« La carte de séjour talent-professions médicales n’est pas une solution. »
 
Titre de l'image

06/02/2023

« La carte de séjour talent-professions médicales n’est pas une solution. »

Dans le cadre du projet de loi sur l’immigration, le gouvernement souhaite créer une carte de séjour « talent-professions médicales et de la pharmacie » destinée aux professionnels de santé étrangers pour, affirme-t-il, « répondre au besoin de recrutement ». Nathalie DELPHIN, présidente du SFCD, syndicat des femmes chirurgiens-dentistes, détaille pour CLINIC ses préoccupations.

POURQUOI CETTE PRISE DE PAROLE AU SUJET DE CETTE NOUVELLE CARTE DE SÉJOUR ?

Après l’annonce du gouvernement, nous avons étudié le projet de loi en question et avons été interpellés par plusieurs points. Selon nous, cette carte n’est pas une solution pour notre profession. Ce que nous avons compris est qu’elle sera créée pour régler la crise de l'hôpital. Il est écrit, dans le projet de loi, qu’elle permettra aux établissements publics ou privés à but non lucratif de recruter et salarier des médecins étrangers. Le texte n’est pas assez précis pour savoir si cela concernera les chirurgiens-dentistes et les centres dentaires. C'est assez inquiétant. 

SELON VOUS, CETTE NOUVELLE CARTE DE SÉJOUR COMPORTE-T-ELLE DES RISQUES POUR LA PROFESSION ?

Cette carte concernera forcément des praticiens non-ressortissants de l’Union européenne sans diplôme européen. Si sa création est validée par la loi et donne le droit à des praticiens étrangers détenteurs de diplômes hors UE de travailler en France, comment fera-t-on pour s'assurer que le diplôme ait une équivalence en France ? Qui vérifiera ?

Nous aimerions également avoir des précisions quant au contrôle que pourra exercer l’Ordre national des Chirurgiens-dentistes qui a un rôle essentiel dans la vérification des diplômes, des compétences, et du niveau de langue afin de garantir la qualité des soins.

Nous nous demandons si les centres dentaires pourront recruter ces praticiens, détenteurs de cette nouvelle carte de séjour. Il faudrait également veiller à ce que chaque pays reste doté en praticiens, tout en gardant, bien évidemment, l’aspect protecteur d’une telle carte de séjour en cas de conflit par exemple.

QUELLES SERAIENT, POUR LES CHIRURGIENS-DENTISTES, LES CRITÈRES ESSENTIELS À CETTE CARTE DE SÉJOUR POUR LUTTER CONTRE LES DÉSERTS MÉDICAUX ?

Il faudrait avant tout installer des structures capables d’accueillir ces praticiens dentaires dans les zones de déserts médicaux et réaliser une véritable analyse du besoin. Par exemple, les centres dentaires se sont installés dans des endroits sur-dotés, souvent dans les grandes métropoles. Un biais s'est donc produit. Aujourd’hui, nous savons que ces zonages ne sont pas toujours réalisés et ne nous permettent pas de travailler efficacement. Des informations précises sur les zonages et la démographie seraient un élément essentiel pour des négociations. Sans cela, nous ne pouvons pas avancer. 

UNE CONCERTATION AVEC LES REPRÉSENTANTS DES CHIRURGIENS-DENTISTES EST-ELLE PRÉVUE ?

Nous l’espérons et l'avons d’ores et déjà demandée au ministère de la Santé et à l’Ordre national. Il y a eu un effet d'annonce assez rapide de la part du ministère. Nous avons eu l’impression d'une non-concertation avec les professionnels, et notamment les chirurgiens-dentistes. Il s’agit, pour moi, d'une très mauvaise réponse à la crise de l'hôpital puisque les besoins réels pour les patients et les structures médicales n’ont pas été analysés. Nous avons besoin de discuter et d'apporter notre regard et nos solutions.

Camille Grange


Suivez-nous



La lettre d'info

Recevez la lettre d'info
Je m'inscris

Pour visualisez la lettre d'info Cliquez ici