Comment bien choisir son dentifrice (1re partie) ? - Clinic n° 04 du 01/04/2014
 

Clinic n° 04 du 01/04/2014

 

HYGIÈNE ET PRÉVENTION BUCCO-DENTAIRE

Emna HIDOUSSI*   Nabiha DOUKI**  


*Résidente en odontologie conservatrice endodontie
**5, rue Samarkand Ennaser 1
Ariana 2037, 97111565
Tunisie
***Professeur en odontologie conservatrice
endodontie
****17, Narjess 2 el Kantaoui Hammam
Sousse, 20246940 Tunisie

Actuellement, bon nombre de dentifrices sont proposés par différentes marques aussi bien en pharmacie qu’en grande surface. Chacun d’entre eux possède des vertus différentes et la composition varie en fonction de la nature de l’affection à prévenir ou à traiter. Cependant, il n’est pas évident de choisir de façon adéquate son dentifrice. Il paraît dès lors essentiel, pour le chirurgien-dentiste, de connaître la composition et l’action des dentifrices pour répondre intelligemment à la question usuelle des patients : « Quel dentifrice me conseillez-vous ? »

Le dentifrice, produit d’hygiène dentaire par excellence, est utilisé par la majorité des individus pour nettoyer leurs dents et prévenir les problèmes bucco-dentaires. Son utilisation paraît indispensable dans notre société puisque nous en consommons normalement de 1 à 3 fois par jour. Actuellement, un bon nombre de dentifrices sont proposés par différentes marques aussi bien en pharmacie qu’en grande surface. « Renforce les gencives », « Spécial dents sensibles », « Antitartre » « Contre la mauvaise haleine »… Les allégations fleurissent sur les emballages et chaque marque offre une large gamme correspondant aux différents problèmes bucco-dentaires. Cependant, le dentifrice reste un produit chimique dont peu d’entre nous connaissent réellement sa composition et son mode d’action. Ainsi, l’objectif de ce travail est de faire connaître aux chirurgiens-dentistes les principales substances qui composent les différents types de dentifrices proposés.

Histoire du dentifrice

La première référence à une forme de dentifrice se trouve dans un manuscrit égyptien datant du IVe siècle av. J.-C. qui mentionne une mixture à base de sel, de poivre, de feuilles de menthe et de fleurs d’iris. Les Égyptiens utilisaient des poudres à base de charbon d’acacia appliquées avec les doigts. Puis, à l’époque romaine, le dentifrice était à base d’urine humaine. On s’était en effet rendu compte que l’ammoniac contenu dans l’urine avait comme caractéristique de blanchir les dents. C’est à partir de l’Antiquité romaine que le terme « dentifrique » est employé. Ce mot désigne un produit destiné à frotter (frico) les dents (dens). L’ancêtre du dentifrice tel que nous le connaissons aujourd’hui apparaît au XIXe siècle au Royaume-Uni sous forme de poudre, de pâte ou d’eau. Les poudres étaient formées de matières abrasives comme la craie, la pierre ponce ou le charbon. On y ajoutait des produits calmants comme le thym, le camphre et même, parfois, l’opium. Des huiles essentielles étaient rajoutées pour améliorer le goût [1], ainsi que certains liants tels que le miel ou la glycérine. Ces produits ont été modifiés au cours du temps et de nouveaux éléments ont été ajoutés au fur et à mesure des découvertes scientifiques.

Rôle du dentifrice

Le dentifrice complète l’action mécanique du brossage dans l’élimination de la plaque dentaire, des débris et des taches. La nécessité d’utiliser un dentifrice lors du brossage a été parfois discutée. En effet, le brossage avec rien que de l’eau élimine, dans une certaine mesure, la plaque sur la surface accessible des dents mais seul le brossage associé à un dentifrice peut supprimer la totalité de la pellicule exogène acquise [2]. De plus, grâce à certains de leurs principes actifs, les dentifrices contribuent à prévenir les caries, éliminent la plaque et inhibent sa formation, diminuent les dépôts de tartre et traitent les hypersensibilités dentinaires. Ils polissent et nettoient les surfaces dentaires en éliminant les colorations extrinsèques et réduisent les odeurs buccales [1-3]. À côté de ses effets thérapeutiques, le dentifrice affecte le psychisme en procurant une sensation de fraîcheur, récompensant ainsi la réalisation du brossage, tâche souvent considérée comme fastidieuse.

