L’effet du tabac sur la régénération osseuse parodontale : revue systématique et méta-analyse - JPIO n° 02 du 01/05/2012
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2012

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique

Parodontologie recherche

Brenda Mertens  

But de l’étude

L’effet du tabac sur les tissus mous après un traitement parodontal a été déjà largement étudié. Le but de cette méta-analyse est d’analyser l’effet du tabac sur les tissus durs et plus précisément son effet sur la régénération osseuse.

Matériel et méthode

Les auteurs ont suivi les recommandations soulignées dans le PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analysis). La recherche a été réalisée...


But de l’étude

L’effet du tabac sur les tissus mous après un traitement parodontal a été déjà largement étudié. Le but de cette méta-analyse est d’analyser l’effet du tabac sur les tissus durs et plus précisément son effet sur la régénération osseuse.

Matériel et méthode

Les auteurs ont suivi les recommandations soulignées dans le PRISMA (Preferred Reporting Items for Systematic Reviews and Meta-Analysis). La recherche a été réalisée sur cinq bases de données électroniques et des études publiées jusqu’en décembre 2010 ont été incluses. Seules des études cliniques prospectives et rétrospectives en anglais, analysant la régénération osseuse après traitement parodontal chez les fumeurs et les non-fumeurs, sont sélectionnées. Ensuite, les études retenues doivent également inclure des mesures cliniques, radiologiques et avoir relevé les complications après la régénération osseuse.

Résultats

Sur 1 799 articles sélectionnés au départ, seuls 10 ont été retenus. La plupart des études ont été exclues par manque de précisions dans leurs résultats. Dans les études incluses, il y a de fortes variations de modèles d’étude, de nombre de sujets, de nombre de fumeurs et des variations dans la définition du fumeur en général. Huit études analysent le traitement des lésions infra-osseuses (quatre par régénération osseuse guidée, quatre par médiateur biologique comme les protéines dérivées de la matrice amélaire) et deux les défauts de furcations. Toutes les études montrent un effet négatif du tabac sur la régénération osseuse et six études concluent que le tabac a une influence négative significative sur le gain osseux après traitement chirurgical des défauts parodontaux. De plus, les fumeurs montrent plus d’exposition de membranes. La méta-analyse montre chez les fumeurs un gain osseux beaucoup plus faible après un traitement par régénération osseuse guidée et une différence standardisée moyenne de - 2,05.

Conclusion

Le tabac a un effet négatif sur la régénération osseuse après un traitement parodontal. Les patients devraient être prévenus que leur addiction au tabac peut conduire à une régénération osseuse moins importante après le traitement parodontal.

Commentaires

Cette revue montre qu’il est pas toujours évident de faire le point sur une question parce que les études sont hétérogènes et que la définition d’un fumeur varie d’une étude à l’autre. De plus, les patients sont classés en fumeur et non-fumeur d’après un questionnaire, ce qui peut être source d’erreurs (certains patients fumeurs ne se considèrent pas toujours comme fumeurs et d’autres le taisent). Pour cette raison, certains auteurs préconisent de réaliser des analyses biochimiques en mesurant le niveau de cotinine et d’avoir ainsi des études plus standardisées. Il est néanmoins évident que le tabac a une influence négative avérée, qu’il est bien défini dans la littérature comme un facteur de risque modifiable majeur de la maladie parodontale et de la cicatrisation après tout traitement parodontal. Il semble donc être du devoir et du rôle du chirurgien dentiste d’informer son patient et de lui proposer un sevrage. De plus, si un traitement parodontal chirurgical est nécessaire, le patient doit être informé des effets toxiques du tabac : ralentissement et inhibition des mécanismes de défense et, même, de certaines phases de la cicatrisation. Le bénéfice sera donc nettement réduit. En tout état de cause et si le patient refuse le sevrage, le plan de traitement devrait être adapté à la situation et le rapport bénéfice/risque du traitement correctement évalué.

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