Incidence des bisphosphonates sur la thérapie endodontique - Clinic n° 08 du 01/09/2013
 

Clinic n° 08 du 01/09/2013

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

Les bisphosphonates (BP) sont prescrits pour traiter des désordres osseux tels que l’ostéoporose ou la maladie de Paget, par exemple. L’ostéonécrose des mâchoires est l’une des complications imputables à la prescription de ces produits. Elle peut être déclenchée par des soins dentaires et, en particulier, par des extractions ou d’autres chirurgies buccales. En 2005, il a été mentionné une possible association entre les traitements endodontiques non chirurgicaux et les...


Les bisphosphonates (BP) sont prescrits pour traiter des désordres osseux tels que l’ostéoporose ou la maladie de Paget, par exemple. L’ostéonécrose des mâchoires est l’une des complications imputables à la prescription de ces produits. Elle peut être déclenchée par des soins dentaires et, en particulier, par des extractions ou d’autres chirurgies buccales. En 2005, il a été mentionné une possible association entre les traitements endodontiques non chirurgicaux et les ostéonécroses chez les patients traités par les BP. Les ostéonécroses liées aux extractions étant plus fréquentes, les traitements endodontiques doivent être préférés, si possible, chez les utilisateurs de BP. L’objet de cette revue de littérature est de décrire les implications cliniques endodontiques chez les patients concernés.

Revue

Il est admis que les BP diminuent la résorption osseuse et accroissent la minéralisation. Par leur riche vascularisation, les os des maxillaires concentrent hautement les BP. Ceux-ci entravent le renouvellement normal de l’os résultant en un os acellulaire qui pourrait s’infecter secondairement sous l’effet d’inflammations locales et de microtraumatismes de la muqueuse buccale. La réduction ou l’interruption du traitement aux BP ne semble pas modifier l’évolution de l’ostéonécrose. L’administration intraveineuse de BP est plus dangereuse que la prise buccale. La meilleure prévention est d’éviter toute chirurgie dentaire invasive et, de ce fait, toute procédure de chirurgie endodontique. Le traitement endodontique non chirurgical a été recommandé comme une solution de remplacement de l’extraction pour minimiser les risques. Mais il n’existe pas de preuve scientifique concernant le rapport risque/innocuité du traitement endodontique non chirurgical. Deux étapes de ce traitement sont susceptibles de déclencher le processus de l’ostéonécrose :

• la pose de la digue avec le risque de traumatisme de la muqueuse par le clamp et le risque de lésion gingivale lors du curetage de la carie ;

• la tentative d’élimination des débris intracanalaires qui peuvent contenir des bactéries et qui pourraient être extrudés dans l’os apical. Pour cela, la question se pose de savoir si une antibioprophylaxie est indiquée dans le cas du traitement endodontique d’une dent nécrosée chez un patient traité ou ayant été traité par des BP. Pas de réponse dans la littérature.

L’ESSENTIEL

Les patients traités avec des bisphosphonates (BP) pour des désordres osseux présentent un risque élevé de développer une ostéonécrose de la mâchoire dont l’extraction dentaire est l’un des principaux facteurs déclencheurs. Le traitement endodontique n’étant pas identifié comme un facteur de risque significatif, il est considéré comme une solution de remplacement de l’extraction favorable quand il est possible. En cas de traitement endodontique chez un patient traité par les BP, intraveineux ou ingérés, depuis plus de 3 ans et présentant des facteurs de risques concomitants (diabète, maladies rénales, ou consommation de corticoïdes), il est recommandé : de procéder, avant, à un rinçage de 1 minute avec de la chlorhexidine ; d’éviter les vasoconstricteurs dans les anesthésiques ; de travailler sous des conditions aseptiques, en éliminant les caries ou des restaurations infiltrées, en posant la digue, en désinfectant la dent ; d’éviter tout traumatisme muqueux lors de la pose d’un clamp ; d’éviter la perméabilité des foramens apicaux ; d’éviter tout dépassement du matériau d’obturation dans l’environnement périapical ; d’instaurer une antibio­prophylaxie bien que celle-ci fasse l’objet d’un manque de preuve dans la littérature médicale.