Accélération de la décompensation pré-chirurgicale des incisives mandibulaires dans les classes III squelettiques, par utilisation d’une corticotomie d’augmentation - JPIO n° 02 du 01/05/2013
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2013

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique

Parodontologie recherche

Renaud Rinkenbach  

But de l’étude

Les auteurs désirent évaluer l’importance de la décompensation vestibulaire des incisives mandibulaires ainsi que les modifications parodontales consécutives à une corticotomie associée à une augmentation osseuse. Tous les patients suivis dans cette étude seront par la suite traités chirurgicalement afin de corriger leur classe III squelettique.

Matériel et méthode

Les auteurs ont sélectionné 15 patients (7 hommes et 8 femmes, d’une...


But de l’étude

Les auteurs désirent évaluer l’importance de la décompensation vestibulaire des incisives mandibulaires ainsi que les modifications parodontales consécutives à une corticotomie associée à une augmentation osseuse. Tous les patients suivis dans cette étude seront par la suite traités chirurgicalement afin de corriger leur classe III squelettique.

Matériel et méthode

Les auteurs ont sélectionné 15 patients (7 hommes et 8 femmes, d’une moyenne d’âge de 25 ans) présentant une classe III squelettique nécessitant un protocole orthodontico-chirurgical dans le cadre de leur traitement. Ces patients ont bénéficié, tout au début de leur préparation orthodontique, d’une corticotomie vestibulaire (verticale entre les racines et horizontale à 2 mm sous les apex), associée à une augmentation du volume osseux (os bovin du type Bio-Oss®) en regard des racines de leurs incisives mandibulaires. Une téléradiographie de profil a été réalisée au début du traitement et juste avant la chirurgie. L’importance de la vestibulo-version des incisives, l’épaisseur de l’os alvéolaire ainsi que la qualité de l’environnement parodontal ont été évaluées tout au long du traitement.

Résultats

On note une décompensation par vestibulo-version incisive de 10,45° (p < 0,001) par rapport au plan mandibulaire.

Le bord incisif des incisives mandibulaires a été vestibulo-versé de 3,47 mm.

La largeur de l’os alvéolaire a été augmentée de 1,56 mm en regard des apex incisifs et de 1,98 mm en regard du point B.

Aucune récession gingivale n’est apparue au cours du traitement.

Les auteurs ont remarqué deux phénomènes différents d’accroissement osseux :

– l’un proportionnel à l’inclinaison de l’incisive en vestibulaire. L’os alvéolaire dans la zone cervicale a été maintenu dans 60 % des cas (9 patients) ;

– l’autre montrant une meilleure augmentation de l’épaisseur de l’os alvéolaire dans la zone du point B dans 40 % des cas (6 patients).

Conclusion

Cette technique permet un meilleur contrôle osseux dans la zone des incisives mandibulaires lorsque ces dernières doivent être vestibulo-versées en prévision d’une intervention chirurgicale, notamment dans les classes III squelettiques. Elle met en évidence une conservation de l’épaisseur osseuse alvéolaire et du respect de l’environnement parodontal tout au long du traitement. Par conséquent, elle évite les risques de déplacement de l’incisive hors des limites osseuses, souvent associés à d’importantes récessions gingivales.

Commentaires

Nous soignons quotidiennement des patients en tentant de réparer ce que la nature à moins bien fait, c’est cependant toujours au prix de petits compromis, de petites concessions : un décalage squelettique de classe II pourra être rattrapé soit par de la croissance mandibulaire (situation idéale, encore faut-il qu’il persiste de la croissance), soit par une avancée en « tiroir » de l’ensemble de l’arcade mandibulaire avec comme effet une vestibulo-version des incisives pouvant entraîner des récessions gingivales iatrogènes. Un renfort parodontal pourra être proposé alors pour masquer les effets de cette perte d’os, mais l’idéal serait de permettre aux incisives d’évoluer dans de l’os.

Cette logique pourrait également s’appliquer au sens transversal souvent défaillant où l’on devine les racines dentaires procidentes sous la muqueuse, mais aussi lors de mésialisations de molaires dans les sites édentés avec apparition de déhiscences radiculaires consécutives à ce type de mouvement. Bien souvent, la distance bicorticale ne permet plus d’accueillir une racine dentaire dans de bonnes conditions : voilà, à nouveau, un compromis que l’on nous demande de faire.

On rentre dans une nouvelle ère de l’orthodontie plus rapide, qui repousse aussi les limites des effets secondaires indésirables, et cette étude pilote pourrait être une ouverture vers un nouveau concept thérapeutique. Elle demande cependant un peu de recul dans le temps ainsi qu’un plus grand nombre de sujets traités et suivis pour estimer le réel bénéfice de cette corticotomie augmentée par de l’os.