Chirurgien-dentiste et prothésiste : un binôme plein de promesses - Clinic n° 06 du 01/06/2014
 

Clinic n° 06 du 01/06/2014

 

ENTRETIEN

Actu

ANNE-CHANTAL DE DIVONNE  

Pour François Duret, qui intervenait lors d’une conférence du Dental Forum, l’inévitable généralisation de l’empreinte optique ouvre de nouveaux horizons au binôme chirurgien-dentiste/prothésiste.

Avec l’arrivée de la CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur), les laboratoires ont craint leur disparition. Ils sont au contraire devenus en quelques années les « maîtres de la CFAO » affirme François Duret, qui en est l’inventeur. Aujourd’hui, 40 % des laboratoires sont équipés en CFAO et cette technique, qui progresse de 5 % par an, laisse à penser que tous le seront dans 10 ans. Certes, la CFAO est aussi entrée dans les cabinets dentaires. Mais dans des proportions sans équivalent : 5 % dans les cabinets contre 95 % dans les labos. Et pour François Duret, la confection de prothèses restera le rôle des laboratoires. Seule la fabrication des petits inlays qui remplacent les composites et des prothèses provisoires peut tenir sa place dans les cabinets.

L’empreinte optique : une révolution en marche

Et ce n’est pas l’arrivée de l’empreinte optique qui devrait remettre en cause ce schéma. Cette nouvelle technologie reste encore embryonnaire en France. Seuls 3 % des cabinets l’auraient adoptée (à comparer avec le tiers des cabinets canadiens !). Mais son développement est prévisible car c’est « indiscutablement la meilleure solution puisqu’elle réduit considérablement les imprécisions ». Et François Duret de démontrer la supériorité incontestable de l’empreinte optique. « Le laboratoire reçoit maintenant littéralement la bouche du patient telle qu’elle se présente sous les yeux du chirurgien-dentiste. La communication est totale grâce à l’empreinte et à la couleur. Quand on sait que les deux tiers des préparations en plâtre arrivant au labo sont difficilement exploitables et qu’un tiers des éléments prothétiques sont refaits à cause d’une empreinte insuffisamment précise, on comprend l’importance clinique et financière de cette interaction pendant les travaux ».

Une chaîne de communication

Dans l’avenir, l’empreinte optique ouvre la porte à de nouvelles évolutions majeures pour le binôme chirurgien-dentiste et prothésiste. Et François Duret d’en citer trois :

1. La communication ne se limitera plus aux échanges entre le cabinet dentaire et le laboratoire. Une immense chaîne de communication pourra intégrer aussi un troisième secteur qui peut être l’université, un laboratoire particulier ou encore un fournisseur de matériel.

2. De nouvelles méthodes de prise d’empreinte vont apparaître. Aujourd’hui, la tomographie en cohérence optique (OCT, optical coherence tomography) permet d’observer l’intérieur de la dent sur 2 à 3 cm. Mais les radiations empêchent actuellement la réalisation d’empreintes avec un cone beam. À l’avenir, l’association des deux techniques permettra de produire des empreintes de tissu sous-jacent mais aussi sus-jacent. La construction de la prothèse se fera sur des objets beaucoup plus complexes comme l’os, la gencive ou la joue du patient.

Des matériaux hétérogènes

3. Pour François Duret, l’apport le plus important de la CFAO est de donner accès à « tous les matériaux connus ». La dentisterie n’est plus contrainte aux matériaux coulés. « Ce n’est pas un progrès technique, c’est une ouverture vers autre chose. Une dent est une masse hétérogène qui réagit en fonction d’une force particulière. L’orientation des prismes respecte les points d’occlusion durant la mastication et l’histoire de la dent dans l’humanité. Grâce à la CFAO, on connaît les points d’impact. De nouveaux matériaux seront construits comme de la dent. Des cristaux de céramique orientés comme les cristaux d’émail ». Avec ces nouvelles technologies, on peut donc s’attendre à la « disparition des matériaux homogènes au profit de matériaux hétérogènes ! »