Restaurations unitaires sur implant de large diamètre en place de molaire mandibulaire : mise en charge immédiate possible
 

Les cahiers de prothèse n° 143 du 01/09/2008

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La perte des molaires mandibulaires représente une situation clinique fréquente. Leur remplacement par des implants est une solution de choix en cas de présence de dents adjacentes saines ou peu restaurées. La largeur de l’édentement incite au recours à des implants de large diamètre pour favoriser une stabilité mécanique de la reconstruction prothétique. L’expérience initiale avec des implants usinés a montré des taux d’échecs plus élevés et des...


Pourquoi ?

La perte des molaires mandibulaires représente une situation clinique fréquente. Leur remplacement par des implants est une solution de choix en cas de présence de dents adjacentes saines ou peu restaurées. La largeur de l’édentement incite au recours à des implants de large diamètre pour favoriser une stabilité mécanique de la reconstruction prothétique. L’expérience initiale avec des implants usinés a montré des taux d’échecs plus élevés et des résorptions osseuses marginales plus importantes qu’avec les implants de diamètre standard à la mandibule. Ces résultats ont été attribués à une courbe d’apprentissage d’une technique chirurgicale différente et au fait que ces implants larges étaient souvent utilisés comme implants de « secours » dans des situations compliquées. Les modifications de la technique de préparation du site et de la surface de l’implant ont amélioré le succès clinique. Les mises en charge immédiates sont courantes dans les édentements complets mandibulaires et aussi maxillaires. Pour les édentements unitaires ou partiels en postérieur, il existe peu de données dans la littérature. L’objectif de cette étude est de comparer, de façon randomisée, l’utilisation d’un implant de large diamètre pour remplacer une molaire mandibulaire soit de façon immédiate, soit de façon différée.

Comment ?

Tous les patients qui nécessitaient le remplacement d’une molaire mandibulaire à l’université de Bologne entre 2002 et 2004 ont été sollicités pour participer à l’étude. Les critères d’inclusion et d’exclusion sont décrits. Un implant Nobel Biocare (MK-III TiU) a été placé chez chaque patient. Le choix de la technique (immédiate ou différée) a été fait par table de randomisation. Les implants mis en charge immédiatement ont reçu une prothèse provisoire vissée dans les 24 heures. La prothèse provisoire était en occlusion statique, mais les contacts en latéralité étaient éliminés. Pour les implants avec mise en charge différée, un pilier de cicatrisation a été vissé 3 à 4 mois après la pose de l’implant. Les restaurations définitives céramo-métalliques étaient vissées ou scellées. Les critères de suivi et de succès sont définis, l’analyse statistique décrite.

Et alors ?

Au total, 30 patients ont été traités consécutivement, 15 dans chaque groupe. Aucun patient n’a été perdu de vue sur les 2 ans. Un implant de 10 mm inséré avec un torque de 50 N/cm a été perdu dans le groupe « immédiat » et aucun implant n’a été perdu dans le groupe différé. L’implant déposé était mobile après 3 semaines. Il a été remplacé, avec succès, après 8 semaines de cicatrisation. Tous les patients ont reçu à la fin de l’étude les restaurations prévues initialement. Les pertes osseuses sont significativement plus faibles avec la mise en charge immédiate (0,77 ± 0,38 mm) qu’avec la mise en charge différée (1,2  ± 0,55 mm). Il n’y a pas d’influence du type de prothèse (scellée/vissée) sur la perte osseuse.

À RETENIR :

La nécessité de remplacement d’une molaire mandibulaire est une situation clinique fréquente. Le recours aux implants est de plus en plus développé dans cette indication. Les résultats initiaux avec des implants usinés n’étaient pas aussi bons que dans les situations mandibulaires antérieures. Les recours à des techniques chirurgicales adaptées et à des surfaces implantaires modifiées ont amélioré les taux de succès. Le développement de la mise en charge immédiate pour les édentements complets est aujourd’hui bien documenté. Pour les édentements partiels ou unitaires postérieurs à la mandibule, il manque encore des informations. Cette étude compare, de façon prospective et randomisée, un protocole avec mise en charge immédiate d’implant MK-III TiU de large diamètre au protocole standard différé. Au total, 15 patients ont été traités dans chaque groupe. Un seul implant a été perdu dans le groupe « immédiat ». Les résultats montrent que la mise en charge immédiate d’implant de large diamètre peut être une option clinique pour remplacer une molaire mandibulaire. La perte osseuse marginale enregistrée est significativement plus faible dans le groupe « immédiat ». Un échantillon de patients plus large serait souhaitable pour renforcer la puissance des conclusions.