DJ et militant, une double mission - Clinic n° 10 du 01/10/2016
 

Clinic n° 10 du 01/10/2016

 

PASSIONS

CATHERINE FAYE  

Quoi qu’il entreprenne, Julien Camiat, ancien étudiant à l’UFR d’odontologie de l’université de Reims, fonce tête baissée, porté par des valeurs d’engagement, d’altruisme et de plaisir. Notamment à l’UNECD* dont il a été le premier vice-président en charge du pôle scientifique, et derrière les platines, où il mixe et anime les fêtes. Son credo ? Faire bouger les choses et les gens. Sa passion ? Mener la cadence.

Quelle a été votre première passion ?

J’ai commencé à être DJ quand j’étais lycéen, à Châlons-en-Champagne. Passionné de musique, je prenais des cours de piano au conservatoire, jouais de la guitare électrique. Puis, je me suis mis à mixer tout ce qui me tombait sous la main - rock, musique classique, jazz et beaucoup de techno - sur de vieilles platines vinyles achetées d’occasion. Je faisais ça dans les garages, chez mes copains. Ça leur a plu. J’y ai pris goût.

Qu’est-ce qui vous motive dans l’art d’être DJ ?

J’aime partager avec les autres les morceaux que j’apprécie et que je découvre. Le plus jubilatoire, c’est de faire danser une foule avec n’importe quoi, de glisser La Chenille au milieu de 4 heures de techno, de me mettre à chanter un air de Céline Dion, d’être capable de mixer différents styles musicaux, de sentir ce que le public attend, de taper juste. Tout en ne me prenant jamais au sérieux et en faisant plaisir aux gens, dans une atmosphère détendue.

Un ou deux morceaux que vous passez régulièrement ?

Don’t Stop Me Now de Queen, et Never grow old (Re-Plant) de Floorplan (aka Robert Hood). Deux morceaux qui illustrent mes deux styles de musiques préférés, le rock et la techno.

Quel genre de soirées animez-vous ?

Cette activité s’est développée parallèlement à mon parcours associatif. D’abord, avec l’ACECDR**, où j’étais chargé de faire le lien avec l’UNECD, et avec le conseil de gestion de l’UFR d’odontologie de Reims, où j’étais représentant des étudiants. Ils m’ont demandé si je voulais être DJ pour leurs soirées dentaires, leurs congrès, leurs galas, leurs week-ends d’intégration, j’ai accepté et ça ne s’est plus arrêté.

La dernière grande soirée ?

L’été était plus propice aux rave parties dans les champs champenois qu’aux Galas dentaires nationaux… mais les plus grosses soirées dentaires que j’ai faites étaient celles organisées au Virgo au pied de la Tour Montparnasse où plus de 1 500 personnes étaient présentes. Nous entrons dans la période de la tournée des weekends d’intégration, ça promet !

Votre engagement à l’UNECD est donc venu s’ajouter à l’animation de fêtes ?

C’est un élément déclencheur qui m’a ouvert les portes du militantisme. Alors que j’étais en deuxième année, on a lancé une pétition pour financer des travaux dans des salles insalubres de la faculté. Comme je n’ai pas peur de m’exprimer haut et fort, on s’est tourné vers moi. Le doyen m’a ensuite proposé de devenir représentant étudiant, ça m’a intéressé, surtout pour voir ce qui se passait ailleurs, et, de fil en aiguille, je suis entré au bureau de l’UNECD en 2014.

Où en êtes-vous de votre engagement associatif étudiant ?

Sur la fin ! J’ai fait partie du bureau de l’UNECD durant 2 années, la première fois en tant que Vice Président en charge de l’Enseignement Supérieur, et la seconde en tant que 1er Vice Président. L’année scolaire passée je me suis plus particulièrement occupé de l’enquête nationale portant sur une évaluation de la formation et du bien-être des étudiants en Chirurgie Dentaire de France; en novembre dernier, durant 14 jours près de 3 863 étudiants (sur un total de 6 599) ont répondu à notre questionnaire en ligne. Les résultats locaux triés par année ont été fournis au doyen et au chef de service de chacune des UFR d’Odontologie. Ma thèse qui sera présentée avant la fin de l’année portera sur ces résultats.

Comment menez-vous de concert toutes vos activités ?

Entre les soirées à animer, l’UNECD et mon stage pratique à l’hôpital Maison-Blanche de Reims, ce n’est pas évident. Mais j’ai la chance de me contenter de 5 heures de sommeil, ce qui me permet de jongler entre les trois.

Êtes-vous soutenu ?

Bien sûr ! Je ne suis pas seul dans toutes ces aventures. Tout d’abord, il y a mon équipe de DJ fêtards. Et pas n’importe lesquels. On a créé le Cim Crew, un collectif de 8 artistes étudiants en dentaire rémois réunis par la philosophie du « pounch », une sorte d’hédonisme créatif****. Au niveau associatif, j’ai toujours fait partie d’équipes soudées où tout le monde travaillaient ensemble et se tiraient vers le haut mutuellement. Et à Reims, l’ambiance entre les étudiants est connue pour être des plus sympathiques… et c’est un petit peu dur à quitter à l’issue de la sixième année !

Selon vous, qu’est-ce qui relie dentisterie, militantisme et animation des soirées en tant que DJ ?

Il y a en effet un dénominateur commun, c’est l’amour de son prochain. Dans le premier cas, en venant en aide à son patient, en lui redonnant un sourire, voire même en faisant qu’il retrouve une vie sociale. Dans le deuxième, en défendant le bien-être des étudiants par la gestion d’intérêts communs et en leur permettant d’étudier et d’aborder la vie active dans les meilleures conditions – c’est d’ailleurs ce qui me prend le plus de temps et ce dont je suis le plus fier. Dans le troisième, en créant les meilleures conditions pour qu’une fête soit réussie et que chacun y trouve du plaisir.

Comment voyez-vous votre avenir ?

Mes maîtres en la matières à Reims m’ont transmis la passion de l’Odontologie Pédiatrique et je pense à un futur exercice exclusif de la discipline. J’aimerais aussi changer un peu de région et quitter ma Champagne Ardenne natale, pour découvrir d’autres endroits, d’autres personnes; d’abord je vais aller m’installer prochainement dans en Provence où j’ai trouvé une collaboration. À long terme je pense que l’enseignement, qui me passionne également, ne sera pas à exclure du plan de carrière !

Vous quitteriez votre entourage ?

Même si j’aime être entouré, partir seul ne me fait pas peur. Un peu comme le héros de Into the wild, de Sean Penn, mais avec une fin heureuse !

C’est votre film préféré ?

Je citerais plutôt La vie est belle, de Frank Capra. Le héros, interprété par James Stewart, pense avoir raté toute sa vie. Un ange vient lui montrer tout ce qu’il a réussi au contraire. Un hymne à l’optimisme. Et à la vie.

* Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire. http://unecd.com

** Association corporative des étudiants en chirurgie dentaire de Reims. https://www.facebook.com/ACECDR

*** Institut français pour la recherche odontologique. http://www.adf.asso.fr/fr/nos-actions

**** K-MIA/Rocco (www.facebook.com)