Formes galéniques du dentifrice

Le dentifrice peut se présenter sous différentes formes.

Pâte dentifrice

C’est la forme la plus utilisée du fait de sa facilité d’emploi, de son innocuité et de sa bonne efficacité. Son principal inconvénient est sa mauvaise dissolution dans la salive et l’eau de rinçage. En effet, des résidus de pâte restent au niveau des espaces interdentaires et peuvent entretenir des inflammations.

Gel dentifrice

D’apparition récente, le gel possède les mêmes constituants que la pâte dentifrice avec une quantité moindre d’abrasif, peu d’eau et plus d’humectant. Il se dissout plus facilement dans l’eau et la salive et se disperse mieux dans la bouche, atteignant ainsi les zones les plus inaccessibles. Sa principale caractéristique est sa transparence, obtenue selon la quantité d’abrasif, lequel doit avoir le même indice de réfraction que les autres composants. Cette forme est particulièrement adaptée aux enfants car même si ces derniers ne se brossent pas les dents consciencieusement, l’actif aura plus de chance d’être dispersé dans leur bouche.

Dentifrice en poudre

C’est une pâte desséchée qui contient les mêmes ingrédients qu’une pâte dentifrice, sauf l’eau, les agents humidifiant et les liants, d’où la nécessité d’humidifier la brosse avant le brossage. Elle peut rayer l’émail et créer des lacunes d’érosion, raison pour laquelle il est recommandé de ne pas l’utiliser quotidiennement mais en alternance avec les pâtes.

Statut réglementaire des dentifrices

On peut classer les dentifrices, en fonction de leur objectif, en deux groupes [3].

Dentifrices cosmétiques ou non médicamenteux

Ces dentifrices sont fabriqués soit par l’industrie pharmaceutique, soit par des firmes cosmétiques. Ils ne sont pas soumis à l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Ils contiennent des additifs à des doses exonérées et ils sont soumis à la réglementation de la fabrication des produits d’hygiène corporelle et des produits cosmétiques. Ils peuvent être vendus en pharmacie comme en grande surface. On distingue deux sous-groupes : ceux faisant mention de certaines propriétés bénéfiques pour la santé et ceux ne faisant mention que d’hygiène orale.

Dentifrices médicamenteux pharmaceutiques ou thérapeutiques

Ces dentifrices ne peuvent être vendus qu’en pharmacie. Ils sont considérés comme des produits pharmaceutiques une fois la concentration de 1 500 ppm de fluorure atteinte et nécessitent une ordonnance pour être délivrés. Ils répondent dès lors aux mêmes codifications qu’un médicament. Ils sont pourvus d’une autorisation de mise sur le marché qui, en fonction de la dose de fluor, garantit l’innocuité, l’efficacité et la qualité de leurs bienfaits sur la santé et que le fabricant doit solliciter auprès du ministère de la Santé publique. Ainsi, ils ont le statut de médicament et appartiennent au monopole pharmaceutique faisant l’objet d’une vente officinale exclusive [3].

Composition du dentifrice

Selon l’American Dental Association (ADA), on peut distinguer trois types de constituants (tableau 1) :

• les composants de bases, dont les abrasifs, l’eau, les humectants, les agents épaississants et les détergents ;

• les adjuvants divers, c’est-à-dire les stabilisateurs, les agents conservateurs, les colorants, le parfum et les édulcorants ;

• les agents thérapeutiques contre les caries (fluor), le tartre ou les désensibilisants.

