Pourquoi devenir spécialiste en médecine bucco-dentaire ou en chirurgie orale ? - Clinic n° 08 du 01/09/2012
 

Clinic n° 08 du 01/09/2012

 

QU’EN DITES-VOUS ?

Après l’orthopédie dento-faciale, deux nouvelles spécialités ont été créées l’an dernier en odontologie : la chirurgie orale et la médecine bucco-dentaire. Pour devenir l’un de ces spécialistes, parallèlement au cursus classique de l’internat qualifiant, des commissions de qualification créées pour chacune des spécialités délivrent ce label aux praticiens en exercice. Elles se déterminent sur la base de leurs compétences, de leur expérience et de leur savoir-faire. Nos deux témoins du mois sont parmi les premiers spécialistes. Ils expliquent en quelques mots le sens de leur démarche.

ÊTRE VRAIMENT IDENTIFIÉ

Cela fait 20 ans que j’attends la spécialité en chirurgie orale car je pratique la chirurgie buccale exclusive depuis de très nombreuses années. Lorsque tout sera en place, nous serons vraiment identifiés comme des spécialistes auprès des patients mais aussi auprès des organismes de tutelle. Nous pourrons être connus en tant que tels dans les « Pages jaunes » et sur Internet. Jusqu’à présent, seuls les orthodontistes avaient le droit de se démarquer ! En juin dernier, sur l’ensemble des demandes, la commission de qualification de première instance, dont je fais partie, a retenu 45 ­demandes. Les avis défavorables concernent des chirurgiens-dentistes qui n’ont pas reçu une formation spécifique suffisante en chirurgie orale. Les candidats doivent avoir obtenu le DESCB* ou avoir été assistant dans la section de chirurgie orale de la faculté, ou encore avoir suivi des diplômes universitaires orientés vers la chirurgie orale. Le second défaut des dossiers refusés concerne une activité plus orientée vers l’omnipratique que la chirurgie orale. Les praticiens qui n’ont pas d’activité sous anesthésie générale et qui n’ont pas au moins la moitié ou les trois quarts de leur activité en chirurgie orale ne peuvent pas être qualifiés de spécialistes. Compte tenu de ces critères, je prévois la qualification de quelque 200 praticiens environ par la commission. Les internes qui auront choisi la chirurgie orale deviendront directement spécialistes. La commission fonctionnera pour les personnes qui n’ont pas obtenu d’avis favorable en première instance mais qui se présenteront plus tard avec une formation plus solide.

RENFORCER LA PLACE DE L’ODONTOLOGIE À L’HÔPITAL

La spécialité en médecine bucco-dentaire est cousine de la médecine interne pour les médecins. Elle est consacrée à l’accueil des patients qui présentent des pathologies lourdes et se trouvent dans une situation tellement complexe que l’hôpital est le seul recours possible. C’est une spécialité qui a principalement vocation à renforcer la place de l’odontologie à l’hôpital vis-à-vis des médecins et de la profession. Et c’est dans ce sens-là que j’ai postulé pour la spécialisation.

Je suis responsable de la permanence d’accès aux soins de santé, le PASS bucco-dentaire de Pitié-Salpêtrière. L’un des versants de notre action est l’accueil et la prise en charge des patients en situation de précarité. Ils viennent ici pour des raisons financières. C’est un exercice spécifique hospitalier. La majorité de nos patients est reçu dans l’urgence jour et nuit, 24 h/24.

La seconde raison pour laquelle cette spécialité m’intéresse c’est qu’elle fait entrer l’odontologie à l’hôpital non seulement comme discipline chirurgicale mais aussi comme discipline de soin. Nos patients ont des pathologies lourdes mais ils ont aussi besoin de soins d’endodontie, prothétiques ou encore de parodontie. Et il ne faudrait pas que l’odontologie à l’hôpital s’arrête à une définition stomatologique de la profession.

* Diplôme d’études spécialisé en chirurgie buccale