De la maison médicale à la MSP - Clinic n° 03 du 01/03/2018
 

Clinic n° 03 du 01/03/2018

 

ENQUÊTE

L’exercice avec plusieurs professions de santé, Carol Petit le pratique depuis mars 1992 quand elle s’est associée à trois médecins pour créer une maison médicale à Senones, dans les Vosges.

Au fil des années, d’autres professionnels – généralistes, infirmières, kiné, chirurgiens-dentistes – les ont rejoints. Les murs ont été repoussés à deux reprises. Le pôle dentaire compte maintenant 4 chirurgiens-dentistes. Les échanges entre professionnels se sont développés très naturellement et facilitent l’exercice. « Jamais je n’aurais soigné des patients hémophiles si je n’avais pas été en maison médicale », reconnait Carol Petit. La maison lance aussi des expérimentations et des études en santé publique avec l’aide d’étudiants de la faculté de Nancy. Ces recherches ont permis de créer une vacation régulière d’un chirurgien-dentiste dans l’Ehpad de Senones.

En SISA

« Vous fonctionnez de façon informelle comme nous le voulons », ont expliqué l’an dernier les représentants de l’ARS venus à Senones pour convaincre la maison médicale d’intégrer le cadre des MSP. Les professionnels de santé hésitent et finalement acceptent, estimant qu’un budget supplémentaire leur permettrait de mieux soigner. « Nous n’avons rien changé à notre structure, nous avons simplement créé une SISA pour pouvoir recevoir un budget » explique Carole Petit. « Les moyens financiers permettent d’améliorer notre qualité de travail en santé publique. Une part importante de la somme nous a permis d’embaucher à plein temps la secrétaire qui était à mi-temps pour s’occuper de l’administratif. Et nous avons installé des écrans dans les salles d’attente pour faire de la prévention. » Le reste des revenus est réparti entre chaque profession, en fonction des présences aux réunions mensuelles et des cas présentés. Chaque profession répartit ensuite l’enveloppe entre ses membres. Le pôle dentaire a perçu 8 300 € en 2017.

Plus de rigueur

Les réunions ont été formalisées. « Cela nous oblige à plus de rigueur. Nous devons lister les dossiers à discuter, parler de nos patients autour d’une table, solliciter les avis, conclure sur chaque cas et informer le patient. Il nous arrive aussi de former les médecins, par exemple sur le bon usage des antibiotiques dans notre discipline. Je pense que nous pouvons gagner encore en rigueur sur les cas pour qu’ils concernent le plus de professions possible. Je sors toujours de ces réunions enrichie, même si les cas ne me concernent pas. Et cela fait du bien de se retrouver régulièrement, » reconnaît Carole Petit. Des protocoles pour le diabète et d’autres maladies ont été mis en place. « En fait la MSP nous pousse un peu plus vers la santé publique ; mais je me sens toujours aussi libérale », conclu la praticienne.