Simuler avec plaisir et… sans remords - Clinic n° 05 du 01/05/2013
 

Clinic n° 05 du 01/05/2013

 

L’ANALYSE

À LA PAGE

Daniel DOT  

Comment peut-on expliquer, d’après une étude citée par l’auteur de cet ouvrage, que moins de 10 % des chirurgiens-dentistes utilisent un articulateur ? Difficultés conceptuelles et techniques de l’exercice à réaliser ? Diminution des connaissances et/ou des convictions ? Utilisation de ce type de simulateur inutile comme semblent le démontrer 90 % des praticiens ? Remplacement de ce dispositif par d’autres techniques aussi performantes ?

Il suffit de lire les articles et ouvrages actuels de dentisterie restauratrice pour constater que l’intégration esthétique et fonctionnelle des restaurations passe systématiquement par l’utilisation de l’articulateur dans l’une au moins des phases du traitement.

De plus, si l’on considère, d’abord, que les possibilités thérapeutiques de plus en plus sophistiquées n’ont jamais été aussi nombreuses, ensuite que la durée passée à analyser, choisir, planifier puis exécuter et entretenir les restaurations est de plus en plus importante et, enfin, que la prise en charge globale du patient en dentisterie restauratrice est le b.a.-ba des enseignements prodigués dans les facultés, alors aucune des raisons évoquées précédemment n’a de sens aujourd’hui.

Gageons que si « ce mal » est uniquement français, la meilleure façon de combattre ce non-sens clinique et thérapeutique est bien d’y consacrer un ouvrage avec l’objectif « de rendre l’arti­culateur accessible à tous les praticiens en simplifiant son utilisation et sa programmation afin que leur art s’exprime pleinement ». Ce guide clinique écrit par Pierre-Henri Dupas et dont est extraite cette phrase, tient cette promesse.

Il m’a ainsi semblé inutile de reprendre pour cette analyse l’énoncé des chapitres de ce livre car cela ne permet pas d’en apprécier son originalité et sa singularité parmi les publications déjà consacrées à la spécificité de l’utilisation de l’articulateur. Il suffit de savoir que toutes les étapes stratégiques à son utilisation sont remarquablement décrites et parfaitement illustrées par de nombreux schémas et photos à partir de la « prise en main » initiale auxquels seront tout particulièrement sensibles les très nombreux possesseurs d’articulateurs de la firme savoyarde FAG dentaire.

Pourquoi, quand et comment utiliser l’arc de transfert ? Pourquoi, quand et comment programmer la pente condylienne ? Pourquoi, quand et comment utiliser les boîtiers condyliens fournis ? Pourquoi, quand et comment réaliser une table incisive personnalisée ? Autant de questions traitées si clairement que le dernier chapitre de ce guide, qui analyse la nature des erreurs possibles, déculpabilise le lecteur de tout sentiment d’utilisation inadéquate de l’articulateur malgré sa simplicité !

Bien entendu, certains lecteurs pourraient s’interroger sur l’intérêt de détailler le montage du modèle maxillaire à l’aide du plateau de transfert et sur la nécessité de parler encore de la technique du drapeau… mais, en réalité, cela n’a pas beaucoup d’importance. En effet, la réussite de ce guide tient au fait que l’auteur a su délivrer sans fioriture, de façon limpide et « décomplexée » l’essentiel des connaissances dans ce domaine. Cela permet à tout praticien d’acquérir la maîtrise des données nécessaires à l’acquisition d’une compétence réelle dans l’utilisation de l’articulateur. Simplifier n’a pas été pour P.-H. Dupas synonyme de galvauder les connaissances mais bien de les adapter à un pragmatisme fondé sur son expertise reconnue dans le domaine de l’occlusodontie. Affirmer que « la programmation simplifiée de l’articulateur Quick est basée sur le bon sens et l’observation » en le justifiant, toujours clairement, par des données scientifiques éprouvées devrait réconcilier tout praticien avec l’utilisation de l’articulateur semi-adaptable.