Des étudiants de Lille se forment à Rouen et au Havre - Clinic n° 11 du 01/12/2011
 

Clinic n° 11 du 01/12/2011

 

DÉMOGRAPHIE

ACTU

Comment favoriser l’implantation des jeunes chirurgiens-dentistes dans des territoires éloignés des facultés dentaires qui manquent de professionnels ? En permettant aux étudiants d’y effectuer leurs deux dernières années de formation. Cette solution a été retenue à Rouen et au Havre. D’autres villes pourraient suivre…

La Seine-Maritime se dote de 2 centres de soins dentaires, à Rouen et au Havre, qui vont former des étudiants de 5e et 6e années de la fac de Lille. Un premier centre, abrité par l’hôpital Saint-Julien du Petit-Quevilly qui est rattaché au CHU de Rouen, a ouvert à la rentrée sous la direction d’Hervé Moizan. Doté de 10 fauteuils, il reçoit 6 étudiants en formation, 3 de 5e année et 3 de 6e année. Le centre de soins du groupe hospitalier du Havre, confié à Julie Bemer, accueillera 7 étudiants de 5e année le 2 janvier. Sept fauteuils seront installés dans un premier temps. D’ici 2 à 3 ans, après évaluation de l’installation, 3 fauteuils supplémentaires compléteront le centre.

Ces initiatives du doyen de la faculté de médecine de Rouen, en partenariat avec la faculté dentaire de Lille et avec l’aval de l’Agence régionale de santé de Haute Normandie, sont envisagées comme un début de réponse à la pénurie de chirurgiens-dentistes. La région abrite 650 praticiens libéraux en exercice (721 en comptant les salariés), soit 36 praticiens pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 59 pour 100 000. Certains cantons sont particulièrement défavorisés. Au Havre, la densité est de 3,8 praticiens pour 10 000 habitants. En outre, 14 cantons de la région sont totalement dépourvus de chirurgiens-dentistes. Et si aucune mesure n’est prise, la situation ne fera que s’aggraver puisque, selon les projections, 30 % des chirurgiens-dentistes auront plus de 60 ans d’ici à 2015 et 1 départ à la retraite sur 2 ne sera pas remplacé, constatait la sénatrice Catherine Morin-Desailly (UC, Seine-Maritime) lors d’une séance de questions orales au Sénat en juillet dernier. L’objectif est donc de fixer les étudiants dans cette zone déshéritée en chirurgiens-dentistes en ayant recours à une méthode non coercitive, sachant que la plupart d’entre eux s’installent là où ils ont fait leurs études. Encore fallait-il que des étudiants acceptent d’effectuer leurs dernières années d’études loin de leur fac.

Les 2 antennes n’ont apparemment eu aucune difficulté pour recruter. Il est vrai que tout a été étudié pour faciliter la vie des étudiants et les inciter à répondre présent. Au Havre par exemple, ils seront logés par la communauté d’agglomération dans deux appartements proches du centre de soins, contre un loyer très modéré. Ils suivront leurs cours au Havre en même temps que leurs camarades lillois grâce à un système de visioconférence. Et chacun d’eux bénéficiera de l’appui de 3 chirurgiens-dentistes libéraux référents.

L’Ordre défend cette piste et souhaite transposer ce modèle en Picardie. Il a écrit en ce sens au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, pour demander la mise en place de 10 fauteuils au CHU d’Amiens pour les étudiants rémois. D’autres villes comme Limoges, Besançon, Caen… sont aussi sur les rangs.