Des racines et des ailes - Clinic n° 11 du 01/12/2014
 

Clinic n° 11 du 01/12/2014

 

Équipe et Espace

Alexandra DURAND  

Groupe Edmond Binhas

Nœux-les-Mines, petite ville ouvrière du nord de la France. Le Dr Hernout, omnipraticien, s’y installe dans les années 1970. Il en est persuadé : cet ancien bassin minier a du potentiel. Mathieu Hernout, son fils, ouvre aujourd’hui les portes de sa structure entièrement rénovée et revient sur son parcours. Une belle histoire de famille… et d’équipe.

En 1973, le père de Mathieu Hernout achète un ancien salon de beauté qu’il transforme en habitation et cabinet dentaire. Peu à peu, le Dr Hernout se constitue une patientèle et forge sa réputation en ville. Pendant que le père soigne les habitants de Nœux-les-Mines, le petit Mathieu fait ses premiers pas au cabinet sous l’œil attentif de sa maman : « Le cabinet, c’était une affaire de famille. Mon père s’occupait des dents des patients et ma mère du secrétariat », se souvient Mathieu.

Adolescent, il s’interroge sur son avenir. Le hasard et une opération de la mâchoire le mettent sur la voie : « À 17 ans, j’ai rencontré un très bon chirurgien maxillo-facial. En voyant travailler cet homme, il avait de l’or dans les doigts, j’ai eu comme un déclic. J’ai su que je voulais en faire mon métier. »

Quelques années plus tard, en 1999, Mathieu Hernout est diplômé en odontologie à la faculté de Lille, puis il obtient une maîtrise en sciences et biologie médicales pour enseigner à la fac.

Pas facile d’être le fils de…

Mathieu Hernout commence ses classes à Calais en tant que collaborateur, puis il effectue des remplacements à Lens : « Cela n’a duré que quelques mois, pour me faire la main. » Ensuite, son père lui propose une place de titulaire dans son cabinet. Ni une ni deux, Mathieu accepte : « C’était une occasion en or pour moi. Quand je ne savais pas quelque chose, mon père me guidait. L’avantage, c’est que ça me permettait de dégager du temps pour ma fonction d’assistant hospitalier au service de chirurgie buccale de la faculté. Malgré tout, ce n’était pas facile d’être le fils de… J’étais immédiatement associé à mon père par les patients ou mon entourage. Je ne voulais pas être contraint de faire comme lui. »

Mathieu trouve tout de même un équilibre entre le cabinet paternel et les consultations au CHR de Lille. En 2004, il décide de construire son propre local dans la maison familiale : « J’ai commencé par manger 30 m2 sur l’habitation de mes parents. L’ancien salon est devenu mon cabinet, ma salle de stérilisation et ma salle d’attente. Je soignais mes patients là où je regardais la télévision avec ma mère quand j’étais petit. » Ce n’était qu’un début.

Un nouveau départ

Après ces premiers travaux, le père de Mathieu pense à sa retraite. Il souhaite vendre le cabinet et la maison pour partir s’installer dans le Sud. Mathieu veut conserver la maison de son enfance mais ne souhaite pas faire comme son père et vivre sur son lieu de travail. Après une longue réflexion, il lui rachète l’ensemble.

En 2009, ce dernier quitte la ville, laissant définitivement les commandes à son fils. Mathieu rêve de moderniser la structure, peut-être une façon pour lui de s’émanciper définitivement. Son objectif : casser la maison familiale et faire du cabinet de l’époque une clinique dentaire de taille, « un lourd projet à porter seul ! ». Il attire alors dans son aventure Jean-Louis Lenoir, collaborateur de l’époque et déjà repéré à la faculté de chirurgie dentaire.

Les deux hommes mûrissent d’abord l’idée de se rapprocher du CHR de Béthune pour créer une antenne étudiante puis repartent sur leur première idée, celle de monter une maison dentaire en centre-ville : « Nous avions tous les ingrédients : la motivation, l’espace, l’esprit d’équipe… Nous étions persuadés d’avoir eu l’idée du siècle. » Un troisième chirurgien-dentiste, Jérôme Castelein, un nouveau collaborateur, se greffe lui aussi au projet des deux praticiens : « C’est l’équipe qui a mené ce changement. Je ne suis que l’instigateur du projet », souligne Mathieu.

Le temps de la reconstruction

La structure rencontre des problèmes d’organisation interne, notamment dans la gestion du temps : « On a souhaité se former avant de débuter les travaux. C’était logique de régler les problèmes existants avant d’attaquer le projet. » L’équipe suit durant 1 an un programme de gestion globale du cabinet sur la cohésion d’équipe, la gestion des rendez-vous, le recrutement… Un module « spécial associés » est même proposé à Mathieu, Jean-Louis et Jérôme pour s’assurer d’une vision commune sur leur projet monumental. « La formation nous a aidés à prendre ce nouveau départ. On souhaitait recomposer la structure tout autour de l’équipe et pas l’inverse. Nous avons remis à plat l’organisation des locaux, l’organisation clinique et administrative. Seul le nom a été conservé, La Maison dentaire. Finalement, il retrace très bien l’esprit et l’histoire de notre structure. »

Dès 2013, les gros travaux débutent. Moins de 1 an après, l’ensemble des 5 salles de soins et l’accueil sont achevés. La structure de l’époque ne ressemble plus en rien à la petite maison de famille connue de tous : les locaux de 200 m2 en font désormais 500. « Le grenier et le garage nous servent d’espaces de stockage pour nos fournitures. » Mathieu et son équipe ont dû vivre dans les travaux. Mais le bilan s’avère positif : « Le chantier permet de voir d’autres choses : la gestion de projet, l’avancée des travaux… Si c’était à refaire, je franchirais le pas de nouveau sans hésiter… surtout avec une telle équipe. Mes associés incarnent très bien le dévouement ou encore la gentillesse…, des valeurs qui prennent toute leur dimension dans un projet professionnel de cette envergure. »

L’espace est très lumineux, avec une vue sur le jardin. Le matériel high-tech côtoie des surfaces blanches, lisses, aux parois transparentes : « On retrouve sur les murs notre identité visuelle sous forme de stickers. Nous ne voulions pas de cloisons ou alors en plexi. » De beaux jeux de transparence et une ergonomie de travail adaptée à une dentisterie moderne. Les patients sont tous enthousiastes en constatant la transformation de l’espace. « L’accueil était bien trop petit par rapport à l’étendue de notre patientèle. Il y avait un escalier à monter, tout un dédale de couloirs. À l‘époque, je devais même raccompagner les patients après leur consultation pour qu’ils ne se trompent pas de porte. Maintenant l’espace a été simplifié. Ça respire. »

Les locaux ont changé. Mais l’équipe s’est également transformée. « Une nouvelle praticienne, Pauline d’Hulster, nous a rejoints. Désormais, nous sommes quatre à travailler sous le même toit, chacun avec sa spécialité. Nous avons voulu élargir notre omnipratique : Jean-Louis Lenoir s’occupe de l’implanto, Jérôme Castelein de la paro et moi-même de la chirurgie buccale. » Tous travaillent dans le même état d’esprit que le fondateur des lieux : une dentisterie esthétique et de qualité : « On disait de mon père qu’il était un peu cher mais très bon. Si les patients disent la même chose de moi, je suis le plus heureux des hommes ! »

Mathieu ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « La grosse priorité, c’était le projet. Pour la suite, pourquoi ne pas investir dans la 3D ou un Cerec ? »

On aime

Les portes dérobées pour que le personnel puisse circuler librement, sans croiser la patientèle.