Prévention
 
Interview_Buzyn

28/03/2018

Prévention

La prescription de brosses à dents connectée bientôt autorisée ?

À l'issue d'un comité interministériel de la santé où les 25 mesures du volet prévention de la stratégie nationale de santé ont été présentées, Agnès Buzyn a rendu visite lundi 26 mars à un fabricant de solutions connectées dans la santé bucco-dentaire. L'occasion pour la ministre d'émettre un signe d'ouverture au sujet de la prescription des objets de santé connectés.

Un geste avant tout symbolique. En se faisant présenter les innovations de Kolibree, start-up spécialisée dans les produits de santé bucco-dentaire connectés, Agnès Buzyn voulait démontrer tout l'intérêt du gouvernement pour les solutions numériques adaptées à la prévention. Et ce « de façon intelligente, design et scientifique », a souligné la ministre déclarant à Thomas Serval, PDG de Kolibree, et à ses équipes « vous êtes en plein dans la stratégie du gouvernement et en phase avec notre politique. Il nous manquait jusqu'à présent la preuve en vie réelle  ».
Conçue avec le soutien de l'Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD), la brosse à dents connectée Ara by Kolibree met en effet l'intelligence artificielle au service des exigences en matière de prévention bucco-dentaire : la durée du brossage, sa fréquence et son efficacité. Des capteurs 3D sont ainsi en mesure de détecter les zones brossées et de rendre compte à l'utilisateur, en réalité augmentée et en temps réel, du brossage effectif. « Sans l'intervention des chirurgiens-dentistes, notre produit n'aurait pas connu le succès qu'il a rencontré au CES de Las Vegas. Ce sont eux qui ont attiré notre attention sur certaines lacunes du prototype qui négligeait encore certains gestes essentiels du brossage », expose Thomas Serval. La preuve de l'efficacité en vie réelle de la brosse Kolibree a également été amenée grâce à la coopération de l'UFSBD. « Depuis novembre 2017, 331 chirurgiens-dentistes ont accepté de transmettre la brosse à dents Ara by Kolibree à 5641 patients. Cela a permis d'évaluer près de 200 000 brossages. Et de constater que 32 % des participants enregistraient une durée de brossage stabilisée à 2 minutes ou plus contre 43 secondes sans brosse connectée. Sans parler d'une amélioration très nette de la zone de couverture par le brossage connecté », décrit Sophie Dartevelle, présidente de l'UFSBD. Elle se félicite du reste que, pour la première fois, une étude en vie réelle puisse produire de telles statistiques alors que, jusqu’à présent, l’Observatoire d'hygiène bucco-dentaire ne pouvait s'appuyer que « sur du déclaratif ».
De fait, la brosse à dents Kolibree a été testée en ville par Anne-Emmanuelle Guillot, chirurgien-dentiste à Paris, spécialisée en parodontologie. « "Cet outil répond à ce que j’essaie de transmettre à mes patients. La communication avec le patient passe sur un autre plan, c’est un vecteur très efficace. Par ailleurs, il permet au patient de prendre connaissance de la géographie de sa bouche », explique-t-elle. Kolibree a également investi l’hôpital, notamment en pré-opératoire au sein de l’hôpital Necker (AP-HP) de Paris. Le Dr Roman Khonasi y a observé des résultats encourageants chez les enfants dans le traitement primaire des fentes labio-palatines. « Dans le mois précédant l’intervention de gingivoplastie, un groupe d’enfants a utilisé la brosse à dents connectée. Ce qui a permis d’améliorer de manière significative la réduction de tartre, par exemple, par rapport à un groupe témoin », se félicite le praticien.
Ces nouvelles données suffiront-elles à convaincre le gouvernement de franchir un nouveau pas dans l'administration des objets de santé connectés ? Interrogée par Clinic sur une possible prescription de la brosse à dents Ara by Kolibree par les praticiens, Agnès Buzyn n'a pas rejeté cette éventualité. Faisant référence à la prescription du sport par un médecin, elle a reconnu que « la question de la prescription de tels objets de prévention pourrait se poser. À condition que le produit connecté démontre des preuves d'efficacité, comme dans ce cas précis où la brosse à dents connectée augmente de 80 % le brossage, contribuant ainsi à la réduction des risques de maladies parodontales ». En revanche, aucune prise en charge par l’Assurance maladie ne sera envisagée.

Marie Luginsland


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