Évolution de l'imagerie dentaire, entretien avec Gérard Pasquet, radiologue, cone beam, scanner, irradiation, guide radiologique
 
G.Pasquet3

17/02/2016

« À l'époque, on photographiait l'écran cathodique avec un polaroïd® »

Gérard Pasquet, pionner de l'imagerie 

Pour Implant, le radiologue Gérard Pasquet livre les détails de son parcours et de son expérience sur l'évolution de l'imagerie dentaire, l'apparition et les premiers usages du cone beam, ses inspirations et sa formation... Rencontre.

« J'ai eu la chance d'arriver au bon endroit au bon moment. » C'est par ces mots que le radiologue de renom, Gérard Pasquet, ouvre le récit de son parcours à la rédaction d'Implant. Reçus dans son cabinet de radiologie à Paris, nous avons eu l'occasion d'interroger le spécialiste (l'interview est à retrouver dans le dernier numéro d'Implant de février 2016) et de recueillir le témoignage du scientifique, véritable pionner de l'imagerie médicale.

Au début, l'imagerie consistait essentiellement en la radiologie ostéo-articulaire. Puis, dans les années 1970, l'ingénieur anglais G.N. Hounsfield a découvert le scanner : ce fut la première des trois révolutions de l’imagerie sur lesquelles revient Gérard Pasquet pour Implant. Les voies visuelles qui vont de la cornée à la scissure calcarine sont les seules voies de l'anatomie humaine qui soient à la fois axiales et transverses. En 1960, l'imagerie était uniquement axiale et plan par plan.

« Quand j'ai commencé à travailler, avec le deuxième scanner mondial, on mettait 6 minutes pour avoir 1 coupe ; on met maintenant 15 secondes pour en avoir 1000. On photographiait l'écran cathodique avec un Polaroïd ® que l’on faisait sécher sur le radiateur... Nous avons démarré comme cela, en faisant des scanners dentaires à l'hôpital des Quinze-Vingts sur des scanners neuro-ophtalmologistes d'Emmanuel-Alain Cabanis, dont j'étais l'assistant. L'idée est vite venue de l’intérêt de cette méthode pour une approche topographique du système maxillo-mandibulaire. Nous avons publié avec Robert Cavézian en 1982 dans l'Information dentaire le premier article sur le scanner en imagerie dentaire. Cela a fait bondir les gens : « ce type est dingue, il va bientôt nous dire qu'il faut faire un scanner pour voir les caries dentaires ! »


L'implantologie se développant, Gérard Pasquet a pratiqué l'imagerie pré-implantaire avec un scanner. Les résultats étaient très aléatoires et de mauvaise qualité compte tenu de la résolution spatiale du système de l'époque. L'implantologie a ensuite évolué : les méthodes d’acquisition par scanner ont progressé et l'imagerie est devenue performante, avec l’acquisition axiale associée aux reconstructions dans les plans choisis par l'opérateur. « Ça, c'était un progrès gigantesque ! »

Révolution de l'imagerie

Dans les années 1980 est arrivée une machine dédiée à l'implantologie - avec des imperfections - le Scanora®. Elle permettait de réaliser une tomographie conventionnelle mais perpendiculaire. « Nous avons travaillé avec un Scanora®, dont les résultats étaient moins bons qu’avec un scanner… mais c'était la première fois que l'on pouvait voir avec une radiographie tomographique conventionnelle la mandibule et le maxillaire en coupes frontales, perpendiculaires à l'arcade ».


Entre scanner et Scanora, les résultats n'étaient pas toujours bons et peu fiables. Mauvaise lisibilité, coupes limitées à 3 ou 4... « Quand on avait toute une arcade à analyser, il fallait faire plusieurs acquisitions avec un repérage très délicat - d’où, l’utilisation des guides de repérages pour savoir où on était ». Et puis est arrivée la dernière évolution : le cone beam.

Découverte du cone beam

« Entre 1995 et 2000, nous avons importé le cone beam en France, un QR NewtTom®. Nous avions entendu parler de cette machine : la première avait été développée en Italie dans une petite usine. Une fourmilière, d'idées, d'intelligence, de passion ! Un dentiste avait dit à son copain physicien, chercheur en imagerie et mécanique : « Il faut un scanner pas cher et qui n'irradie pas beaucoup ». Ce garçon a eu l'idée de faire non plus des coupes multiples mais une acquisition globale d'un volume avec un faisceau conique : ce fut une nouvelle révolution de l'imagerie. »


« Le cone beam est aussi performant que le scanner et moins irradiant »

Pourquoi une révolution ? « Parce que le cone beam est aussi performant que le scanner, mais moins irradiant ; moins performant en terme de résolution densité, aussi performant en résolution spatiale, en finesse d'image. C'est devenu l'examen incontournable préimplantaire, au détriment du scanner, moins bon en finesse d'image. »


Propos recueillis par Olivier Fromentin, Véronique Seignard et Mehdi Farhat

Quels sont les inconvénients et les avantages du cone beam ? Le guide radiologique est-il toujours pertinent ? Et qu'en est-il des doses d'irradiation pour le patient ? Retrouvez d'autres questions et les réponses de Gérard Pasquet dans le dernier numéro d'Implant de février 2016.

Les dernières réactions

  • 26/02/2016 à 11:23
    MEHDI SERSAB, autre
    alerter
    Merci pour cette interview
    On aimerait en voir plus et plus souvent ! :)


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