« L’organisation de la vaccination est très chronophage »
 
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31/03/2021

« L’organisation de la vaccination est très chronophage »

Marc Baranes, chirurgien-dentiste à Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne, participe à la gestion d’un centre Covid-19 depuis mars 2020, d’abord pour les dépistages, aujourd'hui pour les vaccinations. Il témoigne de l’engagement des professionnels de santé libéraux au quotidien.

Tout a commencé au lendemain du premier confinement. « Suite à la première vague et au premier confinement, nous avons sollicité les professionnels de santé libéraux de Saint-Mandé, de Vincennes et des communes limitrophes et les mairies, pour qu’on puisse s’organiser pour ouvrir un centre Covid. A l’époque, c’était un centre de dépistage et de consultation », raconte Marc Baranes, chirurgien-dentiste à Saint-Mandé. « Les médecins libéraux étant débordés, ce centre était une nécessité et a dû être monté très rapidement, afin que les patients puissent voir un médecin en consultation et qu’ils puissent se faire dépister, dans un contexte de pénurie de tests ».

« Il y a eu un vrai élan entre les professionnels de santé libéraux pour créer ce centre à partir de rien », se souvient Marc Baranes. « La mairie a mis à notre disposition un gymnase et nous avons fait des vacations non stop de fin mars jusqu’à début mai 2020. Nous étions 5 professionnels de santé libéraux à gérer ce centre, trois médecins généralistes, un dermatologue et moi ». Le centre a ensuite été mis en pause jusqu’à l’été, mais le lien créé entre les professionnels de santé a perduré. « Nous avons ouvert en septembre un centre à plus grande échelle car nous avons enfin eu suffisamment de tests. Et, fin décembre, voyant que la vaccination allait démarrer et qu’il était indispensable d’avoir des centres de vaccination, nous avons commencé à nous organiser pour cela. Nous avons sollicité les ARS et la tutelle pour s’organiser en amont, sans trop de succès. En janvier, Emmanuel Macron a décidé de l’ouverture de centres de vaccination et nous avons alors pu ouvrir le nôtre dans un centre culturel, mis à notre disposition par les villes de Saint-Mandé et de Vincennes », poursuit-t-il.

La vaccination a démarré dans ce centre le 12 janvier. « Les centres de vaccination ne fonctionnent actuellement qu’avec la volonté et les moyens financiers et logistiques des mairies. Si il n’y avait pas les mairies, on ne pourrait pas faire tourner ces centres. Et la vaccination elle-même est gérée par les professionnels médicaux libéraux », tient à souligner Marc Baranes. Son rôle dans le centre est de gérer l’agenda, l’ouverture et la fermeture des créneaux de vaccination sur Doctolib et les relations avec les mairies et les CCAS des villes pour cibler les personnes les plus fragiles n’ayant pas forcément accès à internet.

Logistique militaire

« On en est à 3 500 rendez-vous par semaine. L’organisation est très chronophage. Je dois déterminer le nombre de patients que nous pouvons recevoir chaque jour, en accord avec le nombre de doses que nous recevons et en fonction de la péremption. C’est une logistique militaire, surtout que nous recevons les dotations au fil de l’eau. La semaine prochaine je ne sais toujours pas combien je vais avoir de doses ! Ça me prend au moins 2 heures par jour depuis janvier, en plus de mon cabinet dentaire. Nous avons des réunions tous les soirs. La charge de travail est colossale, mais cela se passe plutôt bien. Il faut savoir que les professionnels engagés dans cette vaccination sont en partie rémunérés, mais 100 % volontaires », salue-t-il. « Notre chance c’est que les élus locaux, les agents municipaux et les gens du terrain sont exceptionnels. Mais c’est dommage que nous n’ayons pas de relais plus haut. Quand on va ouvrir la vaccination au plus grand nombre, nous n’aurons pas les moyens logistiques de suivre », regrette-t-il.

Objectif : 5 000 vaccinations par semaine

En effet, la vaccination en elle-même n’est pas ce qui prend le plus de temps. « Le plus long c’est de gérer l’agenda, vérifier les coordonnées du patient, lui faire remplir un questionnaire médical, discuter avec le médecin en cas de contre-indications, puis, après l’injection, remplir le certificat de vaccination », détaille Marc Baranes. « C’est normal qu’il y ait un cadre légal à cette vaccination, mais il y a une lourdeur administrative qu’on doit gérer tous les jours », déplore-t-il.

La semaine prochaine, le centre souhaite passer à un objectif de 5 000 vaccinations par semaine. Il est actuellement ouvert de 8 heures à 20 heures, 7 jours sur 7. « Nous allons sûrement faire des nocturnes », prévoit Marc Baranes.

« Cette expérience permet de créer un lien particulier entre les libéraux du terrain, c’est le point le plus positif du Covid », estime-t-il. Par ailleurs, il juge qu’en tant que chirurgien-dentiste, il a toute sa place dans l’organisation du centre de vaccination. « C’est un peu frustrant que les chirurgiens-dentistes n’aient pas eu l’autorisation de vacciner plus tôt. C’est incohérent que cela vienne si tardivement et qu’en plus une formation soit exigée pour les chirurgiens-dentistes ! » s’exclame-t-il. Enfin, il se dit sceptique au sujet de la vaccination en cabinet. « Qu’on soit médecin ou chirurgien-dentiste, on a déjà un planning qui est plein : comment peut-on faire pour y ajouter encore des vaccinations, avec toute la logistique que cela suppose ? Nous avons tout intérêt à mutualiser et à rejoindre les centres de vaccination », conclut-il.

Anne-Gaëlle Moulun


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