Récessions parodontales. Intervenir pourquoi, quand, comment ? - Clinic n° 11 du 01/11/2017
 

Clinic n° 11 du 01/11/2017

 

Congrès ADF 2017 Notre sélection de conférences

AVANT-PREMIÈRE

Caroline Fouque  

Encore une séance sur la chirurgie muco-gingivale au congrès de l’ADF ? Non ! Une séance pour ne plus se contenter d’observer les récessions gingivales, une séance pour prendre les choses en main, les diagnostiquer, informer et éduquer les patients, les prévenir et pouvoir les traiter.

Les récessions gingivales touchent plus de 80 % de la population, mais seulement 28 % d’entre elles sont perçues par les patients. La peur de perdre leurs dents, l’hypersensibilité...


Encore une séance sur la chirurgie muco-gingivale au congrès de l’ADF ? Non ! Une séance pour ne plus se contenter d’observer les récessions gingivales, une séance pour prendre les choses en main, les diagnostiquer, informer et éduquer les patients, les prévenir et pouvoir les traiter.

Les récessions gingivales touchent plus de 80 % de la population, mais seulement 28 % d’entre elles sont perçues par les patients. La peur de perdre leurs dents, l’hypersensibilité au froid ou l’aspect inesthétique de la récession sont les principaux motifs de consultation. Les récessions non diagnostiquées doivent-elles être systématiquement traitées ? Quelles sont les indications de recouvrement de ces récessions ?

Corinne Lallam, ancienne assistante en parodontologie, attachée à Paris V et parodontiste exclusif à Boulogne-Billancourt, nous expliquera, avec force et conviction, pourquoi et quand recouvrir ces récessions gingivales !

Pourquoi intervenir ?

Il convient tout d’abord de distinguer, par un examen parodontal précis (sondage et radiographies), la récession gingivale associée à une parodontite, qui révèle une perte d’attache généralisée, d’une récession gingivale pure, problème muco-gingival (fig. 1).

L’étiologie d’une récession est multifactorielle. Le parodonte fin est le facteur de prédisposition majeur, tandis qu’un brossage traumatique, des habitudes nocives, les déplacements orthodontiques hors des bases osseuses, ou les piercings favorisent, entre autres, les récessions (fig. 2).

L’accumulation d’un biofilm bactérien les aggrave forcément. Lorsque la récession est associée à une parodontite, celle-ci devra être soignée en priorité. Une fois la parodontite traitée et maîtrisée, la récession gingivale vestibulaire pourra être réévaluée. Des mesures précises permettront de déterminer si cette récession peut être recouverte chirurgicalement ou non en fonction de la hauteur d’os résiduel proximal.

Pour autant, toutes les récessions gingivales qui, techniquement, pourraient être recouvertes ne doivent pas l’être obligatoirement. Parmi les principales indications de recouvrement, on compte l’impossibilité de maintenir un contrôle de plaque correct. L’absence de gencive kératinisée et la finesse du parodonte rendent très vite la zone douloureuse même lors d’un brossage très souple.

L’hypersensibilité dentinaire indique également le recouvrement chirurgical de la récession.

L’aspect disgracieux de « dents longues » est bien évidemment un autre critère qui conduit au traitement chirurgical de la récession. La gencive met en valeur le sourire !

Stephan Duffort, Lyonnais d’adoption, fine lame de la parodontie et responsable du cycle d’implantologie de la Société française de Parodontologie et d’Implantologie Orale (SFPIO), exposera les différentes techniques à notre disposition pour obtenir un recouvrement maximal tout en assurant l’intégration la plus esthétique possible par rapport aux dents adjacentes. Le choix de la technique dépendra du type de parodonte, de la localisation de la récession, du nombre de dents concernées, de la forme de la récession ou encore de la quantité de tissu kératinisé disponible dans les zones adjacentes. Les pourcentages de recouvrement en fonction des techniques guident un peu plus les praticiens dans leurs choix.

La chirurgie plastique parodontale a évolué grâce à la microchirurgie vers des interventions moins traumatisantes pour les tissus mous en supprimant les incisions de décharge et en tunnélisant les greffons conjonctifs. Les suites postopératoires et les résultats esthétiques n’en sont que meilleurs.

Dans les zones esthétiques, les techniques d’enveloppe ou de tunnel (fonction du nombre de récessions contiguës) rivalisent avec le lambeau positionné coronairement selon la technique de Zucchelli et De Sanctis (2000) qui décrit une rotation des papilles afin de supprimer les incisions de décharge (fig. 3).

Les lambeaux déplacés latéralement, moins connus, peuvent eux aussi recouvrir les récessions de façon très élégante, à condition qu’il y ait suffisamment de gencive kératinisée en proximal, et permettent ainsi d’éviter la greffe épithélio-conjonctive.

Cette dernière technique a souvent mauvaise presse, à tort ! Bien qu’elle soit réservée aux récessions n’ayant plus de tissu kératinisé en apical ou en proximal ou encore à la mandibule lorsque le vestibule, très peu profond, ne permet plus une traction coronaire des tissus, la greffe épithélio-conjonctive, encore appelée greffe gingivale libre (GGL), change du tout au tout le confort du patient en recréant un bandeau de gencive kératinisé compatible avec un bon contrôle de plaque assurant ainsi la santé parodontale ou péri-implantaire et en supprimant les douleurs au brossage. Qui plus est, sa réputation de greffe très douloureuse est surannée. Cette technique a elle aussi évolué depuis sa description par Björn en 1963, la microchirurgie l’a embellie et l’a rendue beaucoup plus légère en termes de suites postopératoires. Les cas cliniques et les détails et astuces que Stephan Duffort nous livrera ne pourront que tous nous en convaincre ! Cette séance nous permettra de distinguer les récessions gingivales qui doivent être traitées de celles qui doivent simplement être surveillées, de savoir quand exactement passer à la phase thérapeutique, de pouvoir indiquer la bonne technique de recouvrement, de découvrir les tours de main de parodontistes reconnus pour que nos greffes soient un succès.

Récessions parodontales. Intervenir pourquoi, quand, comment ?

Mardi 28 novembre 2017, 14 h-15 h 30

Responsable scientifique : Caroline Fouque

Objectifs

• Déterminer les indications de renforcement du parodonte marginal et de recouvrement des dénudations radiculaires

• Adapter la thérapeutique en cas de lésion cervicale non carieuse

• Éviter les surtraitements

• Prévenir et gérer les échecs

Récessions parodontales : pourquoi et quand intervenir ?

Corinne Lallam

Récessions parodontales : comment intervenir ?

Stephan Duffort