Pose d’implant avec chirurgie peu invasive après établissement d’un diagnostic et d’un plan de traitement en toute sécuritéMinimally invasive implant placement following a careful diagnostic and treatment protocol is safeA proof of principle computerized tomography study - JPIO n° 02 du 01/05/2013
 

Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2013

 

Article

William BECKER*   Moshe GOLDSTEIN**   Burton E. BECKER***  


*DCD, maîtrise ès sciences en dentisterie Exercice privé, Tucson Professeur de clinique en parodontologie, École de dentisterie, université de Californie du Sud, Los Angeles, États-Unis
**DCD, maîtrise ès sciences en dentisterie Directeur des études de troisième cycle de parodontie, Département de parodontologie, Faculté de médecine dentaire, Centre médical universitaire Hadassah-Hebrew, Jérusalem, Israël
***DCD, exercice privé, Tucson, États-Unis

Résumé

Les techniques de pose d’implant sans lambeau ont l’avantage de diminuer le saignement, de réduire l’inconfort du patient et d’offrir une option thérapeutique sûre.

Le but de cet article est de rapporter des résultats provenant d’une petite cohorte de patients ayant reçu des implants dentaires avec une chirurgie sans lambeau. Des tomodensitogrammes du site implantaire ont été réalisées immédiatement après l’implantation.

Onze patients traités de façon consécutive ont reçu des implants dentaires avec une approche sans lambeau. Le lendemain du traitement, des tomodensitogrammes ont été réalisés au niveau des sites traités. Les scanners ont permis d’évaluer la relation de l’implant avec les structures anatomiques vitales (nerf mandibulaire, nerf mentonnier, perforation des corticales vestibulaires ou linguales ou perforation accidentelle du plancher sinusien). Il a été demandé aux patients de signaler tout problème d’engourdissement persistant, de gonflement et de saignement. Après un minimum de 1 an de traitement, les patients ont été revus et des radiographies rétroalvéolaires ainsi que des photographies cliniques ont été prises, puis ils ont été questionnés sur d’éventuels effets indésirables relatifs à l’implantation.

Un tomodensitogramme a été réalisé chez 10 patients qui avaient reçu 13 implants consécutifs. Tous les implants ont été posés selon une approche chirurgicale sans lambeau. Les scanners révèlent qu’ils tous sont entourés par de l’os d’apparence normale, qu’aucun d’entre eux n’interfère avec la cavité sinusienne, les nerfs mandibulaire ou mentonnier et que leur restauration et leur mise en fonction n’ont été suivies d’aucun effet indésirable.

Les résultats de cette étude sur un petit échantillon de patients non randomisés, fondée sur la recherche d’une preuve de principe, démontrent que les implants placés selon un protocole sans lambeau et mis en fonction sont dépourvus du moindre effet indésirable 1 an minimum après leur pose et leur restauration. Avec cette approche chirurgicale très peu invasive, ce type de traitement peut s’appliquer en toute sécurité.

Summary

Flapless implant placement procedures have the potential to minimize bleeding, diminish patient discomfort and have been reported to be a safe treatment option.

The aim of this paper is to report results from a small patient cohort who received dental implants using a flapless implant placement protocol.

Eleven consecutively treated patients received dental implants using a flapless approach. A small precision drill (Nobel Biocare, Yorbal, Linda CA) was used as an the initial drill, penetrating through the mucosa and into the alveolar bone. Punch instruments have also been successfully used during flapless surgery. Computerized scans were evaluated in terms of implant relation to vital structures (mandibular nerve, mental nerve, and perforation of buccal or lingual plates or inadvertent perforation of the sinus floor. A minimum of 1-year post-treatment patients were recalled, periapical radiographs and clinical photographs were take and patients were questioned regarding any deleterious effects of implant placement.

Computerized tomography was taken on 10 patients with 13 consecutively placed implants. All patients received implant placement using a minimally invasive flapless protocol. The scans revealed all implants were surrounded by normal appearing bone and none encroached on the sinus cavity, mandibular or mental nerves and all were restored and in function without any adverse symptoms.

Results of this proof of principle patient cohort demonstrates implants placed using the flapless protocol were in function and without adverse symptoms a minimum of 1 year after implant insertion and restoration.

