la coercition à l'installation, la délivrance par le pharmacien de médicaments avec prescription médicale obligatoire ou encore l'obligation pour la CPAM de désigner un médecin traitant aux patients – attendent leur examen.

Le défi est maintenant de trouver un juste équilibre. Car « j'ai besoin de professionnels qui se sentent embarqués et valorisés », avait lancé Agnès Buzyn aux élus.


Le « f » et le « v »

Une étude, publiée dans Science contredit une théorie selon laquelle la diversité phonétique des langues humaines serait restée fixe depuis l'émergence de notre espèce il y a 300 000 ans. Les travaux montrent en effet que l'évolution de l'occlusion induite par le changement de nourriture et le recours à des aliments moins durs a permis à l'être humain de prononcer des consonances labiodentales telles que le « f » et le « v », qui sont aujourd'hui présentes dans la moitié des langues parlées dans le monde. En fait, le régime alimentaire de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs nécessitait une forte mastication qui provoquait une érosion dentaire et une modification de la denture de sorte que leurs incisives se touchaient parfaitement.
Avec le développement de l'agriculture et de technologies comme la meule, qui ont permis de proposer des aliments plus mous, les humains modernes ont conservé à l'âge adulte l'occlusion dentaire de leur enfance. Les incisives supérieures sont donc restées décalées vers l'extérieur de la bouche, la mâchoire inférieure étant légèrement en retrait. Cette disposition a facilité la prononciation de consonnes labiodentales. L'effort musculaire calculé par les chercheurs est inférieur de 30 % à celui qui serait nécessaire pour un homme dont les dents se toucheraient parfaitement. En Europe, l'utilisation de ces consonances n'auraient augmenté de manière spectaculaire qu'au cours des deux ou trois derniers millénaires.

Blasi DE, Moran S, Moisik SR, Widmer P, Dediu D, Bickel B. Human sound systems are shaped by post-Neolithic changes in bite configuration. Science, le 15 janvier 2019. DOI : 10.1126/science.aav3218