« La volonté de travailler ensemble » - Clinic n° 03 du 01/03/2018
 

Clinic n° 03 du 01/03/2018

 

ENQUÊTE

À travers ses 19 fédérations régionales, la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) a pour mission d’accompagner la création et le développement de ce type de structure.

Comment se portent les MSP ?

Leur nombre continue de croître. C’est donc que la dynamique pluri-professionnelle correspond bien à une attente. Et même si ce n’est pas la solution qui peut résoudre le problème des déserts médicaux, la présence d’une MSP est un facteur d’attractivité dans les territoires. L’IRDES (Institut de recherche et documentation sur l’économie en santé) observe une chute moins rapide du nombre de professionnels quand une maison s’implante dans une zone rurale déficitaire.

Quelles particularités observez-vous avec les chirurgiens-dentistes ?

Le lien est plus fort entre les médecins et les chirurgiens-dentistes quand ils font partie de l’équipe d’une MSP. Il y a un flux d’informations, notamment sur la gestion des anticoagulants mais aussi sur des actions de dépistage, de prévention ou sur des thématiques liées à l’alimentation, à la santé des patients précaires ou de jeunes enfants. Le lien peut donc être important et ne pas se résumer à un passe-droit pour obtenir un rendez-vous !

Mais intégrer les murs d’une MSP n’est pas toujours simple pour les chirurgiens-dentistes, en particulier quand leur cabinet compte déjà plus de deux praticiens. On tombe dans des problèmes logistiques et de coûts importants. Il est alors possible de s’organiser comme les pharmaciens qui font partie de la MSP sans intégrer le bâtiment.

Comment l’accord cadre interprofessionnel (ACI) a-t-il été accueilli ?

Aujourd’hui, 55 % des équipes de MSP l’ont signé. Cela montre aussi qu’il correspond à une attente. Cet accord permet de lancer l’équipe et d’accroître sa structuration selon trois axes :

– un système d’informations partagé permettant de prendre en charge le patient de façon pluri-professionnelle ;

– la reconnaissance d’une fonction de coordination qui est indispensable quand l’équipe atteint 15 à 20 professionnels de santé ;

– l’indemnisation des professionnels pour les actions qu’ils portent au sein de cette équipe.

Cet accord permet de faire vivre le projet de santé.

À quoi faut-il veiller lorsqu’on rejoint une MSP ?

À la nature du projet de santé. Est-ce un projet collectif ou un projet porté seulement par des élus ? C’est la volonté de travailler ensemble qui est importante. La plupart des actes réalisés restent du seul domaine du professionnel. L’idée est de prendre en charge collectivement certains types de patients et de pathologies.

Les jeunes générations sont-elles plus sensibles à ce mode d’exercice ?

Elles ont effectivement envie de travailler en équipe comme elles l’ont appris pendant leur formation à l’hôpital. Cela dit, les leaders qui ont créé les MSP jusqu’à présent ne sont pas forcément issus de la jeune génération ! C’est aussi un moyen de lutter contre l’épuisement professionnel !

Le départ du leader n’est-il pas un risque pour la MSP ?

Ce sont les inconvénients de l’équipe. Les MSP sont un mouvement jeune. Nous avons beaucoup à apprendre de l’entreprise sur la formation des leaders, leur soutien, le management de l’équipe, la transmission… C’est un grand enjeu. L’accord conventionnel reconnaît la fonction de coordination au sein de l’équipe. C’est un premier pas pour progresser sur le plan de la qualité et des outils utilisés. Mais la fonction management est balbutiante. La Fédération essaie de mettre en place des outils de formation pour que les leaders prennent la mesure de leurs responsabilités envers l’équipe.

Quel avenir pour les MSP ?

L’exercice individuel devient compliqué. Les pathologies sont de plus en plus complexes, la population vieillit et veut être prise en charge de manière plus globale. La santé, ce n’est pas seulement soigner sa carie mais aussi voir pourquoi on est en surpoids. Un seul professionnel n’a pas réponse à tout. Le défi va être d’organiser des équipes partout et qu’elles aient les moyens de fonctionner. Nous saluons la volonté de doubler les maisons de santé en 5 ans. Mais il faut aussi que les soins pratiqués dans ces maisons soient de qualité, évalués et efficients.