Prévenir le risque infectieux et lutter contre l’antibiorésistance
 
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15/06/2022

Prévenir le risque infectieux et lutter contre l’antibiorésistance

Les chirurgiens-dentistes prescrivent trop d'antibiotiques... Géraldine LESCAILLE, chef du service de Médecine bucco-dentaire de la Pitié-Salpêtrière et membre de la Société Française de Chirurgie Orale (SFCO), rappelle les conseils de base pour prévenir le risque infectieux et les indications pour lutter contre l’antibiorésistance. "Le  développement des bactéries multirésistantes est un sujet de santé publique majeur, nous devons tous revoir nos pratiques."

Dans le dernier numéro de sa revue Tooth, l’ADF a choisi d’aborder l’antibiorésistance. « Ce phénomène est plus que jamais un problème de santé publique. Il serait à l’origine de 1 270 000 décès dans le monde en 2019, selon une étude publiée en janvier 2022 dans la revue The Lancet », souligne l’ADF. L’association observe que « la hausse des prescriptions antibiotiques dans la pratique dentaire est une réalité alors que la tendance est à la baisse pour toutes les autres spécialités médicales ».

Pour le Pr Géraldine LESCAILLE, « la lutte contre l’antibiorésistance est une nécessité et il est impératif de réserver l’utilisation des antibiotiques lorsque cela est strictement nécessaire. La prévention du risque infectieux passe d’abord par le respect des règles d’hygiène et d’asepsie lors de nos interventions.  La désinfection pré-opératoire en est notamment un élément fondamental ». Elle cite la classification d’Altemeier pour déterminer les interventions en fonction du risque de contamination et d’infection post-opératoire et donne également plusieurs conseils pour une bonne désinfection pré-opératoire et une antibioprophylaxie adaptée :

1. « Il faut préparer un environnement satisfaisant en fonction de l’invasivité du geste et du risque de bactériémie associé». Il faut notamment préparer le plateau technique dans des conditions adaptées, mais aussi respecter l’ensemble des règles. « Le concept de bloc opératoire avec tout ce que cela implique doit être mieux intégré », estime-t-elle. « En bloc opératoire comme en cabinet de ville, la désinfection pré-opératoire du patient, le lavage chirurgical des mains sont des éléments aussi important que la préparation du matériel et le respect des règles d’asepsie une fois les gants stériles enfilés », insiste-t-elle. Lire et relire le Dossier Hygiène et Asepsie de CLINIC 2022;43:329-366.

2. La tenue doit également être adaptée, en dehors de la tenue manches courtes, du port des gants, de la casaque, du masque, des surchaussures, d’un calot, l’absence de port de bijoux (y compris alliance) et  les ongles courts (sans faux-ongles ou vernis), sont également des règles à respecter.

3. Pour la désinfection pré-opératoire, elle comporte les désinfections endobuccale et péri-buccale. « Il faut notamment utiliser le même type d’antiseptique pour l’ensemble de la procédure ». Pendant longtemps, la polyvidone iodée était la référence pour la désinfection cutanée, ce qui n’est plus le cas à présent. Depuis plusieurs années, la chlorhexidine associée à l’alcool a tout autant montré son efficacité en préopératoire  (SF2H recommandations 2016 : antisepsie de la peau saine avant un geste invasif chez l’adulte).  Ainsi, la désinfection cutanée péribuccale avec de la chlorhexidine alcoolique 0,5% à 2%,  en association à une désinfection endobuccale avec de la chlorhexidine à 0,2% (AMM) est une alternative tout autant valable que l’utilisation de la polyvidone iodée pour réaliser une antisepsie pré-opératoire avant un acte invasif de la cavité orale. « Nous avons d’ailleurs validé cette procédure auprès du CCLIN de la Pitié-Salpêtrière en accord avec l’Equipe Opérationnelle d’Hygiène cette année », souligne le Pr LESCAILLE.

4. Concernant l’antibioprophylaxie, « il y a des indications en fonction du type d’acte, notamment si ce sont des actes invasifs, et le contexte médical du patient. Selon la situation, cette antibioprophylaxie est indispensable ou pas. Pour les actes invasifs, elle est nécessaire pour les patients à risque d’endocardite infectieuse et les patients immunodéprimés », détaille-t-elle. (ANSM 2011).

« Pour lutter contre l’antibiorésistance, il est important de respecter strictement les indications. Le  développement des bactéries multirésistantes est un sujet de santé publique majeur, nous devons tous revoir nos pratiques », rappelle le Pr LESCAILLE.

L’ADF a préparé un guide, à partir des recommandations de l’ANSM, disponible en ligne

Anne-Gaëlle Moulun


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