« Liberté, égalité… » - Implant n° 3 du 01/09/2010
 

Implant n° 3 du 01/09/2010

 

ÉDITORIAL

Xavier
Assémat-Tessandier
  

Rédacteur en chef

Et voilà, la rentrée est là… Encadré par la SS, empêtré dans les contraintes administratives, embourbé dans la nomenclature, notre exercice « dit libéral » voit ses libertés rognées un peu plus chaque année.

Les « nantis » d’hier ont rejoint – égalité oblige – la masse anonyme des OS de ce pays… Pas celle des ouvriers spécialisés exerçant un travail ne nécessitant aucune formation spécifique – en outre, de moins en moins nombreux – bien que...


Et voilà, la rentrée est là… Encadré par la SS, empêtré dans les contraintes administratives, embourbé dans la nomenclature, notre exercice « dit libéral » voit ses libertés rognées un peu plus chaque année.

Les « nantis » d’hier ont rejoint – égalité oblige – la masse anonyme des OS de ce pays… Pas celle des ouvriers spécialisés exerçant un travail ne nécessitant aucune formation spécifique – en outre, de moins en moins nombreux – bien que la théorie des vases communicants pourrait expliquer que nous venions compenser cette fuite de travailleurs contraints à l’inactivité par l’abandon de nos outils de production au profit d’une délocalisation galopante.

Par OS, je n’évoque pas non plus les officiels de la santé qui n’ont rien d’anonyme et qui, par souci d’égalité, prennent des décisions liberticides, mais bien la nouvelle catégorie à laquelle nous destinent les OS cités juste ci-dessus, celle des ouvriers de santé, salariés dont le travail nécessite une qualification extrême pour une rémunération minimale. Je sais, je sais… Certains d’entre vous trouvent que ce discours poujadiste est d’un autre âge, que « finalement nous ne nous en sortons pas si mal même si les dernières contraintes datant d’il y a 4 ans (nomenclature et taux d’URSSAF sur la prothèse), nous ont obligés à un petit effort (important pour certains), mais après tout, cela pourrait être pire »… Le pire pourrait cependant arriver, avec la déclaration des revenus issus des actes non remboursables au régime des indépendants. Et pan !!! La chasse va ouvrir bientôt, et nous sommes le gibier. Un peu plus d’égalité, un peu moins de liberté.

À propos de liberté, il reste étonnant que l’État prenne autant de liberté vis-à-vis du Code de la santé publique qui garantit au patient le libre choix de son praticien, mais qui par le biais du tarif d’autorité, discrimine les praticiens non conventionnés français, alors qu’en raison des lois européennes, les praticiens européens (non conventionné à la SS que je sache…) sont reconnus au même titre que les praticiens français conventionnés. Il est quand même curieux que la liberté d’exercer son métier selon ses convictions dans ce pays soit sanctionnée par souci d’égalité. Il existe donc une nouvelle catégorie d’OS, les OSnc (ouvriers de santé non conventionnés), défenseurs de la liberté d’exercice, de la liberté de prescription, de la liberté du choix de traitement pour leurs patients, de la liberté du choix du praticien pour tous les patients… Brebis galeuses, éprises de liberté et d’égalité refusant de rejoindre le troupeau des moutons se dirigeant vers l’abattoir de l’exercice sous tutelle étatique.

Assez curieusement, le troupeau est de moins en moins nombreux. Les plus courageux ont quitté la profession, les plus jeunes évitent d’y rentrer et les plus vieux souhaitent en sortir le plus vite possible. Devant la fonte du cheptel, nos politiques ont trouvé la parade : l’importation de bétail. On a bien importé des ours pour repeupler nos belles montagnes… On peut bien importer quelques praticiens, européens si possible, mais pas forcément, pour qu’ils viennent découvrir les joies de l’exercice de leur profession à la française. En secteur libéral, la plupart repartent par souci de liberté malgré les facilités d’installation qui leur sont accordées. En secteur hospitalier, ils ne tardent pas à rejoindre les rangs de leurs collègues réclamant la reconnaissance de leurs compétences pour accéder au statut de professionnel de santé à part entière… Par souci d’égalité.

Encore un paradoxe français… Prendre pour devise des mots sans pouvoir les concilier, et compter sur la « fraternité » pour rapprocher « égalité et liberté » n’est pas la moindre des utopies.