Bonne satisfaction des patients porteurs de 2 implants distaux pour stabiliser un stellite mandibulaire de classe I de Kennedy selon une étude prospective multicentrique.
 

Les cahiers de prothèse n° 162 du 01/06/2013

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Un édentement de classe I de Kennedy à la mandibule opposé à une prothèse complète maxillaire (PAC) est toujours une situation clinique difficile à résoudre. La solution de prothèse amovible partielle (PAP) ne permet de retrouver qu’une efficacité masticatoire limitée et est source d’inconfort pour le patient même si sa mise en œuvre est peu invasive. Les motifs principaux d’insatisfaction avec un stellite de classe I sont le manque de rétention et les...


Pourquoi ?

Un édentement de classe I de Kennedy à la mandibule opposé à une prothèse complète maxillaire (PAC) est toujours une situation clinique difficile à résoudre. La solution de prothèse amovible partielle (PAP) ne permet de retrouver qu’une efficacité masticatoire limitée et est source d’inconfort pour le patient même si sa mise en œuvre est peu invasive. Les motifs principaux d’insatisfaction avec un stellite de classe I sont le manque de rétention et les tassements alimentaires sous les selles prothétiques. Dans les années 1970, a été proposée l’adjonction d’implants en partie distale de crête, sous la prothèse. Cela procure une meilleure stabilité et rétention, évite une résorption osseuse crestale et limite les contraintes sur les dents bordant l’édentement. Les prothèses amovibles avec complément de rétention implantaire (PACRI), sont une solution simple, économique et peu invasive de traitement. Quelques études décrivent l’intérêt de ce dispositif mais il n’y pas de haut niveau de preuve de l’amélioration de la satisfaction des patients qui passent d’un stellite de classe I à une PACRI de classe III.

Le but de cette étude est de comparer les niveaux de satisfaction d’un patient qui passe d’une PAP à une PACRI. La première hypothèse est que cette satisfaction augmente. La seconde hypothèse est qu’elle augmente encore davantage lorsque des attachements boules sont fixés sur les implants à la place des piliers de cicatrisation.

Comment ?

Un groupe de 48 patients mécontents de leur PAP mandibulaire opposée à une PAC maxillaire a été recruté dans trois centres aux Pays-Bas, en Colombie et en Nouvelle-Zélande. Les participants sont divisés en 4 groupes de 12, un groupe test dans chaque pays et un groupe témoin en Nouvelle-Zélande. Tous les patients reçoivent un stellite mandibulaire et une PAC maxillaire réalisés selon les mêmes principes et les mêmes schémas occlusaux. Dans les 3 groupes test, les patients reçoivent 2 implants Straumann de 4,1 mm de diamètre et leurs piliers de cicatrisation, en place des secondes molaires mandibulaires, 12 semaines après la pose des stellites. Après 14 semaines de cicatrisation, les piliers boules sont vissés et les attachements or Dalla Bona sont fixés dans l’intrados des stellites qui deviennent ainsi des PACRI. Les patients sont suivis pendant 3 ans, ils ont complété des questionnaires de satisfaction, identiques dans les 3 centres. Ils comportaient 12 doléances possibles auxquelles il fallait répondre par oui ou non. Des questionnaires en 6 questions (type échelle de Likert) portaient sur la satisfaction générale, la stabilité, l’apparence et l’élocution avec la prothèse mandibulaire. Il y avait aussi une échelle visuelle analogique pour évaluer certaines caractéristiques des prothèses. Des questionnaires sur l’impact sur la santé du traitement réalisé (OHIP et OHIQ) étaient aussi utilisés avant et après traitement. Tous les résultats étaient rassemblés et traités par le logiciel SPSS pour analyse statistique.

Et alors ?

Les doléances avant traitement sur la PAC maxillaire concernaient la douleur, la perte de rétention et l’infiltration d’aliment sous la prothèse. Pour le stellite mandibulaire, il s’agissait surtout de difficultés pour l’alimentation, de l’instabilité, de l’infiltration d’aliments sous les selles prothétiques et de sensation de brûlures. Les patients ont décrit une amélioration significative de l’index OHIP et aussi du OHIQ mais dans une moindre mesure entre la PAP classique et la PACRI. Les indices de satisfaction générale, de stabilité, de mastication et d’apparence sont significativement augmentés. L’adjonction d’éléments rétentifs sur les implants à la place des piliers de cicatrisation augmente encore les index OHIP et OHIQ, la satisfaction, la stabilité et la mastication, mais pas l’élocution.

L’adjonction de 2 implants distaux améliore tous les indices de satisfaction des patients porteurs de prothèse amovible de classe I.

À RETENIR :

Le traitement d’un patient présentant un édentement de classe I de Kennedy à la mandibule face à un édentement complet maxillaire représente toujours une difficulté et les patients se plaignent souvent d’instabilité et de difficultés masticatoires. Le but de cette étude est d’évaluer l’intérêt de l’apport de 2 implants en place de secondes molaires à la mandibule pour stabiliser et assurer un complément de rétention sous une prothèse partielle mandibulaire. Cette étude est menée dans 3 centres à Otago, Bogota et Breda sur 4 groupes de 12 patients. Elle est réalisée à partir de questionnaires remplis par les patients ou de valeurs choisies sur des échelles visuelles analogiques.

En comparaison avec une prothèse amovible partielle classique, il y a une amélioration significative de la stabilité, de la capacité subjective à mastiquer et de la satisfaction générale du patient avec une prothèse amovible à complément de rétention implantaire. La pose de piliers rétentifs (Dalla Bona) en place des piliers de cicatrisation améliore encore tous les paramètres.