Composants de base

Bien que chaque marque possède sa propre formulation, la plupart des dentifrices contiennent les mêmes ingrédients de base, responsables de la fonction primaire de nettoyage [2, 5-8].

Abrasifs ou agents polissant

Ces agents représentent de 30 à 50 % de la formule des dentifrices. Ils se présentent en poudre avec des particules sphériques, une granulométrie fine et une dureté calibrée. Les trois principales catégories de particules abrasives sont les phosphates, les carbonates et les silices. Ils sont destinés à enlever le film bactérien qui adhère à la surface dentaire et ont également une action de polissage ; par conséquent, ils doivent être suffisamment doux pour ne pas provoquer d’érosion.

Choix de l’abrasif

Cliniquement, le choix de l’abrasif est important. En effet, dans les dentifrices fluorés, le pourcentage de fluorure biodisponible dépend en grande partie du type d’abrasif utilisé. Certains abrasifs contenant du calcium (pyrophosphate de calcium, phosphate tricalcium, carbonate de calcium…) sont incompatibles avec les fluorures ioniques comme le fluorure de sodium car ils limitent, voire inhibent totalement, l’efficacité du fluor [4].

Indice d’abrasivité du dentifrice

L’indice d’abrasivité du dentifrice (RDA, relative dentine abrasivity) se mesure sur la dentine. Sa valeur donne une indication sur la quantité de dentine abrasée lors du nettoyage standardisé en laboratoire par une pâte dentifrice donnée. Plus elle est élevée, plus le pouvoir abrasif est grand et meilleur est son pouvoir nettoyant. Il est préférable de choisir une pâte dentifrice dont l’indice d’abrasivité se situe entre 40 et 80 car elle représente un bon compromis entre pouvoir nettoyant et pouvoir abrasif. Au-delà de 80, le dentifrice est considéré comme fortement abrasif et ne devrait pas être appliqué régulièrement. Malheureusement, les fabricants ne sont pas tenus d’indiquer le degré d’abrasivité de leur produit et, en pratique, peu le font.

À RETENIR

• les abrasifs à base de calcium (carbonate de calcium, phosphate de calcium) sont incompatibles avec les fluorures ioniques (fluorure de sodium, fluorure stanneux, fluorure d’amine…). Il est préférable d’utiliser une pâte dentifrice dont l’indice d’abrasivité se situe entre 40 et 80. Les fabricants ne sont pas tenus d’indiquer la valeur de cet indice qui est, généralement, le plus élevé dans les dentifrices dits « blanchissants ».

Agents humectants

Ces agents, hormis l’eau, représentent de 10 à 25 % de la formule. Ils sont issus de la famille des polyols et sont employés en raison de leur pouvoir hygroscopique, prévenant ainsi le desséchement de la pâte au contact de l’air. Ils apportent une certaine onctuosité au produit. Par leur goût sucré, ils corrigent l’amertume des abrasifs tout en étant non cariogènes. Les plus utilisés sont le glycérol, le sorbitol et même le xylitol qui a un pouvoir humidifiant élevé et qui lutte contre les caries en action combinée avec le fluor.

Agents épaississants

Les épaississants représentent de 0,5 à 5 % de la formule. Ils permettent d’éviter la séparation des phases pendant le stockage du produit et donnent une homogénéité au dentifrice. Ils lui procurent des propriétés rhéologiques en jouant le rôle d’agent thixotrope, rendant le milieu suffisamment visqueux au repos pour que les particules en suspension ne se déposent pas par sédimentation et pour que le dentifrice ne s’écoule pas spontanément hors du tube. Les principaux épaississants utilisés sont les dérivés cellulosiques, la gomme de xanthane, les carraghénates, la pectine…

