Les nouvelles sont mauvaises… - Implant n° 4 du 01/11/2010
 

Implant n° 4 du 01/11/2010

 

ÉDITORIAL

Xavier
Assémat-Tessandier
  

Rédacteur en chef

« Les nouvelles sont mauvaises, tout va bien ! »… Les premiers mots du refrain de la chanson de Stefan Eicher collent particulièrement bien à la situation que nous venons de connaître pour la réforme des retraites. Comme d’habitude, en France, tout le monde souhaite que cela change, mais que surtout rien ne change pour soi-même.

Lors de la mise en place du système de retraite en France après la seconde Guerre Mondiale, ce qui aurait pu passer pour une avancée...


« Les nouvelles sont mauvaises, tout va bien ! »… Les premiers mots du refrain de la chanson de Stefan Eicher collent particulièrement bien à la situation que nous venons de connaître pour la réforme des retraites. Comme d’habitude, en France, tout le monde souhaite que cela change, mais que surtout rien ne change pour soi-même.

Lors de la mise en place du système de retraite en France après la seconde Guerre Mondiale, ce qui aurait pu passer pour une avancée sociale a rencontré l’opposition du Parti communiste français, qui ne voyait aucun intérêt à une retraite à 65 ans, l’âge moyen de la mortalité des hommes à l’époque étant de 60 ans. Comment imaginer 65 ans plus tard que le même système puisse payer des retraites à partir de 60 ans (hors régimes spéciaux…), alors que l’âge moyen de la mortalité atteint près de 80 ans. La situation française paraît ubuesque, vue de l’étranger. Le blocage du pays pendant près d’un mois par les actions déclenchées par des syndicats représentant moins de 10 % des salariés est incompréhensible dans de nombreux pays, où le droit de grève s’applique par le port d’un brassard, signe distinctif d’un mécontentement légitime.

Inutile de signaler que les conséquences économiques de tels mouvements d’humeur se ressentent à tous les niveaux de la société, y compris dans nos cabinets, où les patients ont décommandé, déplacé, reporté leurs rendez-vous. Heureusement, nous devons assumer le règlement de nos charges diverses en temps et heure, sans report ni recours. Il est vrai qu’il faut alimenter les caisses de l’État providence. Et actuellement, les caisses sont désespérément vides, malgré le recours à l’emprunt avec, pour conséquence, la montée vertigineuse de la dette qui est passée de 0 en 1980 à 1 000 milliards d’euros aujourd’hui. Il est logique que dans un système qui bride l’entrepreneur et le libéral, les étudiants souhaitent devenir fonctionnaires. Ces derniers sont bien payés, partent rapidement à la retraite, et travaillent dans un système qui ignore la récession, alors que l’économie privée en a connu cinq en 30 ans.

Dans ce contexte, la situation de la France se rapproche de celle que connaît la Grèce actuellement, et l’Europe n’acceptera pas forcément les comportements irrationnels de certains partenaires incapables de réformer leur économie alors que les mesures nécessaires ont été adoptées chez eux malgré les restrictions qu’elles engendrent. L’évolution de la France, contrairement aux pays nordiques et anglo-saxons, s’est toujours réalisée par des révolutions et un certain nombre de prévisionnistes pensent que la prochaine serait pour bientôt. Heureusement, la nature même du prévisionniste est de se tromper diront les plus optimistes. Cependant, d’après Charles Gave1 citant Milton Friedman, le nombre croissant de brillants penseurs libéraux en France est logique, car « il faut être près de l’enfer pour l’analyser convenablement ».

Ainsi, donc « les nouvelles sont mauvaises, tout va bien » peut paraître le comble du pessimisme, mais c’est peut-être l’ultime reflet d’une démocratie, car dans la plupart des régimes totalitaires, les nouvelles sont bonnes… et tout va mal !

1. L’État est mort ! Vive l’État. Bourin Éditeur, 2010.