Le statut de l’assistante dentaire : une évolution satisfaisante ? - Clinic n° 08 du 01/09/2011
 

Clinic n° 08 du 01/09/2011

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Avec le vote de la proposition de loi Fourcade, les assistantes dentaires deviennent des professionnelles de santé. Et dès à présent se pose la question de la délégation de tâches. Les trois chirurgiens-dentistes de notre panel y sont favorables… À certaines conditions toutefois !

ALLER PLUS LOIN

Mon assistante dentaire a aujourd’hui une fonction au fauteuil et à la stérilisation. Qu’elle devienne une professionnelle de santé est pour moi une très bonne évolution. Mais j’aimerais que l’on aille beaucoup plus loin pour qu’elle devienne hygiéniste. Je souhaite vraiment qu’elle prenne plus de fonctions dans le cabinet car, sinon, je n’arriverai plus à soigner tous les patients. Dans mon orientation vers l’orthodontie, j’ai par exemple besoin qu’elle s’occupe des détartrages et de la prévention.

Gilles ELKAÏM (38 – Grenoble)

EXCELLENT, MAIS C’EST LE MINIMUM

C’est une excellente évolution. Enfin ! Mais il faut aller plus loin pour leur permettre par exemple de faire des contrôles radio et des détartrages. Aujourd’hui, on en arrive à se réjouir parce que tous les patients ne nous rendent pas visite pour leur contrôle annuel ! Nous n’aurions plus de temps pour les actes techniques. En Suisse, l’hygiéniste effectue les détartrages tous les 6 mois ou une fois par an et renvoie les patients vers le chirurgien-dentiste en fonction des besoins en soins. Bien entendu, toutes les assistantes ne sont pas appelées à réaliser ce type d’acte en bouche. Mon assistante actuelle n’y est pas du tout disposée. Mais il y a encore quelques années, ma seconde assistante était prête à faire des détartrages, à prendre des radios et à donner des instructions aux patients pour une meilleure hygiène. Mais j’ai dû m’en séparer, à regret, car deux assistantes dans les conditions actuelles, ce n’était pas gérable pour moi.

Olivier JOIE (17 – Royan)

OUI, MAIS FIXER UN CADRE

C’est une bonne évolution dans la mesure où elle est gérée par la profession et où elle se fait dans un cadre bien précis. Il y a encore quelques années, beaucoup de prothésistes travaillaient dans des cabinets dentaires. Pour se décharger, les praticiens leur donnaient certains travaux à réaliser dans un cadre qui n’était absolument pas défini. Résultat, les prothésistes ont pensé qu’ils effectuaient le travail des chirurgiens-dentistes ! Et leur syndicat s’est mis à revendiquer pour eux le droit de faire des prothèses eux-mêmes. Je prends ce détour pour faire comprendre que l’évolution du statut des assistantes ne doit pas conduire à une dévalorisation de la profession.

Pour gagner du temps, les chirurgiens-dentistes exerçant dans des zones géographiques désertifiées en professionnels de santé pourraient déléguer une partie de leur exercice. Je pense en particulier aux soins d’hygiène ou au détartrage annuel. Après une formation appropriée, l’assistante pourrait effectuer ce geste de dépistage annuel, noter les caries et fixer le rendez-vous pour le reste des soins avec le chirurgien-dentiste. Le cadre de cette délégation doit être délimité. Il faut s’accorder sur ce que peut faire l’assistante employée par un chirurgien-dentiste qui veut se décharger de certaines tâches et se tenir à ce qui a été décidé. Autre condition à la délégation de tâche : il faut que les études permettant à l’assistante d’avoir un champ d’action élargi soient organisées et gérées par la profession.

Bernard LAPOSTOLLE (73 – Albertville)