Agents tensioactifs ou moussants

Les agents tensioactifs représentent de 1 à 2 % de la formule d’une pâte dentifrice. Ils ont un pouvoir nettoyant en émulsionnant les dépôts organiques de la plaque dentaire pour faciliter leur décollement et leur élimination et facilitent la dispersion du dentifrice en abaissant la tension superficielle. De plus, ils ont la capacité de former de la mousse apparaissant au moment du brossage dentaire. L’emploi des détergents dépend du type de fluorure incorporé dans la pâte dentifrice. Pour les fluorures inorganiques (fluorure de sodium…), les détergents employés sont anioniques, le plus utilisé étant le laurylsulfate de sodium qui a une action antibactérienne et fongiostatique. Cependant, il peut être à l’origine de plusieurs effets indésirables : augmentation de la perméabilité de l’épithélium, dénaturation de la couche de résistance protectrice de l’épithélium de la muqueuse orale, ce qui réduit sa résistance naturelle et favorise la desquamation épithéliale ainsi que la survenue d’aphtes ulcéreux récurrents. Il est donc impératif que les patients présentant des affections de la muqueuse orale évitent l’utilisation d’un dentifrice contenant du laurylsulfate de sodium [7].

À RETENIR

• le laurylsulfate de sodium (LSS) est couramment employé dans les formules dentifrices. Il est irritant pour les muqueuses buccales. Pour les patients qui développent des ulcérations de la muqueuse orale, préférer les dentifrices « sans LSS » ou « free SLS ».

Adjuvants

Stabilisateurs de pH

Ces agents maintiennent un pH stable et alcalin et visent à lutter contre la déminéralisation de l’émail. Ce sont donc des substances tampons qui contribuent en plus à la conservation chimique des pâtes de façon à éviter l’attaque du tube d’emballage par le produit.

Conservateurs

Les conservateurs empêchent le développement des micro-organismes. Les plus utilisés sont les dérivés phénolés, le benzoate de sodium, les parabènes…

Colorants

Les colorants améliorent l’aspect externe du produit et donnent la couleur définitive à la pâte dentifrice qui peut être unicolore, bicolore, tricolore ou à rayures. Ils ne doivent imprégner ni les dents ni les matériaux de façon définitive.

Les colorants utilisés peuvent être d’origine minérale (carbonate de calcium), végétale ou de synthèse. Certains fabricants emploient le dioxyde de titane pour donner un aspect plus blanc aux dents. Les pigments de cette substance peuvent imprégner la surface poreuse de l’émail et lui donner temporairement un aspect « peint ».

Arômes

Les arômes sont utilisés pour masquer le goût des autres constituants, ils donnent une saveur agréable à la pâte et, ainsi, confèrent au dentifrice sa personnalité. D’eux dépend le succès commercial. Le patient recherche un produit ayant un goût agréable pendant son utilisation mais également une sensation de fraîcheur devant persister le plus longtemps possible.

Agents thérapeutiques

Les dentifrices sont devenus des moyens pour délivrer des agents thérapeutiques et, en fonction de ces agents, on peut distinguer essentiellement quatre catégories de dentifrices : les dentifrices pour la prévention et le traitement des caries, ceux pour la prévention et le traitement des maladies parodontales, les dentifrices désensibilisants et les dentifrices éclaircissants (fig. 1). Le mode d’action de ces différentes familles de dentifrices sera détaillé dans un second article [9].

Agents reminéralisants

Les déminéralisations amélaires peuvent être dues à un processus carieux, érosif, iatrogène… et sont traitées dans un premier temps par des pâtes dentifrices contenant un ou plusieurs principes actifs reminéralisants.

