Une pointe, c’est tout

On nous l’avait annoncée en novembre à l’ADF, elle vient tout juste d’être commercialisée : One Shape est la solution du français Micro-Mega au problème de l’instrument unique en endodontie. Une lime et une seule pour toute la préparation, nous connaissons déjà. Mais pour cela, il faut un moteur spécial qui fait tourner l’instrument d’une manière particulière. La One Shape, elle, est conçue pour la rotation continue conventionnelle, exactement comme les NiTi habituelles, sur les mêmes équipements.

25/0.6 en rotation continue

Cette lime n’est disponible qu’en n° 25 et conicité régulière de 6 %. Manche doré, métal sombre, rien ne la distingue vraiment, si ce n’est le profil de ses lames : grossièrement, l’allure d’une lime H fortement conique aux arêtes acérées. Si on lit attentivement la documentation, on découvre que sa section varie tout au long de la partie travaillante. Il y a longtemps que j’ai renoncé à comprendre la finalité de formes aussi complexes.

Si la possibilité d’utiliser n’importe quel équipement est un indéniable avantage, le fabricant est un peu avare de recommandations quant à la manière de s’en servir : pas de vitesse précise, pas de réglage de couple. Il préconise l’exploration à l’aide de limes manuelles 10 et 15 et suggère l’Endoflare pour évaser l’entrée du canal.

Agressive et solide

Sur la poignée de molaires que j’ai traitées avec cette fameuse lime, j’ai assuré mes arrières en utilisant des MMC, mais également un HERO 642 n° 20 de conicité 2 % jusqu’à la longueur de travail. La One Shape n’est venue qu’ensuite. J’ai d’abord été frappé par l’extraordinaire agressivité de ses lames. Particulièrement efficaces près du manche, elles incitent à agir longuement sur les parois pour élargir encore mieux la portion cervicale du canal. Les nombreux copeaux doivent être éliminés le plus souvent possible et la lime doit être essuyée dans une compresse, bien que son profil ne facilite pas la manœuvre. Avec un couple réglé sur 1,5 N.cm, l’instrument peine à atteindre l’apex si le canal est long ou calcifié. Il faut libérer complètement la cavalerie pour la voir goulûment s’engouffrer jusqu’au bout. Attention à ce stade, la sensation d’aspiration est maximale ! Sur une dent extraite, je l’ai poussée dans ses derniers retranchements et forcé comme un âne pour la casser. Rien à faire, elle a tenu bon. En revanche, le métal s’est détordu et la spirale s’est dévrillée.

Un excellent point pour la société bisontine qui a intelligemment conçu beaucoup de ses limes NiTi sur le même modèle.

Un peu mince à l’apex

L’évasement apical a toujours été modéré. Sur les radios, cette partie terminale manque un poil d’épaisseur. Il est vrai qu’une conicité de 6 % représente la limite inférieure pour un nettoyage de qualité et une obturation aisée et confortable à la gutta chaude. Peut-être ai-je été trop prudent en utilisant d’autres limes que celle-ci pour élargir le canal. Le sentiment d’insécurité ou plutôt d’incertitude a été le plus fort. Le gain de temps sur les préparations n’a, de ce fait, pas été réellement significatif.