Trois listes s’affrontent dans la quasi-totalité des régions - Clinic n° 11 du 01/12/2015
 

Clinic n° 11 du 01/12/2015

 

ÉLECTIONS AUX URPS

L’ENTRETIEN

ANNEC-CHANTAL DE DIVONNE  

Les élections aux unions régionales des professions de santé (URPS) sont ouvertes. Après les médecins au mois d’octobre, les chirurgiens-dentistes sont invités à voter jusqu’au 8 décembre pour élire leurs représentants dans les 13 nouvelles régions métropolitaines ainsi que dans les 4 régions d’outre-mer. Les trois syndicats représentatifs, la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), la Fédération des syndicats dentaires libéraux (FSDL) et l’Union des jeunes chirurgiens-dentistes (UJCD), ont élaboré les listes de leurs candidats et peaufiné leur programme.

Catherine MOJAÏSKY Présidente de la CNSD

Pourquoi faut-il voter ?

Ces élections ont deux enjeux. Il s’agit de mettre en place ou de reconduire les chirurgiens-dentistes qui seront les interlocuteurs des agences régionales de santé (ARS). Il faut voter pour se donner les personnes capables d’aller s’opposer à et/ou de construire avec ces instances régionales incontournables et qui vont prendre de plus en plus de place dans la gouvernance du système de santé. L’autre enjeu du vote est celui de la représentativité syndicale. Cet enjeu est plus discutable ; je pense qu’il y a un mélange des genres. Plutôt qu’un véritable soutien à l’un ou l’autre syndicat, on va comptabiliser de nombreux votes de rejet, de « ras-le-bol » de praticiens qui se trouvent face à une situation compliquée.

Comment analysez-vous les résultats du scrutin chez les médecins ?

Le résultat le plus impressionnant est l’abstention. Après une campagne très violente, centrée sur la loi de santé et qui n’a pas vraiment laissé de place au débat sur le fond, le rejet de tous ces discours a été massif. Quand l’abstention est importante, ceux qui s’expriment disent leur mécontentement et leur colère en se portant sur les partis les plus « ultras ». C’est ce qui s’est passé. On constate cependant que les médecins se sont très rapidement réadaptés à la situation. Les plus « ultras » s’orientent vers un discours de préparation de la négociation conventionnelle, sur un programme commun. Mais cette union sacrée des médecins se fait au détriment des autres professionnels de santé ! C’est désolant.

Comment la CNSD fait-elle campagne ?

Sur deux axes. Au niveau régional, la CNSD a eu la gouvernance de 23 URPS sur 26. Nous avons donc un bilan de nos actions à produire. Nous pouvons démontrer que nous avons la capacité à construire et à mener des projets dans de nombreux domaines. Nos équipes se sont investies efficacement sur le terrain.

Au niveau national, nous expliquons aussi que nous avons défendu efficacement la profession au fil des années. Par les différents accords signés, la CNSD a su mettre des barrières et protéger la profession par rapport à d’autres professions qui ont vu leur situation se dégrader au fil du temps. Ce discours n’est pas toujours facile à tenir bien que nous ayons des chiffres pour le démontrer. On constate en effet que les chiffres d’affaires et les revenus de la profession ont progressé plus vite que l’inflation.

Les confrères ne voient que les contraintes et les difficultés nouvelles. Mais si nous avions laissé le marché réguler la situation, nous serions certainement dans une situation comparable à ce qui se passe dans d’autres pays comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie… Nous menons une campagne résolument positive.

Quels sont les atouts de la CNSD ?

Sa proximité. Nous avons des praticiens partout, dans tous les départements, qui représentent tous les confrères et tous les types d’exercices. Nous avons une vision très réaliste de la profession et du ressenti des uns et des autres.

Patrick SOLERA Président de la FSDL

Pourquoi faut-il voter aux URPS ?

Le plus important dans ce scrutin est de donner une représentativité à un syndicat afin de lui permettre de négocier la convention dans le courant de l’année 2016. Le poids donné à un syndicat permettra de déterminer le type de convention qui pourra être signé. Pour le reste, je pense que n’importe quel cadre syndical est capable de gérer des régions avec l’ARS en participant aux réunions. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait beaucoup de politique syndicale.

Quelle est votre analyse des résultats du scrutin des médecins ?

Ils sont très encourageants pour nous car tous les signataires des conventions – CSMF, MG France – font face à une défaite. En revanche, les syndicats qui prônaient la non-négociation de la loi de santé ont fait une percée. Le dentaire est un peu configuré de la même façon. On s’attend à ce que les deux syndicats signataires soient désavoués par la base.

