Boule ou barre pour les prothèses mandibulaires supra-implantaires ?
 

Les cahiers de prothèse n° 112 du 01/12/2000

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

Cette étude a pour but d'évaluer l'environnement péri-implantaire autour de 2 implants Astra® posés à la mandibule afin de retenir une prothèse supra-implantaire. Ces 2 implants supportent soit des attachements boule, soit une barre. Le choix du système est déterminé par tirage au sort (randomisation).

L'étude évalue aussi les besoins de maintenance des 2 systèmes sur une période de 5 ans. Après 5 ans, aucun...


À RETENIR :

Cette étude a pour but d'évaluer l'environnement péri-implantaire autour de 2 implants Astra® posés à la mandibule afin de retenir une prothèse supra-implantaire. Ces 2 implants supportent soit des attachements boule, soit une barre. Le choix du système est déterminé par tirage au sort (randomisation).

L'étude évalue aussi les besoins de maintenance des 2 systèmes sur une période de 5 ans. Après 5 ans, aucun des implants mis en charge n'a été perdu. Les pertes osseuses autour des implants sont équivalentes dans les 2 groupes (0,2 mm avec SD = 0,8).

L'environnement muco-gingival est comparable. Les complications ou réparations sont plus nombreuses avec le système de barre, surtout la première année. La dépose des piliers pour visser le dispositif de prise de radiographie entraîne de nombreux incidents (perte de pilier ou d'attachement).

Pourquoi ?

De nombreuses études ont montré que les prothèses supra-implantaires (PSI) sont un moyen efficace de traitement des édentements mandibulaires. Les taux de survie varient selon les études entre 94 et 100 % à 5 ans, les pertes osseuses marginales sont faibles (0,6 mm à 5 ans) et les patients sont très satisfaits de leur PSI. Un rapport à 5 ans montre que les overdentures (PSI) nécessitent moins de maintenance et présentent moins de complications que les prothèses fixées sur implants. Des études prospectives montrent de bons résultats avec seulement deux implants. Le but de cette étude est de comparer les conséquences sur la zone péri-implantaire de l'utilisation de barre ou de boule comme moyen de rétention de PSI. L'évaluation des besoins de maintenance des deux systèmes est aussi réalisée après 5 ans.

Comment ?

Les critères d'inclusion étaient les suivants : édentés bimaxillaires depuis plus de 5 ans avec des problèmes de rétention de la prothèse mandibulaire ; hauteur osseuse d'au moins 10 mm dans la région symphysaire ; bonne santé et motivation pour le traitement.

Le groupe d'étude comportait 26 patients (21 femmes, 5 hommes) d'âge moyen 64 ans (52-78) au jour de la pose des implants. Tous les patients ont reçu de nouvelles prothèses maxillaire et mandibulaire environ 3 mois avant les implants. D'octobre 1988 à juin 1990, les 26 patients ont reçu chacun 2 implants Astra® de 3,5 mm de diamètre dans les régions canines. Les piliers transgingivaux ont été placés entre 3 et 9 mois après. Le choix du système d'attachement (barre ou boule) des PSI a été fait par tirage au sort. Une barre a été réalisée sur 11 patients, et des attachements boule ont été placés sur 15 patients. Une hygiéniste vérifiait l'hygiène des patients au moins tous les trois mois après la mise en place des PSI. L'environnement autour des implants était évalué tous les 6 mois. Les complications et réparations pendant les 5 ans étaient enregistrées et classées en 3 groupes : le groupe lié aux procédures de prise de radiographies, celui lié au groupe « barre » et celui lié au groupe « boule ». Des dispositifs porte-films étaient vissés sur les implants après dépose des piliers pour obtenir des clichés superposables. Le niveau osseux était évalué en mésial et en distal de chaque implant.

Les 26 patients retenus représentent-ils tous les patients qui remplissaient les critères d'inclusion ? L'attribution du traitement par tirage au sort est un bon moyen de randomisation. Les 12 fumeurs ne sont pas répartis équitablement (un seul avec une barre).

Et alors ?

Un implant a été retiré au stade II et remplacé par un nouvel implant. Un patient du groupe « boule » est décédé 2 mois avant l'évaluation des 5 ans. Aucun implant n'a été perdu entre la pose des attachements et l'évaluation à 5 ans.

L'indice de plaque, l'indice gingival et les profondeurs de sondage ne présentaient pas de différences statistiques entre les deux groupes. Cependant, trois patients avec barre présentaient des hyperplasies qui ont nécessité une chirurgie péri-implantaire. Les niveaux osseux étaient comparables dans les deux groupes. Durant la première année, le nombre de réparations ou de complications a été beaucoup plus important pour le groupe « barre » (24/11) que pour le groupe « boule » (3/15). Les années suivantes, les différences n'étaient pas significatives.

Le nombre total de réparations ou complications est important dans cette étude à 5 ans (180) par rapport aux études similaires. Les procédures de dépose des piliers pour prise de radiographies en représentent une part non négligeable (79 cas). Les rebasages ou réfections de la prothèse antagoniste sont plus fréquents avec les barres (8/11) qu'avec les boules (5/15).

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