Ankylose et décoronation - Clinic n° 12 du 01/12/2017
 

Clinic n° 12 du 01/12/2017

 

LE CAS CLINIC

Alice MODOLO*   Mujinga KEMBEKESA**   Martin GLORIFET***   Frédéric COURSON****  

Lucas, 11 ans, vient en consultation de contrôle car ses dents en haut à gauche « ne bougent pas » et laissent apparaître un espace interarcade (fig. 1 et 2). On observe en effet un décalage des bords incisifs entre les deux incisives centrales maxillaires avec une infraclusion de 21 et 22. Les deux incisives maxillaires gauches présentent un son « métallique » à la percussion. La radiographie de contrôle montre une résorption totale radiculaire de 22 et partielle de 21 (fig. 3).

Anamnèse et décision thérapeutique

L’anamnèse révèle en fait que ces deux dents ont été réimplantées à l’âge de 9 ans à la suite d’un traumatisme avec un temps extra-oral de 5 heures (fig. 4). Après la réimplantation, une contention a été mise en place durant 15 jours.

Des traitements radiculaires à l’hydroxyde de calcium ont été réalisés durant cette phase de contention. Trois mois plus tard, sur la radiographie panoramique, on observait une proximité de la canine permanente (13) qui avait entraîné la décision d’extraction de la canine temporaire (53) (fig. 5). Huit mois plus tard, on pouvait observer un début de résorption de remplacement, à la fois sur 11 et sur 12 (fig. 6 et 7), et le patient ne s’était pas présenté à ses rendez-vous suivants. Le diagnostic d’ankylose avec résorption externe est posé.

Séquences thérapeutiques

Pour ce patient, la décision d’extractions de 21 et 22 avec préparation au préalable d’une prothèse pédiatrique de 2 dents posée le jour de l’intervention est prise. Il est décidé aussi de faire une décoronation de 21, l’objectif de ce type d’intervention étant de préserver du capital osseux (dans le sens vertical et vestibulo-palatin) en enlevant la couronne clinique et en laissant la racine, en nettoyant toutefois le canal pour ôter tout matériau endodontique. Avant fermeture, on fait saigner le canal pour permettre un remplacement progressif de la racine résiduelle par de l’os néoformé.

Deux bagues sont essayées sur 16 et 26, une empreinte est prise avec repositionnement dans l’empreinte et une prothèse est réalisée avec deux dents contreplaquées et soudées sur l’arc en palatin (fig. 8 et 9).

La prothèse est scellée le jour même de l’intervention et le résultat esthétique pour le patient est satisfaisant (fig. 10 et 11).

Le suivi radiographique à 3 et 6 mois (fig. 12 et 13) montre en effet une résorption progressive radiculaire de 11 et le niveau de la crête alvéolaire semble conservé.

Alternatives et risques thérapeutiques

La phase chirurgicale peut se limiter aux extractions avec ou sans la mise en place d’un matériau de comblement.

À retenir

Les réimplantations de dents permanentes immatures présentent souvent des complications à terme, surtout quand le temps extra-oral est important. La prise en charge thérapeutique visera à conserver une esthétique acceptable pour le patient et à permettre une restauration prothétique à l’âge adulte en conservant, dans la mesure du possible, des tissus parodontaux sans nécessiter de greffes complémentaires (osseuse et/ou muqueuse).

À lire

Andreasen JO, Andreasen FM. Textbook and color atlas of traumatic injuries to the teeth. Oxford : Blackwell, 2007.

Naulin-Ifi C. Traumatologie clinique. De la théorie à la pratique. Paris : Espace ID, 2016.