Quels sont les atouts de la FSDL ?

Nous représentons la jeunesse et nous défendons l’intérêt des jeunes quand nous attaquons les réseaux, les centres de soins low cost ou que nous combattons l’arrivée massive de diplômés européens. Notre point phare est la mise en place d’une politique de prévention ambitieuse et la levée de l’opposabilité sur certains soins dont les remboursements ne sont plus tenables. Il faut que les praticiens aient une rémunération adéquate et qui soit en rapport avec leurs plateaux techniques.

Dans les régions, en Île-de-France, nous n’avions que des élus FSDL. Avec les cotisations des confrères, 2,2 millions d’euros ont été investis dans l’achat de locaux qui seront mis à la disposition des confrères pour soigner les personnes handicapées et dépendantes. Un amphithéâtre est aussi mis à disposition pour des réunions ou des formations. En Rhône-Alpes, la moitié du bureau est composée de membres de la FSDL. Ces deux régions ont attaqué les centres low cost sur le plan juridique.

Sur nos listes, nous avons privilégié des candidats installés dans les métropoles des régions plutôt que dans chaque département car les réunions ont lieu dans les capitales régionales. Dans la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon par exemple, nous avons beaucoup de représentants de Montpellier et de Toulouse. Mais aucun en Ariège, département trop éloigné des lieux de réunion. Nous avons aussi cherché la parité dans les listes de chaque région.

Comment faites-vous campagne ?

Nous sommes très présents sur les réseaux sociaux et sur Internet. Nous publions chaque jour sur des axes de notre politique. Mais aussi sur papier avec notre journal, le Libéral dentaire, qui sera dans les boîtes aux lettres le 20 novembre.

Philippe DENOYELLE Président de l’UJCD

Pourquoi faut-il voter pour les URPS ?

Pour disposer de représentants régionaux. L’intérêt de ce scrutin pour le syndicat est aussi de réaliser un score qui lui donne du poids pour défendre sa ligne politique au niveau national. Celle-ci sera ensuite déclinée au niveau des URPS dans les régions à travers des actions plus liées au terrain, à sa démographie, à l’âge de la population…

Comment analysez-vous les résultats du vote des médecins ?

On observe un peu toujours la même chose. Les syndicats signataires des conventions médicales se font brocarder alors que les syndicats très contestataires gagnent du terrain. Cela prouve un réel malaise dans les professions médicales. Il faut que nous trouvions une issue par la voie de la négociation. Sur la loi de santé, nous sommes farouchement opposés au tiers payant systématisé. Et nous sommes favorables aux actions menées pour le combattre. En parallèle, nous sommes favorables au dialogue et à la contractualisation d’une convention. Mais pas à n’importe quel prix.

Comment faites-vous campagne ?

Nous pensons que l’intérêt d’un syndicat est son action à long terme. C’est pourquoi nous rappelons notre rôle depuis 5 ans. Nous nous battons pour le changement de nomenclature, pour le changement de la valorisation des soins, pour l’évolution du métier des assistantes, pour une harmonie au sein de l’équipe dentaire et avec les laboratoires. Nous avons combattu les avenants 2 et 3, nous agissons contre les réseaux de santé et nous nous opposons aux remboursements différenciés. Nous avons soutenu la proposition de loi de Daniel Fasquelle réclamant la suppression des réseaux de soins.

Quels sont les atouts de l’UJCD ?

Nous étions présents dans les URPS puisque nous avons eu 20 % des voix aux dernières élections. Nous avons géré la région Corse dans laquelle diverses actions en faveur des patients handicapés et des personnes âgés ont été menées. Nous avons aussi signé un contrat de collaboration avec des chercheurs du CNRS pour élaborer des produits d’hygiène et d’asepsie pour les cabinets dentaires à base de plantes et, plus spécifiquement, de plantes corses. Nous avons collaboré avec les autres URPS dans lesquelles nous étions plus ou moins nombreux. Et dans certains cas, comme en Île-de-France, nous n’étions pas d’accord avec l’achat de locaux et les travaux en cours. Nous pensons que les finances de l’URPS ne sont pas faites pour ça.

Dans la constitution de nos listes régionales, nous avons fait en sorte de représenter tous les départements de ces régions. Car l’intérêt d’une instance régionale est d’être au plus près du terrain. Nous avons aussi veillé à ce que la répartition entre les hommes et les femmes soit cohérente, au moins pour les candidats éligibles. Les praticiens qui se présentent sont déjà, majoritairement, dans les instances paritaires départementales. Ils sont donc au courant des questions sur le terrain et en prise directe avec la problématique nationale.