P comme… - Implant n° 2 du 01/05/2011
 

Implant n° 2 du 01/05/2011

 

ÉDITORIAL

Xavier
Assémat-Tessandier
  

Rédacteur en chef

Dans notre doux p…, comme pays, la richesse de notre langue permet de jouer avec les lettres. Si j’ai choisi la lettre P (grand P, ndlr) c’est pour mieux la distinguer de la lettre p (petit p, ndlr), car suivant la taille de la lettre, l’importance du mot se trouve magnifié, ou diminué. Ainsi le P… de P…, Principe de Précaution qui concerne directement les professions médicales à l’heure actuelle, prend tout son p…, poids avec un grand P, soulignant son appartenance à la...


Dans notre doux p…, comme pays, la richesse de notre langue permet de jouer avec les lettres. Si j’ai choisi la lettre P (grand P, ndlr) c’est pour mieux la distinguer de la lettre p (petit p, ndlr), car suivant la taille de la lettre, l’importance du mot se trouve magnifié, ou diminué. Ainsi le P… de P…, Principe de Précaution qui concerne directement les professions médicales à l’heure actuelle, prend tout son p…, poids avec un grand P, soulignant son appartenance à la catégorie des grands principes. Et dans ce p…, pays on ne badine pas avec les grands P…, Principes. Si on parle de p… de p…, principe de précaution, on sent tout de suite que l’on cherche à en diminuer la p… portée, comme pour mieux faire passer la p… pilule. Il est quand même étrange d’avoir mis autant de temps pour admettre qu’une molécule en raison de son activité bénéfique pour le traitement d’une maladie, pouvait présenter des effets secondaires néfastes du fait de son activité. Le p… de p…, principe de précaution voudrait alors recommander de peser le bénéfice/risque d’un traitement en fonction de ses effets secondaires potentiels. Le p…, problème pour le corps médical est de pouvoir identifier les effets secondaires à temps pour éviter les effets délétères d’un traitement sur la santé des patients, sachant que les laboratoires et les industriels sont peu enclins à communiquer sur le sujet. Ainsi dans notre domaine, après avoir interdit l’utilisation d’os déminéralisé d’origine humaine, largement utilisé outre-atlantique, pour risque éventuel d’exposition au virus du Sida, on peut se poser la question de l’utilité des substituts osseux d’origine animale, alors que le patient est en mesure d’apporter par prélèvement la quantité nécessaire à son traitement. Faut-il le priver de la possibilité de donner son sang, comme le prévoit la loi au titre du principe de précaution, alors qu’une greffe autogène lui laisse cette possibilité. L’apparition sur le marché de membranes conjonctives de substitution va multiplier de façon exponentielle cette question. À mon avis la réponse appartient au patient, c’est lui qui va perdre, ou qui a perdu ses dents, et si le choix existe c’est à lui de le faire en toute connaissance de cause, dans la limite de nos connaissances actuelles.

Le p…, problème de la responsabilité en France apparaît en même temps que les premiers incidents. C’est alors que se pose le p… du p…, principe du parapluie, qui consiste à se défausser le plus tôt possible de toute responsabilité en désignant un éventuel coupable. Cette pratique est largement répandue dans toutes les entreprises, et accentuée par le p… de P…, principe de Peter. Ce principe bien connu veut que « tout employé tend à s’élever à son niveau d’incompétence. ». Il est suivi du « Corollaire de Peter » : « Avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d’en assumer la responsabilité. » Des ministères, aux petites, moyennes et grandes entreprises, ce redoutable principe rôde et s’applique à toute la hiérarchie. Les dirigeants conscients du phénomène, et du risque qu’il ne les concerne un jour, ont trouvé une p…, parade : le p… du p…, principe du parachute, si possible doré. Il permet à un incompétent notoire ayant atteint un niveau élevé dans la hiérarchie de la société qui l’emploie d’être remercié pour son incompétence par des émoluments conséquents, parfois estimés scandaleux par le commun des mortels. En plagiant La Fontaine, on peut affirmer que selon que vous êtes faible ou puissant, votre système de p…, protection est le p…, parapluie ou le P…, Parachute.

On comprend mieux qu’en France, à la suite du scandale politico-judiciaire du sang contaminé, le P… de P…, Principe de Précaution soit mis en avant par les ministères et les politiques pour leur permettre de n’être ni responsable ni coupable. Le seul p…, problème reste que le risque zéro n’existe pas, sauf à ne rien faire. !

Articles de la même rubrique d'un même numéro