Toxicités buccales des médicamentsGuide pratique - Cahiers de Prothèse n° 179 du 01/09/2017
 

Les cahiers de prothèse n° 179 du 01/09/2017

 

À lire

L'ouvrage Toxicités buccales des médicaments est un nouvel outil très attendu des odontologistes. Il rassemble de façon exhaustive les effets indésirables des médicaments constatés dans la cavité buccale. Indispensable aux cliniciens spécialistes des pathologies de la muqueuse buccale, sa riche iconographie permet aussi une utilisation quotidienne au cabinet d'omnipratique. Il permet de ne plus omettre le diagnostic de lésions d'origine iatrogène restant trop souvent sans...


L'ouvrage Toxicités buccales des médicaments est un nouvel outil très attendu des odontologistes. Il rassemble de façon exhaustive les effets indésirables des médicaments constatés dans la cavité buccale. Indispensable aux cliniciens spécialistes des pathologies de la muqueuse buccale, sa riche iconographie permet aussi une utilisation quotidienne au cabinet d'omnipratique. Il permet de ne plus omettre le diagnostic de lésions d'origine iatrogène restant trop souvent sans étiologie.

Certains effets indésirables des médicaments sont connus. C'est le cas des accroissements gingivaux causés par les anti-épileptiques (phénytoïne), les inhibiteurs calciques (nifédipine) ou les immunosuppresseurs (cyclosporine), des hémorragies buccales favorisées par les anticoagulants (Sintron®, Coumadine®), de la xérostomie retrouvée avec les psychotropes (imipramine, fluoxétine, paroxétine) ou des ulcérations causées par certains AINS (piroxicam), le nicorandil (anti-angineux), le méthotrexate. En revanche, des réactions lichénoïdes, des dysgueusies ou des ulcérations causées par des médicaments tels que les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (Captopril®), les antagonistes des récepteurs AT1 de l'angiotensine (losartan, valsartan) ou les anti-TNF alpha (infliximab) pouvaient rester parfois sans diagnostic, car méconnues en pratique quotidienne.

De plus, l'avènement de traitements novateurs tels les inhibiteurs des tyrosines kinases (anti-VEGF, sunitinib, Stutent® utilisé pour le cancer du rein métastasique), les anticorps monoclonaux (bévacizumab, Avastin® dans le cancer du sein) induit de nombreuses toxicités buccales (ostéochimionécrose). L'ouvrage traite d'ailleurs exclusivement des nouvelles thérapies ciblées anticancéreuses dans son dernier chapitre.

Il rappelle aussi le rôle des professionnels de santé dans la déclaration des effets indésirables des médicaments. L'iatrogénie buccale doit être connue pour informer les patients et adapter la conduite à tenir. Le rapport bénéfice/risque des traitements doit être évalué en fonction de leurs effets indésirables prévisibles et connus. Cet ouvrage nous le rappelle.

Les auteurs ont voulu être synthétiques grâce à des « mémentos », des arbres diagnostiques ou décisionnels rappelant, pour chaque effet indésirable traité, les principales molécules causales et les conduites à tenir. Un diagnostic différentiel détaillé pour chaque symptôme permet de rappeler que l'étiologie médicamenteuse doit être le plus souvent un diagnostic d'élimination qui devra toujours être vérifié une fois le traitement arrêté ou changé par le médecin prescripteur.

Bravo aux auteurs !

Analysé par Arnaud Lafon
MCU-PH, Faculté d'odontologie de Lyon