Comment ça va ? - Implant n° 1 du 01/02/2012
 

Implant n° 1 du 01/02/2012

 

ÉDITORIAL

Xavier Assémat-Tessandier  

Rédacteur en chef

L’interrogation la plus prononcée dans les congrès dentaires, lors des réunions de formation continue ou dans les conférences professionnelles est : « Comment ça va ? ».

La réponse varie de : « Bien et toi ? » qui en réalité veut dire : « Mal et j’espère que pour toi aussi », le sourire cherchant à masquer le fond de la pensée ; en passant par : « Très bien et toi ? » qui signe un mensonge éhonté ; jusqu’à : « Super, mieux c’est...


L’interrogation la plus prononcée dans les congrès dentaires, lors des réunions de formation continue ou dans les conférences professionnelles est : « Comment ça va ? ».

La réponse varie de : « Bien et toi ? » qui en réalité veut dire : « Mal et j’espère que pour toi aussi », le sourire cherchant à masquer le fond de la pensée ; en passant par : « Très bien et toi ? » qui signe un mensonge éhonté ; jusqu’à : « Super, mieux c’est impossible ! » et là votre interlocuteur est atteint de démence précoce ou alors de cécité intellectuelle.

Car, en réalité, le dernier sondage TNS Sofres sur les professions libérales de santé montre que 55 % des praticiens ne referaient pas le même métier et 80 % opteraient pour un exercice de groupe (en SEL, en maison de santé ou en cabinet avec plusieurs praticiens). Les craintes majeures pour l’avenir sont l’augmentation des charges, la dévalorisation de la profession avec une surcharge de travail en rapport avec la baisse du nombre de praticiens et, enfin, les contraintes administratives et réglementaires.

Par ailleurs, 63 % des praticiens estiment que leurs patients repoussent certains soins pour des raisons économiques.

En conséquence, 58 % des chirurgiens-dentistes ne recommanderaient pas l’exercice libéral de la profession.

Afin de conserver leur expertise technologique, 29 % des chirurgiens-dentistes souhaitent changer leur matériel dès qu’un matériel plus performant apparaît. Au vu des nouveautés présentées actuellement dans le domaine de la radiologie 3D, de la réalisation CAD-CAM des prothèses, de la chirurgie guidée et de l’endodontie, le choix est vaste et le niveau d’investissement élevé. Le problème est que l’accompagnement des banques dans le contexte financier actuel est beaucoup moins important que par le passé. Les professions libérales sont dans le collimateur des banquiers et notre profession arrive en deuxième position des groupes à risque, derrière les avocats.

Lors de l’exposition du dernier congrès de l’ADF, j’ai pu noter que le ticket d’entrée pour acheter du matériel était à 30 000 €. Un fauteuil : 30 000 €, un matériel pour empreinte optique : 30 000 €, un scanner de prothèse : 30 000 €, la radiologie 3D ou un microscope explosent le budget.

Dans ces conditions, l’amortissement du nouveau matériel permettant d’exercer selon les possibilités apportées par les dernières technologies n’est pas accessible dans le cadre d’une nomenclature figée dans son évolution depuis si longtemps.

Il est loin le temps de l’optimisme et du calembour facile lorsque « Comment ça va ? » se disait : « Comment vas-tu yau de poêle ? » et que l’on répondait : « Et toile à matelas ! », signe d’une jovialité francophone contagieuse.