« Les chirurgiens-dentistes ont pris le pli de l’externalisation de la PCR » - Clinic n° 12 du 01/12/2016
 

Clinic n° 12 du 01/12/2016

 

L’ENTRETIEN

Anne-Chantal de Divonne  

Le niveau de formation requis pour les personnes compétentes en radioprotection (PCR) internes a été allégé depuis 2 ans. Les chirurgiens-dentistes sont-ils pour autant incités à devenir leur propre PCR ? Non, estime Philippe Rocher, car la profession s’est habituée à déléguer la fonction.

Les praticiens trouvent-ils un intérêt à devenir PCR externes ?

Je pense que ces praticiens sont un peu en voie de disparition, et cela pour deux raisons. Certains, formés dans les débuts, se sont aperçu que cette fonction prenait du temps et ne rapportait peut-être pas autant qu’ils le prévoyaient. À cela s’ajoute le fait qu’aujourd’hui, la formation pour devenir PCR de son propre cabinet a été très simplifiée tandis que celle pour devenir PCR externe est alourdie.

Pourquoi ces évolutions dans la formation des PCR ?

À l’origine, l’idée des pouvoirs publics et du ministère du Travail était qu’une PCR soit présente dans chaque établissement utilisant du matériel de radiologie. Le problème est qu’une formation monolithique a été mise en place pour que les personnes soient compétentes quelle que soit l’exposition au rayonnement des lieux de travail, y compris les centrales nucléaires. De ce fait, la formation pour devenir PCR de son propre cabinet dentaire s’est avérée beaucoup trop importante et contraignante. Et l’idée d’une personne compétente dans tous les établissements a dû être abandonnée au profit de la PCR externe. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, les pouvoirs publics tentent de revenir à l’idée d’origine et de mettre les personnes compétentes sur le terrain, là ou se trouvent les appareils de radiologie. Même si ce ne sont pas des experts, on préfère des gens sur le terrain. Cela explique la création des trois niveaux de formation.

À terme donc, les chirurgiens-dentistes devraient tous devenir leur propre PCR…

Non, je crains que le pli de l’externalisation de la PCR soit pris ! La profession a choisi l’externalisation il y a une dizaine d’années. D’autres professions comme les vétérinaires ont fait le choix inverse bien que ceux-ci soient libéraux et que l’enjeu dans leurs structures soit faible, comme dans les cabinets dentaires. Mais ils se sont formés en masse et, maintenant, 90 % des vétérinaires sont des PCR internes. Je ne pense pas que les nouvelles formations plus simples aient un effet sur les habitudes prises dans notre profession.

Les étudiants en dentaire sont-ils incités à se former ?

La formation à la radioprotection des patients a bien été intégrée au cursus car elle est incontournable pour exercer. Mais à ma connaissance, seules les facultés de Lille et de Reims proposent une formation PCR, et encore, elles la proposent en option ! Les étudiants qui suivent cette formation sont ceux qui veulent vraiment être indépendants dans leur cabinet et qui souhaitent connaître leur responsabilité dans ce domaine. Il faut savoir que le praticien reste responsable en tant qu’employeur, même s’il fait appel à une PCR externe.

Trois niveaux de formation

L’arrêté du 6 décembre 2013 a refondu le dispositif de formation des PCR. Désormais, cette formation doit être adaptée à la nature et à l’ampleur du risque radiologique et aux conditions d’exécution de l’activité. Depuis le 1er juillet 2014, elle se décline donc en trois niveaux. Les formations PCR internes dans des activités de niveau 1 comme celles des cabinets dentaires sont assez simples et nécessitent une actualisation tous les 5 ans. À l’opposé, il existe un niveau de formation pour des experts dans le domaine industriel et nucléaire, qui passent maintenant 2 semaines complètes à se former et effectuent des manipulations sur le terrain. Entre les deux, les PCR externes doivent suivre un niveau de formation renforcé par rapport à ce qui existait auparavant.

À noter que la transposition en droit français de la directive Euratom en radioprotection, qui doit être effective avant le 6 février 2018, aura un impact sur le rôle des PCR.

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