Un jeu de dextérité - Clinic n° 08 du 01/09/2014
 

Clinic n° 08 du 01/09/2014

 

Passions

ANTOINE WALRAET  

Omnipraticien à La Gorgue et Anstaing, deux communes du Nord, Rémi Houcke pratique le hockey sur gazon à un haut niveau depuis l’enfance. Il n’a jamais quitté son club d’origine, le Lille Métropole Hockey Club, avec lequel il enchaîne les matchs et les entraînements. Ancien assistant hospitalo-universitaire en chirurgie buccale à la faculté d’odontologie de Lille, il partage désormais son temps entre le cabinet et les terrains de jeux.

D’où vous vient cette passion pour le hockey ?

Dès l’âge de 6 ans, mes parents m’ont inscrit au hockey sur gazon avec mon meilleur ami d’enfance. Au départ, c’était difficile. Ce n’est pas comme au football où le corps interagit directement avec la balle. Au hockey, il y a la crosse entre les deux, c’est beaucoup plus subtil. Mais c’est surtout l’ambiance qui m’a plu. Les rencontres, l’esprit de groupe, c’est ce qui rend la pratique du hockey vraiment sympa !

Quel est votre poste au sein de l’équipe ?

J’ai toujours été attaquant. Il s’agit de savoir concrétiser toute une action de l’équipe. C’est grâce à tout le travail qui a été fait en amont que la balle vous arrive dans la crosse de hockey. Vous êtes alors seul face au but et il faut savoir marquer. C’est une responsabilité.

À quel rythme pratiquez-vous ce sport ?

Lorsque j’étais plus jeune, j’avais un entraînement par semaine. Puis à 12 ans j’ai commencé la compétition. Je n’ai marqué qu’une seule pause durant 4 ans pour me consacrer à mes études de chirurgien-dentiste, après le baccalauréat. Depuis, je fais deux entraînements de 2 heures par semaine ainsi qu’un match de compétition le week-end. J’alterne en hiver le championnat de hockey en salle et l’été le championnat sur gazon. Actuellement, notre équipe évolue dans le championnat Nationale 3.

Vous n’avez jamais pensé devenir professionnel ?

Jamais. Ça n’existe pas en France. Les seuls très bons joueurs français partent à l’étranger, en Espagne, aux Pays-Bas, où ils sont rémunérés. Mais ils touchent de petits salaires. C’est incomparable avec d’autres sports comme le football ou le basket, qui sont plus médiatisés.

Pourquoi avoir choisi la dentisterie comme voie professionnelle ?

Pour la dextérité manuelle. Petit, je faisais des maquettes d’avions, de motos, à de très petites échelles. J’avais ce côté manuel. Et par ailleurs, j’ai toujours baigné dans un milieu médical. Ma sœur aînée est chirurgien-dentiste ! Le choix s’est fait pendant ma première année de médecine. J’avais envie d’une vie sociale et familiale plus remplie qu’un médecin spécialiste qui, parfois, voue sa vie à son travail et en oublie un peu sa famille.

Qu’est-ce que le hockey vous apporte dans votre activité professionnelle ?

Jouer au hockey, c’est mon exutoire. Ça m’apporte une « zénitude ». Sur le terrain, je me dépense à fond et je relâche toute la pression, ce qui me permet d’être plus détendu et plus à l’écoute des attentes des patients au cabinet. Et ce sport me permet de m’entretenir physiquement, notamment en musclant le bas de mon dos. C’est important d’être gainé en dentisterie.

Quels points communs retrouvez-vous entre votre sport et votre métier ?

Je dirai tout d’abord la précision au niveau de la gestuelle. Dans le hockey, il faut être précis, que ce soit pour les passes ou pour un tir au but qu’il faut cadrer. Il y a également l’endurance. Je dois être capable de gérer un match entièrement, tout comme il faut savoir gérer une journée de travail au cabinet.

Et quelles valeurs associez-vous à ces deux pratiques ?

Le travail d’équipe et la cohésion, que ce soit au cabinet avec les assistantes, les secrétaires ou même un associé ou un collaborateur libéral. Il faut savoir déléguer, faire confiance, orienter. C’est la même chose au hockey. À un moment donné, il faut savoir aussi faire marquer les autres pour faire gagner son équipe et ne pas vouloir absolument marquer soi-même.

Y a-t-il des praticiens qui partagent votre passion ?

Oui, je connais d’autres praticiens qui jouent au hockey, il y en a pas mal. Et dans mon équipe, on compte aussi des médecins, des pharmaciens, des ingénieurs.

Concilier l’odontologie et le sport, n’est-ce pas trop difficile ?

Entre ma semaine au cabinet, les entraînements et les matchs le week-end, à un moment donné cela fait beaucoup. Je ne pourrais pas faire des matchs de compétition le week-end si je ne m’entraînais pas pendant la semaine. Mais j’y arrive parce que je suis jeune. Si je ne le fais pas à 30 ans, je ne le ferai jamais. Après, plus on vieillit au hockey, plus on descend en division. Le plus tard sera le mieux !

Avez-vous vécu un match particulièrement marquant ?

Lorsque je suis passé de minime à cadet avec mon meilleur ami. Nous devions avoir 15 ans et nous avions été surclassés pour jouer un match au cours duquel nous avons tous les deux marqué deux buts. C’était assez fou ! Nous avons été applaudis par tous les titulaires. C’est un moment que je n’oublierai jamais.

Ce sport vous a-t-il déjà valu des problèmes physiques ?

À 12 ans, j’ai pris une crosse en pleine mâchoire. Je n’ai eu qu’un gros œdème et aucune dent cassée. Aujourd’hui, je joue toujours avec un protège-dents ! Je me suis également déjà fait mal aux genoux et à l’épaule à la suite d’une chute, parce que je n’étais pas assez échauffé au début d’un match. J’ai perdu 6 mois, la moitié de la saison.

Quels sont vos projets ?

Concernant le hockey, j’espère continuer comme cela. Ce que j’aime, c’est jouer avec les jeunes. Ça me permet de rester dans le coup ! Avant, au hockey, le jeu était beaucoup plus plat, plus simple. Maintenant, c’est beaucoup plus aérien et plus rapide. C’est la jeunesse qui a apporté cela. Et à l’inverse, au cabinet, je préfère côtoyer des praticiens plus expérimentés, donc forcément plus âgés.