Augmentation des crêtes osseuses à l’aide d’os bovin déprotéinisé (Bio-Oss®)
 

Clinic n° 10 du 01/11/2011

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

L’intérêt de substituts osseux dans les techniques de reconstruction osseuse est d’éviter les inconvénients liés à l’utilisation d’os autogène (deuxième site chirurgical parfois extrabuccal, augmentation de la morbidité, risque de résorption du greffon, etc.). Le substitut osseux doit maintenir l’espace et constituer un échafaudage qui sera colonisé par les cellules ostéoprogénitrices puis remplacé par un os néoformé. L’os bovin déprotéinisé est déjà...


L’intérêt de substituts osseux dans les techniques de reconstruction osseuse est d’éviter les inconvénients liés à l’utilisation d’os autogène (deuxième site chirurgical parfois extrabuccal, augmentation de la morbidité, risque de résorption du greffon, etc.). Le substitut osseux doit maintenir l’espace et constituer un échafaudage qui sera colonisé par les cellules ostéoprogénitrices puis remplacé par un os néoformé. L’os bovin déprotéinisé est déjà largement utilisé pour les comblements de sinus ou d’alvéoles fraîchement déshabitées. Cet article, au travers d’un cas clinique, a pour objet l’étude du comportement d’os bovin déprotéinisé utilisé en greffe d’apposition pour l’épaississement des crêtes osseuses alvéolaires.

Matériel et méthode

Chez une patiente devant recevoir un implant en position de 23 pour aider à la stabilisation d’une PAP, la crête osseuse dans ce site étant trop mince, il a été proposé une technique d’épaississement de crête par apposition d’os bovin anorganique (Bio-Oss®, Geistlich). Grâce au renflement du bord osseux de la crête, la pose de l’implant (MK III Groovy RP, Nobel Biocare) long de 11,5 mm a été réalisée dans le même temps chirurgical, tout en acceptant le fait qu’une partie importante du corps de cet implant serait exposée. Cette partie exposée et le bord de crête proéminent ont en fait constitué une sorte de piquets de tente qui ont maintenu l’espace nécessaire à l’apposition du matériau pendant toute la période de cicatrisation. Une membrane résorbable Bio-Gide® (Geistlich) a été mise en place pour recouvrir le Bio-Oss® et la tête de l’implant.

Résultats et discussion

L’étude d’images densitométriques prises à 6 mois et à 18 mois postopératoires montre le maintien du volume greffé. L’analyse au microscope électronique d’un échantillon osseux prélevé à 9 mois postopératoires montre des plages minérales d’os néoformé avec une persistance de particules de Bio-Oss®. Cette lente résorption du Bio-Oss® a maintenu l’espace pour le volume d’os recherché pendant la période d’ostéogénèse. L’analyse histomorphométrique montre des pourcentages à peu près équivalents de Bio-Oss® (27,94 %) et d’os néoformé (24,07 %). Il semble bien que le maintien d’un espace nécessaire pour la xénogreffe soit très important pour la réussite d’un épaississement de crêtes par apposition. Le cas clinique présenté ici confirme également les propriétés biomécaniques du tissu mixte obtenu avec les greffes au Bio-Oss®.

L’ESSENTIEL

La présentation de ce cas clinique montre que les qualités biologiques et biomécaniques du Bio-Oss® peuvent permettre son utilisation pour l’épaississement de crêtes osseuses résorbées si la technique chirurgicale procure et maintient un espace suffisant pour le matériau de xénogreffe tout au long de la période d’ostéogénèse. Outre ses qualités de biocompatibilité et d’ostéoconductivité, l’os bovin déprotéinisé offre l’avantage de persister assez longtemps au sein de l’os néoformé pour aider au maintien de l’espace, pendant la période de néoformation osseuse, pour l’obtention du volume osseux recherché. Certaines études ont montré que les particules d’hydroxyapatite persistantes du Bio-Oss® n’étaient pas en contact avec la surface des implants et que celle-ci n’était en contact qu’avec de l’os néoformé exclusivement. Pourtant, certains auteurs préconisent de placer en premier de l’os autogène au contact de l’implant puis de le recouvrir par du Bio-Oss®. Ce dernier, par sa durée de persistance, protègerait en quelque sorte l’os autogène du phénomène de résorption dont il pâtit plus ou moins en fonction du site de son prélèvement. Cette procédure limiterait la quantité d’os à prélever tout en bénéficiant des qualités d’un os autogène.