Les internes veulent peser sur les décisions qui concernent leurs filières - Clinic n° 04 du 01/04/2014
 

Clinic n° 04 du 01/04/2014

 

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ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

À quelques mois de la sortie des premiers diplômés, les nouveaux internes en odontologie veulent faire entendre leur voix. Ils viennent de créer le Syndicat national des internes en odontologie (SNIO) qui est présidé par Anne-Laure Bonnet.

L’évolution de l’internat vers la création de trois diplômes d’études spécialisées (DES), deux propres à l’odontologie – la médecine bucco-dentaire et l’orthopédie dento-faciale – et un commun avec les internes médecins de spécialités chirurgicales – le DES de chirurgie orale –, a fait modifier la position de l’interne en chirurgie dentaire au sein de ses structures de rattachement. « Nous voulions pouvoir dialoguer avec les tutelles et participer aux décisions nous concernant », explique Anne-Laure Bonnet, actuellement en 3e année de médecine bucco-dentaire. L’Union nationale des internes en odontologie (UNIO), qui représentait les internes « ancienne formule », a été laissée un peu à l’abandon avec la réforme de l’internat. Les internes n’étant pas prêts à se mobiliser sous cet ancien nom, cette union a été dissoute pour laisser la place au SNIO.

Des spécialités en création

Quelles difficultés émergent avec ce nouvel internat ? En chirurgie orale, les internes sont issus de la filière médecine ou odontologie. Mais l’ordre des médecins ne l’entend pas ainsi. Après avoir contesté la spécialité elle-même, il demande (décision du 30 janvier 2014) à ce que seuls les médecins y aient accès. Pour cet Ordre, la parité entre les odontologistes et les médecins « constitue une mesure potentiellement dangereuse compte tenu de la flagrante disparité des cursus de formation ». Cette mixité est au contraire « un atout majeur mais provoque un petit bouleversement. Les services de médecine et d’odontologie doivent s’adapter pour accueillir des internes de cursus différents », explique la présidente du SNIO.

En médecine bucco-dentaire, la spécialité a été créée pour les internes qui se destinent, entre autres, à une carrière hospitalière. Mais « dans la réalité, cette spécialité est peu connue et mal définie. Et il faudra du temps pour qu’elle trouve sa place », remarque Anne-Laure Bonnet, ajoutant que les internes veulent « participer activement à sa mise en place et la faire évoluer ».

En orthodontie, la transition entre la formation du certificat d’études supérieures mention orthodontie (CESMO) et le DES en orthopédie dento-faciale s’avère « délicate ». Les enseignants qui étaient praticiens hospitaliers à temps partiel doivent former des internes en orthopédie dento-faciale qui, eux, sont à temps complet. « Il y a donc également une phase d’adaptation qui n’est pas facile à gérer », note la présidente du SNIO.

« Excitation et incertitude »

Au mois de novembre, les premiers internes se retrouveront sur le marché du travail. Comment envisagent-ils cette échéance proche ? Avec « un mélange d’excitation et d’incertitude », confie la présidente du SNIO. Les internes en orthopédie dento-faciale n’ont pas exercé en ville pendant leurs études, contrairement aux « Cesmistes ». Pour eux, ce sera donc un grand baptême. Les internes en médecine bucco-dentaire, quant à eux, espèrent que leur spécialité sera reconnue dans le monde libéral. Les chirurgiens oraux sortiront 1 an plus tard. Que ce soit dans une pratique libérale ou hospitalière, la demande est forte. Restent quelques problèmes administratifs à résoudre.

Les internes en odontologie aujourd’hui

En novembre 2014, une première promotion de nouveaux internes sortira, composée de 30 médecins bucco-dentaires et 30 spécialistes en orthopédie dento-faciale. Les 30 premiers chirurgiens oraux qui sont formés en 4 ans sortiront avec la promotion de 2015 qui comptera aussi 60 spécialistes de chacune des deux autres spécialités. Actuellement, 235 internes sont en formation. Ils seront environ 300 en rythme de croisière.