Dentisterie restauratrice - Clinic n° 07 du 01/07/2011
 

Clinic n° 07 du 01/07/2011

 

IDS 2011

INTRODUCTION

Les composites sont-ils à bout de souffle ? Certes non : les fabricants nous réservent encore et toujours des surprises, avec pour principale ambition la simplification des procédures qui deviennent plus confortables et rapides qu’avant.

GC, grand spécialiste des verres ionomères, change simplement le nom de son Fuji IX GP Extra pour définitivement le nommer Equia Fil. Il propose un conditionneur de dentine en seringue, beaucoup plus pratique que ceux en flacon. Dentsply présente un nouveau ciment verre ionomère à prise chimique, lui aussi destiné aux obturations postérieures peu étendues et aux dents de lait. Utilisable sans traitement de surface ni coating résineux final, le Chemfil™ Rock (70) aurait une résistance à l’abrasion supérieure à tous ses concurrents. Délivré en capsules à vibrer comme son homologue japonais, il est plutôt souple et facile à fouler dans les cavités. Testé sur dents artificielles en plastique, j’ai constaté qu’il ne collait pas aux instruments et s’avérait agréable à manipuler. En revanche, son aspect opaque n’est pas des plus esthétiques.

Du côté des adhésifs amélo-dentinaires, la percée des automordançants se poursuit. Dentsply propose un Xeno V amélioré : polymérisation en 10 secondes, parfum plus agréable qu’auparavant et conservation possible 2 ans à la température de la pièce. Chez Heraeus Kulzer, c’est un peu la même chose avec la nouvelle formule de l’iBond®. Le produit n’a plus besoin d’être stocké à basse température et le flacon ne doit plus être agité avant l’utilisation. Chez GC, le G-ænial Bond™ (71) succède au G-Bond™. C’est aussi un automordançant en un seul composant. Il serait légèrement plus acide que son prédécesseur pour une meilleure accroche au niveau de l’émail non fraisé. Toutefois, le fabricant le recommande également après mordançage amélaire exclusif en précisant que si l’acide contamine la dentine par inadvertance, l’adhésion n’est pratiquement pas affectée.

En ce qui concerne les composites de restauration, tous les fabricants semblent d’être donnés le mot : l’année dernière déjà, Dentsply lançait son SDR®. Un matériau relativement fluide en compules, destiné à obturer en masse des cavités profondes, du moins sur une épaisseur maximale de 4 mm. Cet excellent produit a aujourd’hui plusieurs concurrents. Heraeus a lancé récemment le Venus Bulk Fill, disponible également en seringue comme tous les flow du marché. Ces deux composites n’ont aucune prétention esthétique. Ils doivent être recouverts d’un matériau conventionnel pour assurer à la fois résistance à l’usure et mimétisme de la restauration. GC fait beaucoup de publicité autour de son G-ænial Flo décliné en deux versions, dont la moins fluide est destinée à peu près aux mêmes applications que les produits précédents. Le conditionnement est ici un peu différent : des seringues pratiquement aussi grosses que celles pour composite hybride de haute densité, mais munies d’une fine canule coudée en plastique noir. Malgré la teneur en charges moins élevée que celle des composites de restauration habituels, la rétraction de prise serait réduite et les performances mécaniques exceptionnelles. Ivoclar Vivadent s’est mis lui aussi au diapason : il propose un Tetric EvoCeram Bulk Fill en seringue à vis et en capsules pour pistolet, disponible en trois teintes. La plus grande innovation est sans conteste le SonicFill™ (72) de chez Kerr. Ce composite semi-solide très thixotrope est conditionné dans de nouvelles capsules de 0,30 g. Elles se vissent à l’extrémité d’une pièce à main dérivée du fameux détartreur SonicFlex KaVo. L’appareil se branche sur le cordon air-eau de la turbine, via le raccord tournant Multiflex. Lorsqu’on actionne la pédale de l’unit, un piston vibre et chasse le matériau qui se fluidifie. L’extrusion s’effectue rapidement et sans effort. Une fois en place, il retrouve une viscosité normale qui permet le modelage. Le SonicFill™ peut être polymérisé sous une épaisseur de 5 mm. L’appareil est bruyant comme tous les soniques, mais le résultat plutôt séduisant. On ne peut qu’être ravi de son ergonomie : la pièce à main se tient comme un stylo, plus confortable et agréable que n’importe quel pistolet. Question pistolet, justement, le Compulz® (73) d’origine hollandaise ambitionne lui aussi de résoudre ces problèmes de mouillabilité imparfaite des composites dans le fond des cavités. Son principe est très voisin de celui du SonicFill™ : en appuyant sur un bouton sur la poignée, on déclenche une vibration de faible amplitude qui fluidifie le matériau et facilite son placement dans la cavité (www.compulz.com).

