Trauma et dilacération corono-radiculaire - Clinic n° 02 du 01/02/2019
 

Clinic n° 02 du 01/02/2019

 

Le cas Clinic

Frédéric COURSON  

Lana, 9 ans et demi, vient en consultation adressée par un confrère car sa dent de devant ne « pousse pas ». L'examen clinique montre en effet que l'incisive centrale maxillaire permanente est absente (21) avec fermeture partielle de l'espace et déviation des milieux inter-incisifs (fig. 1 et 2). La radiographie confirme la présence du germe de la dent permanente mais en position...


Lana, 9 ans et demi, vient en consultation adressée par un confrère car sa dent de devant ne « pousse pas ». L'examen clinique montre en effet que l'incisive centrale maxillaire permanente est absente (21) avec fermeture partielle de l'espace et déviation des milieux inter-incisifs (fig. 1 et 2). La radiographie confirme la présence du germe de la dent permanente mais en position horizontale (fig. 3).

Décision thérapeutique

Deux ans auparavant, elle est tombée à l'école et avait consulté son praticien à l'époque qui avait dû extraire l'incisive temporaire centrale maxillaire gauche (61) (fig. 4).

À la suite de ce premier examen, un examen tomodensitométrique (CBCT) est demandé pour évaluer la possibilité de la traction orthodontique (fig. 5). Le CBCT montre que, suite probablement au trauma, l'anatomie radiculaire n'est pas dans l'axe coronaire. Le diagnostic de dilacération corono-radiculaire est posé.

La décision, en accord avec les parents, est de ne pas la tracter et d'aménager un espace pour la mise en place d'une prothèse pédiatrique transitoire remplaçant la 21 absente.

Séquences thérapeutiques

Trois brackets orthodontiques sont posés avec un dispositif de réouverture d'espace pendant 3 mois (fig. 6).

Pour cette première phase transitoire, une prothèse pédiatrique est réalisée à partir de bagues orthodontiques sur les premières molaires permanentes (fig. 7 et 8). Le résultat esthétique est satisfaisant (fig. 9 et 10).

Après une phase orthodontique éventuelle en denture adolescente jeune, un bridge cantilever pourra être réalisé. La phase chirurgicale d'extraction de la dent incluse est à réévaluer en fonction de différents paramètres (faisabilité opératoire, perte osseuse...). À l'âge adulte, une phase implantaire peut aussi être envisagée.

Alternatives thérapeutiques

La traction orthodontique semble très difficile. Seule une phase chirurgicale d'extraction précoce peut être discutée, l'immaturité de la dent incluse (stade 6 de Nolla) rendant cet acte plus facile que sur une dent mature. La faisabilité au fauteuil, au vu de la situation du germe et du jeune âge de l'enfant, est plus discutable.

En conclusion

La coopération entre le pédodontiste, le chirurgien et l'orthodontiste est indispensable pour mener à bien certaines situations complexes (traumatologie, dilacération corono-radiculaire). Certaines situations compliquées peuvent être gérées par des méthodes simples lors de cette première prise en charge pour redonner le « sourire » à nos jeunes patients.

À lire

  • Naulin-Ifi C. Traumatologie clinique. De la théorie à la pratique. Paris : Espace ID, 2016.
  • Singh H, Kapoor P, Sharma P, Dudeja P, Maurya RK, Thakkar S. Interdisciplinary management of an impacted dilacerated maxillary central incisor. Dental Press J Orthod 2018;23:37-46.
  • Topouzelis N, Tsaousoglou P, Pisoka V, Zouloumis L. Dilaceration of maxillary central incisor: a literature review. Dent Traumatol 2010;26:427-433.