Absorption des chocs par les matériaux de prothèses implantaires - Clinic n° 05 du 01/05/2014
 

Clinic n° 05 du 01/05/2014

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’essentiel

Antoine VASSALLO  

Plusieurs auteurs considèrent que les charges occlusales peuvent affecter la phase d’ostéo-intégration d’un implant ainsi que sa survie sur le long terme. L’implant ostéo-intégré n’est pas entouré d’un desmodonte et une charge appliquée sur lui est transmise directement au péri-implant. Dans le cas d’une surcharge, des fractures ou des résorptions osseuses peuvent survenir. Le type de matériau composant la prothèse implantaire a été cité parmi les causes possibles...


Plusieurs auteurs considèrent que les charges occlusales peuvent affecter la phase d’ostéo-intégration d’un implant ainsi que sa survie sur le long terme. L’implant ostéo-intégré n’est pas entouré d’un desmodonte et une charge appliquée sur lui est transmise directement au péri-implant. Dans le cas d’une surcharge, des fractures ou des résorptions osseuses peuvent survenir. Le type de matériau composant la prothèse implantaire a été cité parmi les causes possibles de ces résorptions et, en 1980, quelques chercheurs ont recommandé des matériaux résilients comme la ­résine acrylique pour réduire les forces transmises à l’os. L’objet de cette étude in vitro est d’évaluer la capacité d’absorption des chocs de neuf matériaux de restauration différents, aussi bien conventionnels que modernes.

Matériel et méthode

Cette étude utilise un robot qui simule la mastication humaine. Sa partie mobile simule une mandibule tandis que la partie supérieure fixe simule un maxillaire. Une base, reposant sur la partie mobile, est équipée d’un capteur et comporte une cheville qui simule un pilier implantaire. Les échantillons de couronnes sont tour à tour placés sur cette cheville pour être soumis à des contraintes dans diverses directions lors de la mastication du robot. Les matériaux des prothèses testés (5 mm d’épaisseur) sont une zircone, une vitrocéramique pressée, une vitrocéramique basse fusion pressée, un alliage d’or, un matériau composite microhybride, un matériau composite microchargé, un matériau composite nanohybride et deux résines acryliques. Chaque couronne est soumise à cent cycles de mastication. Les forces transmises dans l’os péri-implantaire simulé sont mesurées et enregistrées.

Résultats et discussion

Les forces transmises par les différents matériaux testés sont significativement différentes, sauf pour la comparaison entre l’alliage d’or (344,8 N) et la vitrocéramique à basse fusion (344,5 N) car leurs modules de Young sont similaires. C’est la zircone qui transmet la force moyenne la plus importante (641,8 N) à travers l’implant simulé, suivie par la vitrocéramique pressée (484,5 N). Plus le module d’élasticité d’un matériau est élevé (plus grande est sa rigidité) et plus la force transmise est élevée et atteinte rapidement. Les trois composites de l’étude ont transmis des forces de 293,6, 236,0 et 187,4 N. Les deux résines acryliques ont transmis les forces les plus amorties : 39,3 et 28,3 N.

L’ESSENTIEL

Dans les limites de cette étude in vitro, plusieurs conclusions peuvent être tirées. Parmi les matériaux testés, la zircone, les vitrocéramiques et l’alliage d’or transmettent à l’os péri-implantaire des contraintes plus élevées que les composites et les résines acryliques qui, eux, réduisent significativement les forces transmises. En fait, les composites et les résines acryliques réduisent les contraintes occlusales respectivement jusqu’à - 70,80 et 95,59 % par rapport à la zircone. Plus le matériau est résilient, plus il se déforme facilement sous les pressions, plus le temps de transmission des forces est long et plus les contraintes subies par l’implant et l’os péri-implantaire sont réduites. Les résultats de cette étude suggèrent que les couronnes en composite, et mieux encore en résine acrylique, sont plus aptes à absorber les chocs des forces occlusales que celles fabriquées en zircone, en céramique ou en or.

Les limites de cette étude incluent le fait que le robot masticateur rigide ne reproduit pas l’élasticité des tissus des maxillaires humains et que les propriétés élastiques d’un implant, d’un pilier implantaire et d’une vis ne sont pas simulées.