Florine BOUKHOBZA - Clinic n° 02 du 01/02/2011
 

Clinic n° 02 du 01/02/2011

 

INTERVIEW

Anne-Chantal de Divonne  

Plus de la moitié des Français utilisent des médicaments homéopathiques, d’après une enquête Ipsos pour les laboratoires Boiron. Quelle place peut tenir l’homéopathie dans l’arsenal thérapeutique du chirurgien-dentiste ? Pour Florine Boukhobza, chirurgien-dentiste homéopathe qui vient de publier l’Homéopathie clinique pour le chirurgien-dentiste*, l’homéopathie peut rendre de nombreux services au patient. L’un de ses atouts majeurs étant d’éviter les effets secondaires des médicaments.

Comment vous êtes-vous intéressée à l’homéopathie ?

Ce sont mes patients qui m’ont fait découvrir cette thérapeutique qu’ils utilisaient pour soigner d’autres pathologies. Leur demande dans le cas de la chirurgie dentaire a éveillé ma curiosité. Et j’ai suivi des formations générales, complètes et scientifiquement solides, en homéopathie à l’Institut homéopathique scientifique (IHS) ainsi qu’à la faculté de médecine Paris-Nord XIII de Bobigny. Dotée de ce bagage, je me suis plus particulièrement intéressée à l’application de l’homéopathie dans notre discipline. J’ai recours à l’homéopathie dans mon exercice depuis plus de 15 ans et j’enseigne à l’IHS et dans d’autres structures, auprès de professionnels de santé (médecins, chirurgiens-dentistes…) qui veulent devenir homéopathes.

Tous vos patients sont-ils ouverts à cette thérapeutique ?

Quand je propose un traitement homéopathique, j’ai toutes les réactions. Mais d’une manière générale, même les sceptiques sont ouverts à ma proposition car ils sont sensibles à l’un de mes arguments majeurs qui est de chercher à limiter les effets secondaires des médicaments allopathiques. Les substances des médicaments homéopathiques sont plutôt naturelles. Elles n’agressent pas « chimiquement » l’organisme.

Comment considérez-vous l’homéopathie par rapport à l’allopathie ?

Ce sont des traitements de prévention, de première intention ou complémentaires. L’homéopathie peut, dans certains cas, éviter l’allopathie. Mais en dentaire, les prescriptions généralement couplées comprennent des médicaments allopathiques avec un complément en homéopathie. C’est le cas par exemple pour les médicaments antidouleur, antalgiques ou anti-inflammatoires. La plupart du temps, le patient s’aperçoit de l’efficacité des granules homéopathiques et diminue de lui-même la prise des cachets allopathiques. Pour lui, d’ailleurs, un traitement couplant les deux types de médicaments est rassurant car le recours à l’allopathie est toujours possible si l’homéopathie ne donne pas le résultat escompté. Des remèdes homéopathiques sont aussi capables de donner un résultat thérapeutique là où l’allopathie n’agit pas. Par exemple, certains ont la propriété de drainer les antibiotiques en levant les effets secondaires associés.

Le rôle de l’homéopathie est d’une part de limiter les effets secondaires ou d’apporter un confort au patient ; et d’autre part, d’apporter une thérapeutique préventive ou médicale.

Y a-t-il des limites à l’utilisation de l’homéopathie en dentisterie ?

Bien évidemment, le patient doit toujours être mis en sécurité et les antibiotiques sont incontournables dans certains cas comme celui d’une cellulite déclarée ou dans le cadre préventif d’un patient atteint de valvulopathie cardiaque. Il est cependant possible d’éviter les antibiotiques dans certaines circonstances. Quand un abcès est bien localisé, collecté ou ouvert, des remèdes homéopathiques couplés à l’action locale en bouche du chirurgien-dentiste peuvent éviter les antibiotiques.

Est-ce que l’homéopathie n’a aucun effet chez certains patients ?

Oui. Cela peut signifier que la personne n’assimile pas. C’est une situation qui peut révéler un problème global plus complexe. Par exemple, une personne prend tellement de médicaments qu’un drainage général est d’abord nécessaire avant que le médicament homéopathique ou toute autre médication puisse avoir de l’effet. Le problème peut aussi venir d’une prescription qui n’est pas parfaitement adaptée à la personne. C’est avec la connaissance des remèdes homéopathiques et l’expérience que le praticien parvient à une finesse dans l’utilisation des remèdes.

Votre guide pratique suffit-il pour commencer à prescrire de l’homéopathie ?

Oui, le praticien peut déjà prescrire au fauteuil. Ma démarche a été très didactique. Par exemple, plusieurs remèdes anti-inflammatoires ou pour les pulpites sont disponibles. En fonction des signes que déclare le patient, le guide oriente le praticien vers le médicament homéopathique le plus approprié. S’il craint de faire une erreur, il peut prescrire des boîtes de granules appelées des « préparations homéopathiques » qui regroupent plusieurs remèdes différents afin d’être certain d’atteindre son objectif.

Finalement, quelle est la place de l’homéopathie en chirurgie dentaire ?

L’homéopathie est une thérapeutique importante à explorer en chirurgie dentaire car en diminuant les effets secondaires, elle améliore la qualité de vie et la santé du patient. Je la conçois donc comme une branche supplémentaire efficiente dans l’arsenal thérapeutique du chirurgien-dentiste. Mais cette très bonne façon de soigner n’est pas toujours suffisante à elle seule. Il en est de même pour l’allopathie. L’homéopathie et l’allopathie sont des alliées pour le bien-être du patient.

*Collection Guide clinique, Éditions CdP, 221 pages.

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