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La Tomographie Volumique à Faisceau Conique (CBCT) est devenue un dispositif clé en odontologie, offrant une vision tridimensionnelle précise des tissus durs. Son utilisation croissante, notamment en endodontie, parodontie et implantologie, est souvent dictée par la nécessité de confirmer des diagnostics complexes.L’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans l’analyse des CBCT ouvre la voie à une nouvelle ère de prise en charge optimisée. Cet article explore par une revue de littérature, les implications de l’IA dans l’analyse des CBCT, ses applications cliniques, ses performances diagnostiques et ses limites.
De nombreuses pathologies orales impliquent les tissus minéralisés de la cavité orale. Lors de leur diagnostic, l’examen clinique est souvent complété par des imageries bidimensionnelles (2D) ou tridimensionnelles (3D), qui permettent d’identifier ou de confirmer des lésions pathologiques, des altérations structurelles, ou des complications liées à des traitements antérieurs.
Le CBCT, ou Cone Beam Computed Tomography, constitue une avancée majeure en imagerie tridimensionnelle. Il repose sur l’utilisation d’un faisceau de rayons X conique et pulsé, associé à un détecteur qui tourne autour de l’objet examiné en suivant un trajet circulaire (de 180 à 360° selon les appareils). Cette rotation génère plusieurs projections transmises à un ordinateur, qui reconstruit un volume 3D composé de voxels (unités élémentaires de mesure volumique) (figure 1). Le champ de vue détermine la zone anatomique couverte par l’acquisition allant d’une dent unique au crâne entier.
Bien que la radiographie 2D demeure l’examen de première intention en dentisterie, elle souffre des limitations inhérentes à la projection bidimensionnelle. Dans certains cas, l’acquisition de multiples incidences ou le recours à un CBCT devient nécessaire pour obtenir des informations plus détaillées.
L’adoption du CBCT par les chirurgiens-dentistes s’accroît grâce à sa capacité à fournir des données diagnostiques précieuses. Cependant, son utilisation doit rester justifiée selon le principe ALARA (As Low As Reasonably Achievable), en raison des doses de rayonnements ionisants plus élevées qu’il implique par rapport aux radiographies conventionnelles. Par conséquent, une analyse bénéfice/risque positive est indispensable, et un usage systématique de cette technologie est à proscrire.
La Haute Autorité de Santé (HAS) encadre l’usage du CBCT en endodontie, soulignant son intérêt dans les situations où les informations fournies par l’examen clinique et les radiographies classiques ne suffisent pas. Dans ces cas précis, une imagerie 3D peut améliorer la prise en charge et le pronostic des dents concernées [1]. Le rapport 172 de la Commission Européenne, publié en 2012, constitue à ce jour la référence internationale la plus exhaustive pour justifier les actes d’imagerie CBCT [2].