Cas clinique simple via un logiciel de chairside et CFAO semi-directe - Clinic n° 02 du 01/02/2020
 

Clinic n° 02 du 01/02/2020

 

CFAO

Nicolas PITON  

Ce cas clinique simple, réalisé en collaboration avec Julie Martinez comme prothésiste dentaire au sein de notre structure, a pour objectif de montrer une alternative entre le « tout CFAO directe » et le tout CFAO semi-directe ou encore indirecte. En effet, l'existence de logiciels simples de manipulation et très ergonomiques, utilisables par le praticien en cabinet, peut augmenter radicalement la qualité du résultat clinique et la communication avec le laboratoire au même titre...


Ce cas clinique simple, réalisé en collaboration avec Julie Martinez comme prothésiste dentaire au sein de notre structure, a pour objectif de montrer une alternative entre le « tout CFAO directe » et le tout CFAO semi-directe ou encore indirecte. En effet, l'existence de logiciels simples de manipulation et très ergonomiques, utilisables par le praticien en cabinet, peut augmenter radicalement la qualité du résultat clinique et la communication avec le laboratoire au même titre que la démocratisation de l'empreinte optique.

Cas clinique

Un patient de 55 ans, sans antécédents médicaux, vient consulter pour un édentement de la 35. La 37 est absente et le patient ne souhaite pas la remplacer.

Décision thérapeutique

Le patient ne souhaite pas de chirurgie implantaire ni de prothèse amovible.

Le traitement proposé, après une rapide étude du cas, sera d'effectuer un bridge avec inlay sur la 34 (pour limiter le délabrement de cette dernière) et une couronne périphérique sur la 36.

Nous nous orienterons vers une dentisterie avec une chaîne numérique particulière. En effet, la modélisation sera effectuée directement par le praticien, puis toute la fabrication sera effectuée dans un laboratoire in situ par un prothésiste, permettant ainsi de passer du monde virtuel de nos écrans au monde réel de nos patients !

Étapes cliniques

Étape 1

Anesthésie et préparation coronaire périphérique de la 36 avec fraise à épaulement. La limite sera délibérément située en juxta- et supra-gingivale pour faciliter la prise d'empreinte numérique et éviter la pose d'un fil de rétraction gingivale. La prémolaire sera préparée à l'aide d'une fraise à onlay.

Étape 2

Prise d'empreinte optique à l'aide d'un scanner intra-oral. Dans ce cas, ce sera le WOW® de chez Biotechdental qui sera utilisée (fig. 1).

Étape 3

Pose d'une prothèse provisoire par méthode d'isomoulage.

Étape 4

Téléchargement des données en format .ply dans la station de design ordinateur supportant le logiciel de chairside. Celui qui sera utilisé dans ce cas sera celui de Dentalwings.

Le téléchargement peut se faire via le réseau wifi local lorsqu'on utilise le scanner intra-oral correspondant au logiciel de chairside de Dentalwings, ou via clé USB si un autre scanner intra-oral est utilisé, ce qui sera ici le cas.

Une fois la création de la commande effectuée (fig. 2 et 3) et les fichiers chargés vérifiés (fig. 4), nous pourrons passer à l'étape suivante.

Étape 5

Étape d'analyse et de nettoyage des empreintes (fig. 5).

Nous pourrons, à cette étape, examiner précisément les empreintes effectuées.

Le praticien aura à sa disposition une partie non négligeable d'outils similaires au logiciel de laboratoire, ainsi cette étape peut être très utile dans la courbe d'apprentissage, par exemple pour aider à comprendre le bien-fondé de la qualité de prise d'empreintes, surtout dans le monde virtuel.

Étape 6

Positionnement spatial des fichiers (fig. 6) en vue occlusale, frontale et sagittale.

Étape 7

Tracé des limites des préparations (fig. 7). Il y aura différentes approches pour effectuer sereinement ce tracé.

Étape 8

Choix des axes d'insertion de la prothèse (fig. 8), paramétrables selon le type d'usinage par exemple, choisis automatiquement ou par projection du point de vue choisi.

Étape 9

Étape de programmation de la « tooth chain », algorithme propriétaire du logiciel utilisé, permettant, en fonction des zones anatomiques présentes, de pouvoir obtenir une proposition anatomie « automatique idéale » de la pièce prothétique à construire, en fonction de l'anatomie, du couloir prothétique, de l'occlusion... (fig. 9 et 10).

Étape 10

Étape d'analyse de la proposition (fig. 11 à 13), et des modifications, voire du remodelage complet, (fig. 14) de l'anatomie grâce aux outils de modélisation 3D à disposition prévus à cet effet.

Étape 11

Examen et lissage d'imperfections éventuelles (fig. 15), avant transformation en fichier type .STL (fig. 16), qui pourra être exploité au laboratoire pour l'étape de fabrication.

Dans ce cas, le matériau utilisé sera de la céramique de type zircone.

Nous aurions pu également, en utilisant d'autres matériaux, choisir un trajet de CFAO purement directe, avec l'utilisation d'une usineuse au sein du cabinet, après une étape supplémentaire, possible dans le même logiciel, de positionnement de l'anatomie dans le bloc d'usinage utilisé (nous ne développerons pas cette possibilité ici).

L'impression 3D de type SLA pourrait être aussi exploitée pour fabriquer une restauration provisoire, en attendant l'émergence d'autres matériaux pressentis dans le monde dentaire, et ce dans un futur proche.

Étape 12

Fabrication au laboratoire (fig. 17) et obtention d'un résultat clinique optimal (fig. 18 et 19) : un équilibre entre la vision et l'expertise clinique du praticien et l'expérience du prothésiste dans le conseil, la qualité de fabrication et la sensibilité esthétique, afin d'effectuer plus sereinement le passage du « monde virtuel » au monde réel clinique, sécurisant ainsi grandement le résultat clinique final pour le patient.

Conclusion

Nous avons voulu montrer au travers de ce cas clinique que la « chaîne numérique » peut être construite de différentes manières. L'ergonomie peut être personnalisée selon les sensibilités et les possibilités de chacun(e) au sein des cabinets et des laboratoires.

Une chose est certaine : nous allons vers une « simplification » et une fluidification de la communication interdisciplinaire pour obtenir des résultats qualitatifs en constante augmentation, le tout sur un fond de sauvegarde du travail effectué – point qui s'avérera crucial dans un futur très proche. Le numérique est en cours de passage à « l'âge adulte », si on peut dire, ouvrant bientôt la porte à bien d'autres problématiques connues et inconnues.