Key words

Flapless surgery, safety, CT scans, minimally invasive

Introduction

La pose d’implants selon une approche chirurgicale sans lambeau et très peu invasive a l’avantage de réduire le saignement et l’inconfort et de limiter la durée de la phase chirurgicale du traitement. Il existe de nombreuses publications portant sur différentes méthodes d’implantation sans lambeau et leurs résultats (Choiet al., 2008 ; Fortinet al., 2006 ; Leeet al., 2010, 2011 ; Maloet al., 2008 ; Oliveret al., 2011). En 2005, nous avons publié une étude clinique prospective sur la chirurgie peu invasive (Beckeret al., 2005), qui comprenait le diagnostic et le plan de traitement. Tous les patients sauf 1 ont été suivis pendant les 2 années qui ont suivi la pose des implants. Le taux de succès cumulatif est de 98,7 %, avec la perte de 1 implant. Les mesures radiographiques montrent que la perte moyenne d’os crestal est cliniquement et statistiquement non significative. Par la suite, nous avons publié une évaluation du suivi des patients (Beckeret al., 2009). L’étude initiale portait sur 57 patients (33 femmes âgées de 24 à 86 ans et 24 hommes âgés de 27 à 81 ans), recrutés dans 3 centres cliniques (Tucson, Arizona ; Gotenburg, Suède ; Tel Aviv, Israël) et qui ont reçu en tout 79 implants. Après une durée moyenne de 3 ans et 8 mois, les patients ont été contactés et invités à revenir dans leur centre clinique respectif afin d’être réexaminés (Beckeret al., 2006). 37 patients porteurs de 52 implants sont revenus pour un examen de suivi ; les 20 patients restants (27 implants) n’ont pas pu être contactés et ont donc été considérés comme perdus de vue. Le taux de survie cumulatif lors de l’examen à 3-4 ans était toujours de 98,7 %, reflétant la perte de 1 implant. La profondeur moyenne au sondage lors de la connexion du pilier était de 2,2 mm, comme l’indique le rapport de l’étude initiale (examen effectué environ 2 ans après l’implantation) ; elle était de 2,4 mm à la fin des examens de suivi à 3-4 ans lors du second examen de suivi. Ce changement n’est pas statistiquement significatif. Les indices de saignement ne sont pas non plus significatifs entre les deux examens. Le niveau moyen d’os crestal était de – 0,7 mm lors de l’examen à 2 ans et de – 0,8 mm lors de l’examen à 3 ans, ce qui est quasiment significatif (p < 0,06). Pour déterminer la sûreté de la chirurgie sans lambeau, la technique a été évaluée dans une étude sur canines (Beckeret al., 2006). Des implants anodisés poreux (TiUnite, Nobel Biocare, Yorba Linda, Californie) ont été placés dans des secteurs édentés postérieurs de la mandibule. Les implants étaient stables lors de leur insertion, stabilité qui s’est accrue au bout de 3 mois sans que l’on puisse relever de différence significative entre les approches chirurgicales. L’évaluation histologique montre un important contact os-implant (chirurgie sans lambeau : 54,7 ± 8,4 % ; témoin : 52,2 ± 13,0 % ; p > 0,05) et l’on n’observe aucune inclusion de tissu gingival ou de corps étranger. Aucune différence significative des niveaux d’os marginal entre les deux approches chirurgicales n’a été relevée après l’insertion ni au bout de 3 mois.

Une étude récente a comparé la chirurgie à lambeau et sans lambeau (De Bruynet al., 2011). Le taux de survie moyen était de 100 % avec quelques légères variations pour le niveau de l’os crestal. Un petit groupe de 16 patients a été divisé en deux : implantation avec lambeau et sans lambeau (Lindeboomet al., 2010). 96 implants ont été placés avec succès. Tous les implants ont été posés selon une approche en deux temps et des prothèses totales ont été adaptées après la pose. On n’observe aucune différence entre les deux approches que ce soit en termes de crainte des soins dentaires, d’impact émotionnel, d’anxiété, de durée d’exécution ou de difficulté technique, bien que le groupe « sans lambeau » ait présenté des scores beaucoup plus élevés que le groupe « avec lambeau ». La qualité de vie des patients de ce dernier groupe a été moins affectée et ils étaient plus nombreux à ne signaler aucune douleur lors de la pose.

Les différences dans les résultats que l’on observe suggèrent que les patients du groupe « sans lambeau » ont plus souffert que les patients du groupe « avec lambeau ». Cependant, l’article ne précise pas le niveau d’expérience des chirurgiens qui ont opéré.

Série de patients

Afin de déterminer si la pose d’implants selon une approche sans lambeau peut se faire en toute sécurité, il a été décidé de réaliser 13 tomodensitogrammes consécutifs chez 10 patients ayant reçu des implants selon une approche sans lambeau. À l’exception d’un tomodensitogramme prise 2 semaines après l’implantation, tous les autres ont été réalisés 1 jour après l’implantation. Les patients ont été informés sur l’objectif de cette étude et avaient la possibilité de refuser le traitement, les tomodensitogrammes ont été réalisés gratuitement. Le traitement a été effectué en conformité avec les accords d’Helsinki (Schuklenk, 2001). Le tableau 1 donne des informations sur le nombre de patients traités, la localisation des sites traités selon la position des dents, la longueur et le diamètre des implants. Les implants utilisés avaient soit une surface poreuse et anodisée, soit une surface bimodale. Les coupes de scanners numérisées pour 8 des 13 implants placés sans lambeau sont présentées à la figure 1. Un patient n’a pu être contacté pour l’examen de suivi. La vue d’ensemble des scanners montre qu’aucun des implants n’interfère avec les nerfs mentonnier ou mandibulaire. Par ailleurs, aucun des patients n’a signalé de diesthésie ou de paresthésie. Tous les implants ont été en fonction durant au moins 1 an. La figure 2 et 3 montre un patient qui a reçu des implants selon l’approche sans lambeau.

Conclusion

Les résultats de cette preuve de principe rapportés dans le présent article indiquent que la pose d’implants après avoir émis un diagnostic et utilisé des protocoles de traitement méticuleux peut se faire en toute sécurité. Les tomodensitogrammes réalisés peu après l’implantation montrent que les implants posés selon une approche sans lambeau n’interfèrent pas avec les nerfs mandibulaire et mentonnier ou d’autres zones anatomiques à respecter.

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