Plusieurs fabricants proposent deux gammes de composites hybrides : l’une luxueuse et aux hautes performances, l’autre plus simple et plus abordable : ainsi, 3M ESPE poursuit-il sa série « Z » avec le Filtek™ Z500 qui fait suite au Z250, parallèlement au Filtek™ Supreme XTE. De même chez GC, le Kalore à faible rétraction de prise, mais plus haute viscosité, s’éclipse-t-il un peu devant le G-ænial qui remplace le Gradia Direct. Ivoclar Vivadent, lui, offre un sympathique relooking à son Tetric EvoCeram (74) pour harmoniser ses seringues avec celles de l’exceptionnel IPS Empress Direct. Il nous offre également un magnifique éventail de colorants et maquillants du plus bel effet.

Des restaurations antérieures totalement réussies nécessitent tout de même un certain talent. Pour palier ce problème, deux sociétés proposent des coffrets de facettes préfabriquées en composite. Tout d’abord Coltène Whaledent avec ses Componeer™ (75), confectionnées dans un matériau semi-translucide extrêmement dur et parfaitement poli. Une fois la dent préparée, on les fixe au moyen du composite Synergy D6, absolument parfait et disponible en plusieurs nuances suffisamment opaques pour masquer d’éventuels défauts. Les Componeer existent en une seule teinte émail et trois tailles pour les six dents antérieures. La toute nouvelle société Edelweiss commercialise un produit très similaire. La différence résiderait dans la qualité de la résine utilisée et le traitement de l’intrados. Ce système mis au point par Didier Dietschi serait prochainement commercialisé en France par Bisico.

Trois modèles de matrices ont attiré mon attention. Les Flexi-Trix™ (76), du Danois Ronvig, ressemblent un peu aux Triodent (commercialisés en France par WAM). Les bandes métalliques sont plates et relativement épaisses. Selon M. Ronvig, c’est essentiellement le coin interdentaire qui assure l’écartement des dents et non l’anneau. Ces derniers sont en plastique blanc, à usage unique. Leur forme est voisine des V-Ring, puisqu’ils enjambent le coin, plaquant bien la matrice sur les faces vestibulaires et linguales des deux dents adjacentes. Autre trouvaille, les matrices transparentes Bioclear de chez American Dental Systems mises au point par David Clark, un praticien américain fort astucieux (www.bioclearmatrix.com), et enfin, les FenderMate Primary (Directa) (77) spécialement étudiées pour les dents temporaires.

Tendances

Les adhésifs automordançants poursuivent leur bonhomme de chemin avec quelques améliorations d’ordre pratique. Chez tous les fabricants apparaissent des composites de consistance semi-fluide, que l’on peut polymériser en couche épaisse pour remplir en un ou deux temps les cavités les plus profondes. La plupart sont conditionnés en seringues ou capsules pour pistolet. Kerr, lui, offre un dispositif d’extrusion tout à fait original. Les unidoses se fixent à l’extrémité d’une pièce à main sonique branchée sur le raccord de la turbine. La mise en place, très rapide, s’effectue sans effort, plus confortablement qu’avec un pistolet. Pour les amoureux de bel ouvrage, deux sociétés d’origine suisse présentent des facettes préfabriquées en composite de haute qualité, que l’on peut installer en une séance au fauteuil. Les résultats esthétiques sont parfaits, pour un coût bien moindre que celui de réalisations en céramique.