Fluor

C’est l’agent reminéralisant le plus couramment employé. Il est cario-prophylactique avec une triple action : il contrôle l’arrêt des lésions carieuses initiales au contact des surfaces d’émail en diminuant le seuil de solubilité de l’émail en milieu acide, il a un effet bactéricide sur les germes de la plaque dentaire et il reminéralise les lésions carieuses initiales de l’émail. La plupart des dentifrices pour adultes ont une concentration allant de 1 000 à 1 500 ppm. Cette concentration de 0,15 % de fluorure fixe légalement la limite entre les produits cosmétiques disponibles dans les circuits de grande distribution et ceux qui, ayant une plus forte concentration en fluorure, sont exclusivement vendus en pharmacie. Les dentifrices pour enfants ont une concentration variant de 250 à 600 ppm. Les fluorures utilisés dans les pâtes dentifrices peuvent être classés en :

• fluorures inorganiques, tels que le fluorure de sodium (NaF) et le monofluorophosphate de sodium (NaMNP). Ce dernier est largement utilisé parce qu’il ne réagit pas avec les agents abrasifs incompatibles avec les fluorures ionisés ;

• les fluorures organiques, tels que le fluorure d’amine (AmF). Ils sont parfois utilisés dans les pâtes dentifrices. Ils ont un pH légèrement acide permettant d’augmenter les échanges ioniques avec les tissus calcifiés. La partie organique de ces amines permet de diminuer la solubilité de l’émail, inhibe la formation de la plaque bactérienne et assure la fixation du fluor sur la surface de l’émail. De plus, des études comparatives ont prouvé la supériorité de l’efficacité des fluorures organiques sur les sels fluorés inorganiques. Cela est lié à une plus forte concentration en fluorure dans la salive que les produits contenant du fluorure de sodium ou du monofluorophosphate de sodium ainsi qu’une plus forte affinité pour les surfaces amélaires.

Phosphate de calcium

Le phosphate de calcium (CaPO4) a pour effet d’augmenter la concentration de calcium disponible dans la cavité buccale. La capacité naturelle de reminéralisation de la salive s’en trouve améliorée. Trois molécules dérivées du phosphate de calcium sont apparues ces dernières années : le phosphopeptide de caséine-phosphate de calcium amorphe (CPP-ACP, casein phosphopeptide-amorphous calcium phosphate) présent dans la composition de Tooth Mousse (GC), le phosphate de calcium amorphe non stabilisée (ACP, amorphous calcium phosphate) et un verre bioactif contenant du sodium phosphosilicate de calcium.

Théobromine

Cette protéine, récemment introduite dans la formule des pâtes dentifrices, assure une reminéralisation plus efficace qu’un dentifrice contenant uniquement du fluorure de sodium [10].

Agents anti bactériens

Des agents dits antibactériens ont été incorporés dans la majorité des dentifrices et sont destinés à inhiber la formation du biofilm bactérien. Ils doivent avoir un spectre d’action large sans déstabiliser la flore buccale ni faire apparaître des pathologies opportunistes.

Ces agents peuvent être :

• des cations (chlorhexidine, hexétidine, ammonium quaternaire, sanguinarine) ;

• des sels métalliques (zinc, étain, cuivre…) ;

• des agents phénoliques anioniques (triclosan) ;

• des fluorures (surtout le fluorure d’amine et fluorure stanneux), le xylitol, des pyrophosphates, des agents oxygénés…

Agents antitartre

Tous les agents antitartre inclus dans la formulation des dentifrices sont plutôt des inhibiteurs de minéralisation de la plaque dentaire : ils n’éliminent pas le tartre déjà présent mais contrôlent la minéralisation de la plaque et ralentissent la formation du tartre. Or, pour combattre le tartre, le dentifrice doit avoir un pH légèrement acide en milieu alcalin. En effet, à pH 4, les sels minéraux se dissolvent et le tartre disparaît. À pH 10 les agents alcalins réagissent avec la mucine. Or, malgré le pouvoir tampon de la salive, on ne peut pas introduire des produits au pH inférieur à 4,5 ou supérieur à 9,5. C’est pourquoi le dentifrice doit avoir un pH neutre. Les dentifrices antitartre incorporant des sels de pyrophosphate sont les plus courants. Les sels de métaux sont aussi des inhibiteurs potentiels de la minéralisation, le plus utilisé étant le citrate de zinc.

