Comment les difficultés économiques se traduisent– elles sur le comportement de vos patients ? - Clinic n° 11 du 01/12/2010
 

Clinic n° 11 du 01/12/2010

 

TRIBUNE

Vingt-trois pour cent des Français disent qu’ils ont renoncé à ou repoussé des soins médicaux ou dentaires cette année, au lieu de 11 % en 2009, selon le baromètre établi par le Cercle Santé et Société et Europ Assistance. Autre indice, les cotisations à la CARCDSF* ont été en retrait de 1,8 point cette année. Trois confrères expliquent comment les difficultés économiques se ressentent dans leur cabinet.

Les gros travaux différés

Bernard Borowski (Paris – 75)

Ma patientèle est plutôt aisée. Je n’ai que très peu de personnes bénéficiaires de la CMU. Depuis 3 ans, mes patients diffèrent dans le temps les gros travaux de dentisterie. Ils n’y renoncent pas. Mais ils sont obligés de gérer leur budget « santé » alors qu’auparavant, la décision de faire le traitement proposé était quasi immédiate. Ce comportement touche aussi les personnes qui ont une bonne mutuelle car le reste à charge peut être malgré tout important. Mais quand les travaux sont vraiment nécessaires, les patients se débrouillent pour ne pas les remettre à plus tard.

Pas de changement

Yves Bayle (Fumel – 47)

Dans ma bourgade qui compte 5 000 habitants et draine jusqu’à 18 000 personnes, je ne vois absolument pas de différence entre aujourd’hui et la situation de l’an dernier ou d’il y a 5 ans. Je n’observe aucune diminution de mon activité prothétique. Cela s’explique peut-être parce que je ne fais pratiquement pas de dépassements. Je ne réalise des prothèses que lorsqu’elles sont justifiées. Et j’ai écarté de mon activité les actes que l’on peut appeler « luxueux ». Par exemple, je ne fais pas de blanchiment. J’ai suffisamment de travail pour faire vivre mon cabinet autrement pendant les 5 jours d’ouverture par semaine. Mon carnet de rendez-vous est rempli 2 mois à l’avance.

Mes recommandations suivies

Jean-Yves Sebban (Lunéville – 54)

Certains de mes patients ont commencé à ajourner de gros travaux vers la fin de l’année 2008. C’était très nouveau. Je n’avais pas ­ressenti ce frein auparavant. Je me souviens d’une patiente pour laquelle j’avais réservé une journée entière pour des travaux de prothèse importants. Elle a annulé et reporté son rendez-vous quelques jours après le ­crash de 2008. Les travaux attendent toujours car sa voiture a lâché depuis !

Quelle que soit la situation de mes patients, je propose toujours le traitement dans son ensemble en précisant s’il est possible ou non d’attendre. Mes patients me font confiance et respectent mes recommandations. Dans la plupart des cas, ils acceptent de faire les travaux absolument nécessaires. Mais si je ne mets pas cette pression, ils reportent à plus tard. J’ai l’impression que les travaux retardés seront rapidement faits dès que les affaires reprendront.

* Caisse autonome de retraite des chirurgiens-dentistes et sages-femmes.