Diagnostiquer le syndrome de Gougerot-Sjögren
 
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24/05/2022

Diagnostiquer le syndrome de Gougerot-Sjögren

Le  syndrome de Gougerot-Sjögren (SGS) provoque entre autres symptômes une sécheresse buccale qui peut amener les patients à consulter leur chirurgien-dentiste pour ce symptôme ou pour caries multiples. La HAS vient de publier le protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) pour aider les professionnels de santé à mieux prendre en charge cette pathologie.

Le syndrome de Gougerot-Sjögren est une maladie auto-immune qui génère plusieurs symptômes :  sécheresse buccale, oculaire, vaginale, cutanée, douleurs articulaires et fatigue chronique. C’est une maladie rare, dont la prévalence est de 1 pour 1000 à 1 pour 10 000. Elle touche 9 femmes pour 1  homme et plutôt après la cinquantaine, même si des symptômes précoces peuvent parfois être retrouvés, y compris chez l’enfant.

« Au CHU de Brest, nous sommes centre de référence des maladies rares auto-immunes de l’adulte BRAISE-CERAINO » , indique Sylvie BOISRAMÉ, Pr de chirurgie orale à Brest. « Pour mieux comprendre cette maladie, nous avons mis en place des consultations pluridisciplinaires avec des rhumatologues, dermatologues, ophtalmologistes, chirurgiens-dentistes, psychiatres, gynécologues, ORL etc. Souvent des femmes viennent car elles sont fatiguées, ont les yeux secs, se plaignent de sécheresse buccale. Elles n’évoquent pas d’emblée le problème de la sécheresse vaginale, et des dyspareunies si on ne leur pose pas la question », observe-t-elle.

La Haute Autorité de Santé vient de publier le protocole national de diagnostic et de soins (PNDS) sur ce syndrome encore méconnu.

« Le but est de permettre aux professionnels de santé de mieux appréhender les maladies rares, d’expliquer la maladie et ce qu’on peut proposer en traitements pour améliorer la qualité de vie », souligne le Pr BOISRAMÉ. Pour les chirurgiens-dentistes, ce protocole rappelle l’importance d’évaluer la sécheresse buccale et de déterminer ses causes (prise de médicaments ou syndrome de Gougerot-Sjögren).

EXAMENS CLINIQUES ET PARACLINIQUES

La mise en évidence de l’hyposialie repose sur l’interrogatoire, les examens cliniques et paracliniques. Le PNDS propose un protocole d’entretien structuré et renseigne les chirurgiens-dentistes sur le bilan parodontal qui doit être effectué (à partir de la page 27 du protocole). Les examens paracliniques permettront d’objectiver concrètement la diminution du débit salivaire stimulé et/ou non stimulé et d’évaluer l’atteinte des glandes salivaires (via l’échographie des glandes salivaires principales et via la biopsie des glandes salivaires accessoires pour calculer le score de Chisholm en histo-anatomopathologie).

« Le chirurgien-dentiste doit mesurer le débit salivaire, stimulé et non-stimulé, pour objectiver  l’hyposialie. En moyenne, on salive environ 1 mL/minute et on produit entre 1 L et 1,5 L de salive par jour », détaille le Pr Boisramé. L’hyposialie sera caractérisée par une mesure du flux salivaire dit pathologique lorsque la mesure du débit salivaire non stimulé est ≤ à 0,1 mL/min et la mesure du débit salivaire stimulé est ≤ à 0,5 - 0,7 mL/min. « En pratique dans le Sjögren c’est plutôt le débit salivaire non stimulé qui fait référence », précise le protocole.

TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE OU NON

« Le deuxième examen paraclinique consiste en une biopsie des glandes salivaires accessoires. On vient en prélever entre 6 et 10 dans la lèvre inférieure, puis on l’envoie au laboratoire d’histologie qui va regarder au microscope s’il y a une infiltration lymphocytaire des glandes. Cela permet d’obtenir un score pour savoir si on est en présence d’une maladie auto-immune », développe le Pr BOISRAMÉ. Il est également nécessaire de réaliser une échographie des glandes salivaires pour voir si les glandes sont altérées. « Ensuite on propose des traitements en fonction du débit salivaire : cela peut être une solution non pharmacologique : bonbons ou chewing-gum sans sucre, auto-massages parotidiens. Ou pharmacologique, avec prescription de chlorhydrate de pilocarpine par exemple ».

Le protocole rappelle aussi l’importance de la prévention : bonne hydratation (minimum 1,5 L par jour, plutôt avec des eaux douces), brossage fluoré, utilisation de brossettes inter-dentaires et suivi tous les 6 mois, adapté en fonction de l’état buccal du patient.

Il faut également noter que la présence d’un syndrome de Gougerot-Sjögren n’est pas une contre-indication à la réhabilitation prothétique implanto-portée. Enfin, « il est important d’orienter les patientes de 50-70 ans qui ont une sécheresse buccale, qui se plaignent de leurs yeux secs et de leur fatigue, vers un centre de référence. Le PNDS indique la liste de tous ces centres, ainsi que les coordonnées des associations de patients », conclut le Pr BOISRAMÉ.

Anne-Gaëlle Moulun


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