Agents désensibilisants

Les agents désensibilisants agissent soit en obstruant les tubules dentinaires (chlorure de strontium), soit en bloquant l’influx nerveux responsable de la douleur au niveau des synapses (nitrate de potassium). Ainsi, l’application d’une substance hypertonique renfermant l’agent désensibilisant sur la surface dentinaire exposée induit une pression osmotique responsable d’un déplacement supplémentaire de fluide vers l’extérieur du tissu. Celui-ci s’oppose encore plus à la diffusion inverse de l’agent désensibilisant. Les principaux agents désensibilisants incorporés sont les fluorures, le chlorure ou le nitrate de potassium, le chlorure de strontium, l’arginine (tableau 2)

Agents blanchissants

En se référant à la composition et aux propriétés des dentifrices, il est clair que seules les dyschromies extrinsèques postéruptives peuvent être éliminées par un brossage à l’aide d’un dentifrice blanchissant.

Les principaux agents blanchissants peuvent être :

• des charges abrasives (silice, carbonate de calcium, bicarbonate de sodium, perlite, alumine…) ;

• des agents chimiques (peroxyde d’hydrogène, citrate de sodium, pyrophosphate de sodium, papaïne…) ;

• des agents optiques (bleu covarine).

Malgré le rôle important des abrasifs dans le blanchiment, il est important de choisir un dentifrice ayant une abrasivité faible afin de préserver l’intégrité de l’organe dentaire. Bien que peu de fabricants donnent des indications sur le pouvoir nettoyant de leurs dentifrices, il est important de connaître l’indice d’abrasivité de celui-ci.

Conclusion

Les dentifrices ont longtemps été utilisés comme de simples produits cosmétiques par leurs utilisateurs, leur rôle consistait seulement à nettoyer les dents. De nos jours, l’addition d’agents thérapeutiques leur confère un rôle dans le traitement et la prévention des maladies bucco-dentaires. Ainsi, chaque marque offre une large gamme de soins dentaires correspondant aux différents problèmes bucco-dentaires. Le consommateur se retrouve ainsi désarmé face à un rayon de produits d’hygiène dentaire. C’est donc au chirurgien-dentiste de jouer le rôle prépondérant dans le conseil et la prescription du dentifrice adapté à la situation clinique afin d’éviter au patient l’automédication et la surconsommation de produits d’hygiène dentaire.

Bibliographie

  • [1] Iqbal K, Asmat M, Sana J, Afreen M, Fareed M, Hanif S et al. Role of different ingredients of toothpastes and mouthwashes in oral health. JPDA 2011;20:163-170.
  • [2] Heffren J, Li N. Dentifrice abrasives : heroes or villains ? Chesterland : Academy of Dental Therapeutics and Stomatology, 2008.
  • [3] Chamdin O, Pillon F, Pillot G. Les dentifrices, notions de base et cas de comptoir. Actual Pharm 2010;495:25-28.
  • [4] Davies R, Scully c, Preston AJ. Dentifrices. An update. Med Oral Patol Oral Cir Bucal 2010;15:976-982.
  • [5] Collins F. Reflections on dentifrice. Ingredients, benefits and recommendations. Chesterland : Academy of Dental Therapeutics and Stomatology, 2009.
  • [6] Peterson E. Stain removal and low abrasion toothpastes that do what they say on the tin ! Dental Tribune 2013;1:19-21.
  • [7] Dorfer C. Abrsivity of dentifrices from a clinical perspective. J Clin Dent 2010;21:1-5.
  • [8] Maldupa I, Brinkmane A, Rendeniece I, Mihailova A. Evidence based toothpaste classification according to certain characteristics of their chemical composition. Stomatologija 2012;14: 12-22.
  • [9] Amaechi BT, Porteous N, Ramlingam K, Mensinkai PK, Ccahuana Vasquez R, Sadeghpour A et al. Remineralization of artificial enamel lesions by theobromine. Caries Res 2013;47:399-405.
  • [10] Rohrbach U. Pâte dentifrice : quel est le bon indice d’abrasivité ? Info Dents 2005;29:1-4.